Sortie du QE : la croissance des salaires conforte la BCE

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  366  mots
Le coût horaire du travail a lui aussi continué à augmenter au deuxième trimestre, avec une hausse de 1,8% sur avril-juin après +1,4% au trimestre précédent.
La croissance des salaires au second trimestre enregistre sa plus forte hausse depuis deux ans. Peu après l'annonce, une membre du directoire de la BCE a pour la première fois appelé explicitement à une réduction du programme d'achat de dette, dit quantitative easing (QE).

Eurostat a dévoilé ce vendredi les statistiques sur l'évolution des salaires en zone euro, et les nouvelles sont plutôt bonnes. Après un gain de 1,3% au premier trimestre, les salaires ont augmenté de 2% sur les trois mois suivant, soit la plus importante progression depuis le début 2015. Le coût horaire du travail a lui aussi continué à augmenter au deuxième trimestre, avec une hausse de 1,8% sur avril-juin après +1,4% au trimestre précédent.

L'information conforte Francfort dans ses plans. Face à la pression des investisseurs, la BCE a consenti à un calendrier de sortie de son programme d'achat de dettes, dit d'assouplissement quantitatif (ou quantitative easing, abrégé QE en anglais), mais, par prudence, elle a préféré attendre le mois d'octobre pour en donner les détails. En effet, la faiblesse de l'inflation, résultant en grande partie d'une croissance insuffisante des salaires, ne l'invitait pas nécessairement à se séparer si vite de cet outil de politique monétaire. Les données d'Eurostat l'ont donc rassurée.

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"Il est temps de prendre une décision" sur la réduction du QE

D'ailleurs, après la publication des chiffres d'Eurostat, Sabine Lautenschläger, membre du directoire de la BCE, a explicitement indiqué qu'il était temps pour Francfort de réduire son programme d'achat de dettes. Il s'agit à ce jour de l'appel le plus explicite d'un responsable de l'institut d'émission en faveur d'une réduction du QE.

"La croissance vigoureuse conjuguée à une politique monétaire accommodante nous ramèneront à un taux d'inflation conforme à notre objectif", a-t-elle déclaré lors du forum financier Eurofi à Tallinn. "Il y a peu de doute à ce sujet. Par conséquent, il est temps de prendre une décision dès maintenant sur la réduction de nos achats d'obligations au début de l'an prochain."

La BCE a entamé ses achats d'obligations d'Etat en mars 2015, dans le cadre de son programme d'assouplissement quantitatif, censé relancer l'inflation, mais cette initiative, selon ses détracteurs, a surtout servi à créer des bulles, notamment dans l'immobilier et sur le marché obligataire.

(Avec Reuters)