Normes environnementales : après Macron, le premier ministre belge veut lui aussi une pause réglementaire

Par latribune.fr  |   |  738  mots
Le Premier ministre belge a emboîté le pas à Emmanuel Macron qui avait appelé le 11 mai dernier à une « pause règlementaire européenne » en matière environnementale. (Crédits : Francois Lenoir)
Le Premier ministre belge s'est déclaré partisan d'une « pause » règlementaire européenne sur les normes environnementales. Des propos déjà tenus mi-mai par le Président français. Pour Alexander De Croo, trop de règles empêcheraient l'UE de tenir ses objectifs de réduction des émissions de CO2. Il appelle justement à se focaliser là-dessus plutôt que de « tout faire en même temps ».

Deux semaines après le président français, c'est le Premier ministre belge qui s'est exprimé en faveur d'une « pause » réglementaire européenne sur les normes environnementales. Si l'essentiel du plan climat de l'UE a été adopté - avec notamment la réforme du marché carbone ou encore la fin des ventes de voitures à moteur thermique -, les négociations sont ardues pour d'autres textes clefs du « Pacte vert » européen sur la biodiversité, les pesticides, ou les émissions polluantes des élevages.

« Ce qu'il faut éviter maintenant c'est de surcharger la barque, en ajoutant aux objectifs d'émission de CO2, par exemple des nouvelles normes de dioxyde d'azote, de nouvelles normes liées à la loi de restauration du milieu naturel, de nouvelles normes dans le domaine de la biodiversité », a déclaré le dirigeant libéral flamand sur la chaîne de télévision néerlandophone VR ce mardi.

Une pause sauf pour la lutte contre le CO2

Le Premier ministre belge emboîte ainsi le pas à Emmanuel Macron. Ce dernier avait appelé le 11 mai dernier à une « pause réglementaire européenne » en matière environnementale, estimant que l'Union européenne avait fait « plus que tous les voisins » et qu'elle avait désormais « besoin de stabilité ». Car pour le Président français « l'UE est la mieux-disante réglementaire mais la moins-disante sur le financement ». « Maintenant il faut qu'on exécute. Il ne faut pas qu'on fasse de nouveaux changements de règles, parce qu'on va perdre tous les acteurs », avait-il encore plaidé.

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Un avis partagé par Alexander De Croo. Le dirigeant belge a dit redouter ce mardi « une situation où il y a tellement de règles que notre industrie ne peut plus les gérer (...) et alors nous ne tiendrons pas nos objectifs de réduction des émissions de CO2, car c'est l'industrie qui va devoir les mettre en œuvre ». Il s'est aussi inquiété du risque de « perdre l'élan qui existe actuellement pour faire face au changement climatique », et d' « un scepticisme généralisé ».

« Je demande d'appuyer sur le bouton pause, mais pas en ce qui concerne le CO2. Pour le CO2 nous devons garder notre ambition entière, mais pour les autres sujets je demande de regarder si c'est bien le moment de faire tout en même temps », a ajouté Alexander De Croo.

Les écolos vent debout

Comme les propos d'Emmanuel Macron, ceux d'Alexander De Croo ont suscité de vives réactions. Notamment du côté des écologiques. « Les déclarations d'Alexander De Croo sont hallucinantes. Je n'ai pas d'autre mot. L'érosion de la biodiversité est aussi préoccupante que le dérèglement climatique », a réagi sur Twitter Jean-Marc Nollet, coprésident du parti belge Écolo, partenaire de la coalition de d'Alexander De Croo.

« Si l'on veut garder une planète habitable, si l'on veut donner un meilleur avenir à nos enfants, pas question d'appuyer sur le bouton "pause" », considère l'écologiste.

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De son côté, la principale force politique au Parlement européen, le groupe PPE (droite) réclame « un moratoire » sur ces projets législatifs liés aux pesticides et à la restauration de la nature, s'alarmant d'un impact trop lourd pour les agriculteurs et de « menaces » pour la sécurité alimentaire.

Premier revers sur l'agriculture

Ce mardi d'ailleurs, la commission de l'agriculture du Parlement européen s'est prononcée contre l'un de ces textes clefs. Ce dernier vise à imposer aux États membres des objectifs de restauration des écosystèmes dans les zones terrestres et maritimes abîmées par la pollution ou l'exploitation intensive.

L'eurodéputée Anne Sander (groupe PPE, droite) a dénoncé une proposition qui revient selon elle à « sanctuariser 10% des terres agricoles à des fins non-productives ». « Dans le contexte général d'inflation massive, d'insécurité alimentaire mondiale et de crise énergétique, cette proposition est dangereuse et ne fera qu'accentuer la dépendance du continent européen à l'égard des importations », estime l'élue française. La commission pêche doit aussi donner son avis ce mercredi, et la commission de l'environnement, qui est la principale responsable du dossier, s'exprimera en juin, avant un vote en plénière.

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