L'éventualité du Grexit divise au sein de la zone euro

Par latribune.fr  |   |  795  mots
Berlin envisage une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro, d'une durée de cinq ans.
Les ministres des Finances de la Zone euro ont transmis dimanche aux chefs d'Etat un document qui évoque noir sur blanc l'option d'une "sortie temporaire de la zone euro" de la Grèce, mais tous les ministres n'ont pas voté en faveur de cette proposition. La question du Grexit a été plusieurs fois abordée, notamment par l'Allemagne et la Finlande, mais plusieurs pays, dont la France et l'Italie, s'y opposent fermement.

Article publié à 11h10, mis à jour à 19h07.

"En cas d'échec à trouver un accord, la Grèce se verrait proposer de négocier rapidement une sortie temporaire de la zone euro, avec la possiblité de restructurer sa dette."

Un passage du texte de l'Eurogroupe qui s'est réuni dimanche 12 juillet à Bruxelles mentionne officiellement le Grexit, alors que la zone euro cherchait encore dans la soirée à parvenir à un accord. Indiqué entre crochet, la proposition n'a pas emporté l'adhésion de tous les ministres et il revient aux chefs d'État de la zone euro de trancher.

En coulisses, les prises de position quant à une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro se multiplient. Revue de détails.

Les pays qui l'envisagent

  • Sortie temporaire pour l'Allemagne

Selon un document qui a fuité samedi 11 juillet et détaille pour la première fois la forme que pourrait prendre un Grexi, Berlin envisage une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro, d'une durée de cinq ans, si le pays n'améliore pas ses propositions de réformes qu'elle juge insuffisantes. Un tel scénario irait de pair avec une aide humanitaire pour la Grèce d'une part et des mesures pour renforcer les fondements de la zone euro d'autre part.

"Seule cette solution permettrait une restructuration suffisante de la dette grecque, qui ne serait pas conforme à une appartenance à l'union monétaire", poursuit le document en date de vendredi, soumis après qu'Athènes a fait de nouvelles propositions de réformes.

Ce document n'a pas été discuté lors d'une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles. "C'est un papier de préparation interne", a souligné une source proche des discussions. "Ce qui se passe, c'est que l'on veut humilier la Grèce et les Grecs ou renverser le gouvernement Tsipras", a déclaré à la chaîne Mega TV Dimitrios Papadimoulis, qui est également vice-président du Parlement européen.

  • La Finlande veut négocier la sortie de la Grèce

Le ministre des Finances finlandais Alexander Stubb a été sommé samedi par le Parlement de son pays de négocier une sortie de la Grèce de la zone euro, a affirmé le soir même la télévision publique Yle.

Selon des sources proches de ces négociations citées par Yle, c'est le parti eurosceptique des Vrais Finlandais qui est à l'origine de cette manoeuvre. Arrivé deuxième aux élections législatives en avril, il aurait menacé de faire éclater la toute jeune coalition gouvernementale finlandaise. Son président Timo Soini, ministre des Affaires étrangères, répète depuis des mois que la Grèce résoudra ses problèmes économiques en abandonnant l'euro et en dévaluant sa monnaie.

Les pays qui l'excluent

  •  La Grèce doit rester, estime l'Italie

Dans un entretien accordé au journal Il Messaggero, le président du Conseil italien Matteo Renzi assure qu'il va demander au gouvernement allemand d'accepter un compromis et de ne pas humilier Athènes.

"Le bon sens doit prévaloir et un accord doit être trouvé. L'Italie ne veut pas que la Grèce sorte de la zone euro et je dis à l'Allemagne: ça suffit !"

"Maintenant que Tsipras a fait des propositions qui répondent aux demandes [des institutions] européennes, nous devons absolument parvenir à un accord", estime pour sa part Matteo Renzi.

  • Le "trait d'union" français

S'il ne s'est pas exprimé directement sur la sortie de la Grèce de la zone euro, le ministre français des Finances Michel Sapin a expliqué samedi avant le début des travaux de l'Eurogroupe que :

"La France (...) est un trait d'union et nous jouerons ce rôle de trait d'union jusqu'au bout pour apporter notre contribution à une réussite qui est indispensable à tous."

Le 8 juillet, le Premier ministre Manuel Valls avait déclaré qu'"une sortie de la Grèce de la zone euro (...) serait un aveu d'impuissance", promettant de défendre Athènes jusqu'au bout.

  • Des conséquences "fatales" pour le Luxembourg

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a mis en garde l'Allemagne contre une sortie de la Grèce de la zone euro dans une interview au journal allemand Süddeutsche Zeitung à paraître lundi 13 juillet.

"Ce serait fatal pour la réputation de l'Allemagne dans l'Union européenne et dans le monde si Berlin ne saisissait pas la chance que présentent les offres de réformes avancées par la Grèce. Si l'Allemagne pousse à un Grexit, cela provoquera un profond conflit avec la France. Ce serait une catastrophe pour l'Europe."

"La responsabilité de l'Allemagne est énorme", poursuit le chef de la diplomatie luxembourgeoise.

Aller plus loin Pourquoi la Grèce n'a pas intérêt à négocier le Grexit

(Avec AFP et Reuters)