JO Paris 2024 : quelles sont les chances de Budapest ?

Par Fabien Piliu  |   |  644  mots
La politique menée par Viktor Orban, le Premier ministre hongrois est-elle compatible avec les valeurs olympiques ? Le Comité international olympique (CIO) devra trancher.
La capitale hongroise fait figure d’outsider face à Paris et Los Angeles pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

Après les abandons de Rome, Boston et Hambourg, elles ne sont plus que trois. Pour organiser les Jeux olympiques et paralympiques en 2024, seules trois villes concourent et s'affrontent : Paris, Los Angeles et Budapest.

Face aux deux poids lourds que sont Paris et Los Angeles, Budapest fait figure d'outsider, voire de simple figurante. Bien sûr, tant que les dés ne sont pas jetés, tant que le nom de la ville hôte des Jeux qui succéderont à ceux de Tokyo n'est pas connu, les chances de la capitale hongroise ne sont pas nulles. Toutefois, plusieurs éléments viennent fragiliser sa candidature.

Un projet à monter de toutes pièces

Tout d'abord, sur le plan des infrastructures, Budapest part d'une page blanche ou presque. Sur la page d'ouverture du site Internet du comité d'organisation Budapest 2024, un petit film résume assez bien la situation actuelle du projet. Il met en scène un skate-boarder qui virevolte sur un trottoir ainsi qu'un tandem de rameuses qui part à l'assaut du Danube. C'est tout. Pour en savoir plus sur les sites de compétition, il faut faire un voyage dans le futur. Sur ce site, le comité d'organisation précise en effet les équipements qu'il faudra construire pour accueillir les Jeux.

Contenir les prix, pour éviter l'hémorragie des candidatures

Dans un passé récent, une ville, en dépit d'équipements lacunaires, pouvait remporter la mise. Ce fut le cas à Pékin en 2008, à Londres en 2012, à Sotchi en 2014 et à Rio de Janeiro en 2016. Attribués à Tokyo, les Jeux de 2022 coûteront également très cher en raison des investissements nécessaires. Or, le Comité international olympique (CIO) veut désormais contenir le coût de cet événement, et ce, pour une raison simple : les candidates se font de plus en plus rares. Les retraits de Boston, Rome et Hambourg ne s'expliquent pas autrement : lorsqu'ils furent consultés, les citoyens de ces villes se sont opposés à cette initiative, pour éviter d'avoir à payer, via une hausse des impôts, une facture... olympique.

De fait, que ce soit à Paris, Los Angeles ou Budapest, le débat au sein de la société civile reste vif sur ce sujet.

La politique ultra-conservatrice de Viktor Orban fait tache

Un autre élément est également à prendre en compte : la politique ultra-conservatrice menée par Viktor Orban, le Premier ministre hongrois. Depuis le début de la crise migratoire provoquée par les combats en Irak et en Syrie, celui-ci multiplie les prises de position et les mesures contre les réfugiés. Dans un entretien accordé en septembre 2015 au quotidien britannique The Guardian, il a présenté les musulmans comme un danger pour la civilisation européenne. Au regard de ces déclarations, on serait étonné que Budapest puisse représenter les valeurs de l'olympisme, même si, comme l'explique un expert, "certaines décisions du CIO ont heurté par le passé", citant le choix de Pékin pour les jeux d'été en 2008 et d'hiver en 2020, ainsi que celui de Sotchi en 2014. "Les droits de l'homme ne sont pas toujours respectés en Chine et en Russie", poursuit ce fin connaisseur de l'institution de Genève.

Le choix des villes moyennes

Enfin, un dernier élément pourrait peser sur la candidature de Budapest. La capitale hongroise est une ville de taille moyenne. Si le CIO a pu porter son choix sur des villes de taille comparable, voire plus modestes pour l'organisation des Jeux d'hiver - ce fut par exemple le cas d'Albertville en 1992, de Lillehammer en 1994 ou de Sotchi vingt ans plus tard, elle a toujours désigné des villes importantes pour ceux d'été. Qu'elles soient des capitales ou non. Certes, si le CIO devait choisir Budapest, il donnerait des espoirs à de nombreuses villes moyennes. Mais il prendrait le risque de nuire au prestige de l'événement.