Inflation : c'est en Espagne, en Italie et au Portugal que les effets sont les plus fortement ressentis en Europe

Par latribune.fr  |   |  766  mots
Plus d'un Européen sur trois (35%) indique « manger moins que par le passé ». Le pourcentage est plus élevé en France, où il atteint 41%. (Crédits : Reuters)
Au sein de la zone euro, l'inflation « semble être plus fortement ressentie » par les habitants des pays du sud de l'Europe, selon une étude menée en novembre 2023 par l'observatoire Cetelem de la banque française BNP Paribas, avec Harris Interactive. Et bien que moins forte qu'il y a un an, elle reste la première préoccupation des Européens.

Il y a le taux effectif de l'inflation et le taux ressenti. Il arrive en effet que les consommateurs aient le sentiment que leur pouvoir d'achat recule sans que cela soit le cas effectivement, en raison notamment de la hausse croissante des dépenses contraintes depuis de nombreuses années, comme le coût du logement.

Selon une étude menée en novembre 2023 par l'observatoire Cetelem de la banque française BNP Paribas, avec Harris Interactive, c'est au Portugal, en Italie et en Espagne que l'inflation « semble être plus fortement ressentie » en Europe. « Au Portugal, en Italie et en Espagne, les habitants sont respectivement 81%, 65% et 65% à juger que les prix ont 'fortement augmenté'» indique Cetelem dont l'étude s'est portée sur dix pays (l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, l'Italie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Suède).

L'inflation, la préoccupation la plus importante pour 87% des Européens

Autre enseignement, « même si l'inflation est moins forte qu'il y a un an, elle reste un sujet de préoccupation majeur pour tous les Européens : pour 87% d'entre eux, c'est la préoccupation la plus importante devant la situation géopolitique internationale (83%) », note l'observatoire.

Les derniers chiffres ne devraient pas inverser la tendance. Si l'inflation a connu un léger reflux dans la zone euro en janvier, à 2,8% sur un an, après 2,9% en décembre, elle demeure au-dessus de l'objectif de 2% que se fixe la Banque centrale européenne (BCE). L'Italie (0,9%), la Lettonie (1%), la Lituanie (1%) et la Finlande (0,7%) ont enregistré le taux d'inflation le plus faible en janvier parmi les 20 pays partageant la monnaie unique. De son côté, l'Autriche (4,3%) a vu les prix augmenter moins rapidement, mais connaît toujours l'une des inflations les plus élevées de la zone euro, avec l'Estonie (5%) et la Croatie (4,8%).

En France, l'inflation a connu un rebond en décembre, la hausse des prix s'étant établie à 3,7% sur un an, selon l'Insee, contre 3,5% de novembre, ce qui s'explique par un rebond des prix de l'énergie.

Plus un Européen sur trois dit « manger moins que par le passé »

Flavien Neuvy, économiste chez BNP Paribas Personal Finance, relève auprès de l'AFP que la baisse de l'inflation et la remontée des taux « incitent les Européens à davantage épargner ». « Ils sont 53% à vouloir mettre plus d'argent de côté en 2024 contre 51% l'an passé ».

De manière générale, l'observatoire met en évidence « l'impérieuse nécessité » pour de nombreux ménages de « faire attention » à leur budget, y compris les classes moyennes.

En outre, plus d'un Européen sur trois (35%) indique « manger moins que par le passé ». Le pourcentage est plus élevé en France, où il atteint 41%.

« S'il y a un côté positif », observe néanmoins Flavien Neuvy, « c'est que le gaspillage alimentaire a été, si on peut dire, victime de cette forte inflation des produits alimentaires ». 83% des personnes interrogées déclarent, en effet, avoir réduit ce phénomène, une tendance encore plus marquée en France (87%).

Fabien Roussel (PCF) a appelé samedi à une indexation des salaires et des retraites sur l'inflation

Face au constat des conditions de l'inflation sur le pouvoir d'achat et le quotidien des ménages en France, Gabriel Attal a reçu, samedi, une délégation de responsables communistes et de travailleurs afin d'apporter des témoignages de personnes frappées par la vie chère. Mais ils se sont dits déçus par les annonces faites en retour par le cabinet de Gabriel Attal qui leur a rappelé qu'un rapport sur les salaires, confié à deux économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer, serait remis aux services du Premier ministre « d'ici à l'été ». En tout cas, « dans les 6, 7, 8 mois qui viennent, on ne verra rien venir », a déploré le communiste, Fabien Roussel, appelant à une indexation des salaires et des retraites sur l'inflation, et qu'à minima les factures d'électricité et les franchises médicales n'augmentent pas.

Le 22 janvier, l'exécutif a, en effet, acté le doublement des franchises médicales pour « fin mars ». « Le gouvernement engage les consultations » nécessaires, et « les nouveaux montants des franchises et des participations forfaitaires devraient entrer en vigueur » fin mars pour la partie franchises et « d'ici début juin » pour le reste, ont ainsi indiqué Bercy et le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités dans un communiqué commun.

Pour rappel, l'exécutif entend passer cette somme, qui est déduite des remboursements effectués par la Caisse Primaire d'Assurance maladie (CPAM), de 50 centimes sur une boîte de médicaments actuellement à 1 euro.

(Avec AFP)