La Commission européenne éviterait de déposer son argent en Grèce

Par Romaric Godin  |   |  416  mots
La Commission européenne ne veut pas déposer ses fonds dans les banques grecques.
Selon une information du site grec thepressproject.gr, les services de Bruxelles limiteraient les transferts vers la Grèce, voire les éviteraient. La preuve qu'une taxe sur les dépôts devient inévitable ?

A quoi joue la Commission européenne ? Le site d'investigation hellénique thepressprojet.gr  a publié vendredi 3 juillet au soir un mail interne de la direction du budget de la Commission européenne qui gère notamment les salaires des fonctionnaires européens en Grèce. Cet email précise que la Commission a interdit pour le moment les paiements en Grèce supérieurs à 50.000 euros et réduit les autres. Pire même, le document laisse entendre qu'il est possible de procéder à des paiements sur des comptes étrangers.

Précaution coupable ?

Cette révélation a beaucoup choqué en Grèce et sur les réseaux sociaux. D'abord, parce qu'elle montre que la Commission ne fait aucun effort pour supporter le système bancaire grec. Au moment où ce dernier est sous la pression des retraits des déposants, la Commission, en théorie une incarnation de l'intérêt général européen, se comporte comme n'importe quel riche armateur soucieux de ne pas exposer ses fonds à un quelconque risque bancaire. Bref, c'est une preuve supplémentaire que la Grèce a commencé à se détacher de facto de la zone euro. Et que la Commission préfère faire le choix de l'intérêt de sa propre structure que de celui de la Grèce et de l'Europe.

Eviter le haircut ?

Mais, surtout, comme le souligne thepressproject.gr, elle met en doute la version « rose » d'une issue de la crise en cas de « oui » au référendum. Pourquoi la Commission évite-t-elle de s'exposer au risque grec bancaire ? A-t-elle connaissance du caractère inévitable d'une taxe sur les dépôts (haircuts), comme à Chypre ? Thepressprojet.gr avait révélé que Bruxelles connaissait ce qu'il allait se passer dans ce pays bien avant les événements de mars-avril 2013. Or, vendredi, le Financial Times a publié un article où une « source bancaire » prévoyait pour restructurer les banques un haircut de 30 % « au moins » sur les dépôts de plus de 8.000 euros. Puisque le plan d'aide et les 10,9 milliards d'euros qui restaient pour la recapitalisation des banques qui était dans ce plan ne sont plus disponibles depuis mardi 30 juin, il n'est pas certain qu'un « oui » dimanche permette d'éviter la taxe sur les dépôts compte tenu de la situation des banques helléniques. La Commission le saurait-elle déjà ? Dans ce cas, les propos de Jean-Claude Juncker appelant au "oui" prononcés lundi et vendredi pourraient être trompreurs.