Zone euro : forte baisse de l'inflation confirmée en novembre, l'objectif des 2% quasiment atteint

Par latribune.fr  |   |  767  mots
L'inflation s'affichait à 2,9% en octobre après 4,3% en septembre et 5,2% en août. (Crédits : Mathieu Thomasset / Hans Lucas via Reuters Connect)
L'agence européenne des statistiques Eurostat a confirmé, dans son estimation définitive publiée ce mardi matin, que l'inflation a ralenti à 2,4% sur un an, en novembre, soit une forte baisse par rapport aux mois précédents. Une dynamique encourageante puisqu'elle se rapproche de l'objectif de 2% de la BCE qui pourrait bien être amenée à baisser ses taux directeurs en 2024.

Les consommateurs européens vont retrouver le sourire. L'inflation en zone euro s'est établie à 2,4% en novembre sur un an selon les chiffres définitifs de l'agence de statistiques européenne Eurostat, publiés ce mardi, identiques à ceux de sa première estimation. Il s'agit d'un fort ralentissement de la dynamique des prix puisque cette dernière s'affichait à 2,9% en octobre après 4,3% en septembre et 5,2% en août.

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Baisse durable ou rebond à venir?

L'inflation se situe désormais bien loin du record atteint en octobre 2022 à 10,6%, plusieurs mois après le déclenchement du conflit en Ukraine qui a provoqué une flambée des prix de l'énergie. Et cette nouvelle est d'autant plus bienvenue qu'elle pourrait influencer les décisions à venir de la Banque centrale européenne. En effet, la dynamique des prix atteint presque l'objectif de 2% de la gardienne de la monnaie. La Banque centrale européenne s'attend désormais à des prix en hausse de 2,7% en 2024, 2,1% en 2025 et 1,9% en 2026 dans la zone euro.

A court terme en revanche, les avis divergent. Selon Patrick Artus, économiste et conseiller de la banque Natixis, interrogé par La Tribune fin novembre, à cause de l'effet de base sur les prix de l'énergie qui avaient fortement augmenté en 2022, un « regain d'inflation se profile et va empêcher l'institution de Francfort de baisser ses taux, contrairement à ce que croient les marchés financiers. » Si le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, n'exclut pas un rebond « technique » de l'inflation dans les prochains mois, « de l'ordre de quelques dixièmes de points », ce dernier a affirmé le 15 décembre que cela ne suffira pas à « casser cette tendance de fond à la désinflation ». « Il ne faut pas déclarer victoire trop tôt, mais dans ce combat contre l'inflation, nous marquons des points », s'est-il félicité.

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L'espoir d'une baisse des taux en 2024

Reste que l'optimisme est au beau fixe sur les futures décisions de la BCE. Pour rappel, cette dernière a laissé ses taux inchangés, pour la deuxième fois consécutive lors de sa réunion de décembre. L'institution monétaire poursuit ainsi sa pause après dix hausses d'affilée depuis juillet 2022. Le taux de dépôt, qui fait référence, reste donc à 4%, son niveau le plus haut depuis le lancement de la monnaie unique en 1999, tandis que le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal se situent respectivement à 4,50% et 4,75%.

Pour l'instant néanmoins, l'institution reste prudente et muette sur son scénario à venir. Christine Lagarde, la présidente de l'institution de Francfort avait assuré lors de sa dernière réunion ne pas avoir « discuté du tout de baisses de taux ». « Nous devons rester attentifs aux différentes forces affectant l'inflation et fermement concentrés sur notre mandat de stabilité des prix », avait-elle lancé plus tôt en décembre lors d'un discours à la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. Malgré cette ambiguïté, « les marchés ont écarté toute possibilité d'une nouvelle hausse et s'attendent désormais à ce que la première baisse intervienne en mars ou en mai 2024 », indiquait John Plassard, spécialiste des marchés chez la banque Mirabaud, plus tôt en décembre.

Cette confiance des analystes et économistes vient du fait que l'inflation diminue de pair avec la croissance ce qui pourrait finir de convaincre l'institution. Les nouvelles projections macroéconomiques de la BCE prévoient désormais une croissance de 0,6% en 2023 -contre 0,7% précédemment- puis 0,8% en 2024 et 1,5% en 2025 ainsi qu'en 2026.

D'ailleurs, au sein même de la Banque centrale, certains membres ont validé le scénario des analystes de marchés. « Le prochain mouvement de la BCE sera, sauf surprise, une baisse », a lâché le gouverneur de la Banque de France le 15 décembre. Une position pratiquement opposée à celle du gouverneur de la banque centrale slovaque, Peter Kazimir qui affirmait début décembre que tabler sur une réduction de taux dès le premier trimestre relevait de la « science-fiction ». Comme toujours, la BCE qui répète à tout va être « data dependant » (dépendante des données) attendra donc les prochains chiffres de l'inflation pour se décider.