Affaire BNP Paribas-Etats-Unis : les têtes commencent à tomber

Par Christine Lejoux  |   |  473  mots
Agé de 64 ans, Georges Chodron de Courcel, directeur général délégué de BNP Paribas, prendra sa retraite le 30 septembre 2014. REUTERS.
Georges Chodron de Courcel, directeur général délégué de BNP Paribas, sera déchargé de sa fonction le 30 juin. Les Etats-Unis, qui accusent la banque d’avoir violé un embargo économique américain, réclameraient également la tête de Vivien Lévy-Garboua, conseiller de la direction de BNP Paribas.

 Quarante deux années et puis s'en va. Georges Chodron de Courcel, l'un des trois directeurs généraux délégués de BNP Paribas, âgé de 64 ans, prendra sa retraite le 30 septembre. Mais ce haut dirigeant, pur produit de la première banque française, au sein de laquelle il a effectué toute sa carrière, sera déchargé de sa fonction dès le 30 juin, "à sa demande", ajoute BNP Paribas, dans un communiqué.

Officiellement, pour permettre à cet administrateur de sociétés cotées en Bourse, comme Alstom et Bouygues, de continuer à exercer ses mandats tout en respectant la nouvelle loi bancaire française, laquelle limite le nombre de mandats d'administrateur d'entreprises cotées pour les dirigeants d'établissements de crédit.

Un départ qui aurait été réclamé par le régulateur bancaire de New York

Mais, et bien que la banque n'en fasse nulle mention dans son communiqué, difficile de ne pas établir un lien entre le départ de Georges Chodron de Courcel et les démêlés de BNP Paribas avec la justice américaine. Pour mémoire, le département américain de la justice accuse la première banque de la zone euro d'avoir réalisé, entre 2002 et 2009, des transactions en dollar dans des pays soumis à un embargo américain, comme l'Iran et le Soudan.

Et pourrait, à ce titre, lui réclamer une amende record de 10 milliards de dollars, selon la presse américaine, et lui interdire d'exercer certaines opérations de règlement en dollar aux Etats-Unis. Or, la semaine dernière, des sources avaient confié à l'AFP et à l'agence Reuters que le régulateur bancaire de New York, Benjamin Lawsky, réclamait le départ de Georges Chodron de Courcel, dans le cadre du règlement de cette affaire.

Un pur produit de la première banque française

Entré à la Banque nationale de Paris (BNP) en 1972, Georges Chodron de Courcel avait participé à la construction du géant BNP Paribas, via la fusion des deux groupes en 1999. A la suite de quoi ce cousin de Bernadette Chirac, marié et père de trois enfants, avait pris la direction de la banque de financement et d'investissement du nouvel ensemble. Une activité qu'il avait continué à superviser après sa nomination comme directeur général délégué du groupe, en 2003.

 Le départ de Georges Chodron de Courcel ne devrait être qu'un début : selon le Wall Street Journal, les autorités américaines auraient également obtenu la tête d'un autre vétéran de BNP Paribas, Vivien Lévy-Garboua, aujourd'hui conseiller auprès de la direction générale, et qui était chargé de faire respecter la réglementation bancaire en Amérique du Nord de 2005 à 2008. Pile au moment des faits reprochés par la justice américaine à la banque.