La BCE renonce à durcir les conditions d'accès à la liquidité des banques grecques

Par Romaric Godin  |   |  354  mots
La BCE n'a pas durci les conditions d'accès à la liquidité des banques grecques.
La BCE aurait renoncé à instaurer une décote sur les collatéraux du programme ELA pour les banques grecques. Mario Draghi n'a pas voulu provoquer la rupture.

La BCE n'a pas osé. Selon Reuters, le Conseil des Gouverneurs de l'institution présidée par Mario Draghi n'a pas imposé de décote sur les collatéraux (produits déposés en garantie) demandés aux banques helléniques pour obtenir les prêts du programme d'aide à la liquidité d'urgence (ELA). Selon le New York Times de ce mercredi 22 avril, une décote de 50 % avait été décidée.

>>Lire: Grèce : à quoi joue la BCE ?

En réalité, il est probable qu'une telle proposition ait eu lieu, sans qu'elle n'ait été retenue par le Conseil. Bien au contraire, la BCE a décidé d'augmenter de 1,5 milliard d'euros l'enveloppe de l'ELA réservée aux banques grecques pour l'élever à 75,5 milliards d'euros.

La BCE recule devant la rupture

Bien loin donc de durcir le ton, la BCE reste en retrait et renonce à exercer une forte pression sur Athènes. Les négociations devraient donc se poursuivre pendant les prochaines semaines, le gouvernement grec ayant annoncé disposer d'assez de fonds pour tenir jusqu'à fin juin. En imposant une décote supplémentaire sur les collatéraux, la BCE prenait un risque considérable, celui de précipiter la crise en « asséchant » rapidement les réserves de collatéraux dont disposent les banques helléniques. C'était certes mettre la pression sur Athènes, mais c'était aussi prendre le risque de la rupture ou celle d'une inflation des dettes bancaires garanties par l'Etat forgées pour servir de collatéraux. La BCE confirme que, malgré tout, elle n'est pas disposée à une telle rupture.

Position des créanciers affaiblie

Ceci confirme que la position des créanciers de la Grèce n'est pas aussi forte qu'ils veulent bien le dire. Face à un gouvernement grec qui tient ses positions, les menaces de la BCE, comme les ultimatums de l'Eurogroupe semblent ne plus réellement être efficaces. Alexis Tsipras l'aura compris et sait désormais que, si le temps est compté, il l'est pour tous, pour lui, comme pour ses créanciers... Sa capacité de négociation en est clairement renforcée.