Présidence du Conseil de l'UE : Emmanuel Macron dévoile ses priorités

Par latribune.fr  |   |  859  mots
Emmanuel Macron doit détailler, lors d'une conférence de presse, ses priorités pour l'UE. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
La France occupera la présidence du Conseil de l'Union européenne à partir du 1er janvier et pour six mois. Si Emmanuel Macron devrait faire de la relance économique et de la souveraineté européenne ses priorités de ce mandat tournant, la campagne présidentielle française pourrait bien percuter son champs d'action.

Relance économique, environnement, puissance militaire, appartenance à l'Europe. Ce sont les grands thèmes que devraient défendre la France lors de sa présidence du Conseil de l'Union européenne, à partir du 1er janvier 2022 et pour six mois. Une première depuis 2008. Le président de la République Emmanuel Macron doit détailler ce jour à l'Elysée, lors d'une conférence de presse, ses priorités pour l'UE. Il prépare cette conférence en échangeant avec les deux têtes de l'UE : la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen lundi, avant un déjeuner jeudi à l'Elysée avec le président du Conseil européen Charles Michel.

Régulation des Gafas

Alors qu'il était déjà l'un des moteurs du plan de relance post-Covid-19 de 750 milliards d'euros adoptés en 2020, le chef de l'Etat a déclaré que la relance économique est "nécessaire" en "réponse à la crise". Le dynamisme de la France, qui affiche de bonnes prévisions de croissance pour l'année 2021 - autour de 6,7% -, ce qui fait du pays le moteur économique de la reprise européenne - devrait permettre au chef de l'Etat de peser sur les négociations.

Emmanuel Macron devrait également se pencher sur la régulation des géants numériques, alors que la pression sur les Gafas s'accentue, notamment envers Google et Amazon, au sein de l'Union européenne. Les 27 pays membres ont adopté fin novembre, en moins d'un an, une position commune approuvant dans les grandes lignes le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA). Ces deux grands règlements se veulent aussi structurants que le RGPD pour les données personnelles, et se donnent l'ambitieuse mission de réinventer la régulation d'Internet et le droit de la concurrence à l'heure des multiples abus de position dominante des géants du numérique et en particulier des Gafam. Le président français pourrait jouer un rôle au sein du fameux trilogue, c'est-à-dire la négociation sur les textes finaux entre le Parlement, le Conseil et la Commission.

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La question du salaire minimum, adopté en début de semaine par le Conseil de l'Union européenne (qui regroupe les chefs d'Etat des 27 Etats membres), sera également surveillée de près. Cette avancée pour lutter contre le dumping social doit encore être adoptée par le Parlement. Des discussions vont s'enclencher au mois de janvier prochain, même si le Conseil a déjà annoncé qu'il n'était pas favorable à l'instauration d'un Smic européen. Concernant le volet climat, Emmanuel Macron souhaite faire avancer le "paquet climat" avec la taxation carbone. Et dans un contexte de flambée des prix de l'énergie, le chef de l'Etat pourrait également ouvrir le dossier sensible du marché unique de l'électricité. Pour rappel, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, l'avait jugé "obsolète et aberrant". "En France, on s'approvisionne en électricité à partir des centrales nucléaires [...] donc on a une énergie décarbonée et un coût très bas, mais le marché (...) fait qu'il y a un alignement des prix de l'électricité en France sur les prix du gaz", avait-il expliqué.

Puissance militaire et souveraineté

Le chef de l'Etat propose également de défendre le besoin de renforcer la puissance de l'UE en la rendant plus autonome, notamment militairement. Pour lui, "la souveraineté européenne renforce la souveraineté de la France", qui est mieux armée pour défendre ses intérêts dans le monde avec ses 26 partenaires que toute seule.

Les marges de manœuvre françaises seront toutefois limitées car si la présidence tournante permet de donner un élan à certaines priorités, il reste ensuite à construire des consensus à 27, ce qui n'est jamais aisé.

Conjuguer présidence de l'UE et campagne présidentielle en France

Reste une question et non des moindres : comment le chef de l'Etat va-t-il gérer sa présidence européenne alors que la campagne électorale française a débuté ? Alors qu'il n'est pas encore déclaré comme candidat, "la campagne viendra en temps et en heure", ne cesse pourtant de marteler Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, en défendant un chef de l'Etat "au travail" jusqu'à la fin du quinquennat.

La présidence française "peut demander beaucoup d'énergie" à Emmanuel Macron dans une période où il devra déjà gérer les affaires nationales tout en menant campagne, met en garde un responsable de la majorité. "J'espère que la présidence française ne va pas être un moment de communication de trois mois", a averti mardi le président LR de la commission des Affaires européennes du Sénat Jean-François Rapin.

Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro, les Français sont deux fois plus nombreux (32% contre 15%) à considérer que présider l'UE sera un atout plutôt qu'un handicap pour Emmanuel Macron et 63% assurent que les propositions des candidats sur l'Europe compteront dans leur choix de vote.

(avec AFP)