Migrants : Frontex refuse de porter seule le chapeau

Par César Armand  |   |  414  mots
Fabrice Leggeri, directeur de l'agence européenne Frontex. (Crédits : FRANCOIS LENOIR)
"Le nombre de gens qui restent sur le territoire européenne en situation irrégulière ne cesse d'augmenter", prévient Fabrice Leggeri, directeur de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes qui appelle les Etats-membres à adopter des mesures fortes pour tarir le flux migratoire illégal.

« En 2015, 1,2 million de personnes sont entrées irrégulièrement dans l'Union européenne (UE). En 2018, fin juillet, nous en sommes à environ 75.000 entrées irrégulières. » Ce n'est pas une ONG qui le dit, mais le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, à la tête de l'Agence européenne des garde-côtes et des garde-frontières.
Dans une interview accordée aux journaux du groupe Ebra ce 23 août 2018, le Français déclare notamment qu'« il n'est plus question de laisser des Etats (membres de l'UE, ndlr) gérer seuls des situations de crise » avant d'ajouter presque aussitôt : « Les Etats-membres doivent prendre davantage de décisions effectives d'éloignement, qui soient mieux mises en œuvre. »

"Tous les arrivants sont enregistrés et contrôlés"

Sur le plan de la sécurité, Fabrice Leggeri assure ainsi que « tous les arrivants sont enregistrés et contrôlés avec des bases de données européennes et certaines bases nationales » tout en appelant les pays européens à davantage expulser de migrants illégaux :

« Le nombre de gens qui restent sur le territoire européenne en situation irrégulière ne cesse d'augmenter (...) si on continue ainsi, on envoie un message implicite aux migrants potentiels : tenter à tout prix de passer en Europe, car même si on est pris, on a toutes les chances d'y rester. »

Un nouveau système européen d'échange de données

Les institutions européennes devront y prendre leur part, explique encore le directeur de Frontex :

« L'Agence met au point un système informatique d'échange de données nommé Irma, qui dira en temps réel combien d'irrégulier d'un pays (...) vont avoir bientôt une décision effective d'éloignement de l'Union, ce qui nous permettra de planifier l'envoi d'un charter (...) Les Etats doivent aussi harmoniser leurs règles et procédures d'éloignement (...) Qu'une décision d'éloignement prise par un Etat de l'espace Schengen puisse être mise en œuvre dans un autre Etat. »

A neuf mois des élections européennes en France et dans les vingt-six autres pays membres - le Royaume-Uni en étant dispensé pour cause de Brexit -, le thème des migrations s'invite déjà dans les discours officiels de l'UE. Il y a donc fort à parier que les partis politiques au pouvoir ou d'opposition feront campagne sur ce thème, renvoyant cette responsabilité à la seule Union européenne, alors qu'à l'échelle de leur nation, beaucoup peuvent déjà agir.