Accès au crédit : femmes et étrangers victimes de discrimination

Par Delphine Cuny  |   |  383  mots
Jacques Toubon, le Défenseur des Droits, encourage les banques à renforcer la formation des chargés de clientèle et d'accueil en agences pour éviter ces discriminations dans l'accès au crédit.
Une campagne de tests menée en agences par la ville de Villeurbanne montre que les clients d'origine étrangère sont moins bien reçus et informés, et que les femmes peinent à obtenir un crédit à la création d'entreprise. Le défenseur des Droits, Jacques Toubon, préconise de renforcer la formation et la sensibilisation des personnels dans la banque.

Moins bien accueillis, moins pris au sérieux et moins bien servis : les clients d'origine étrangère et les femmes seraient victimes de discriminations dans les agences bancaires lorsqu'ils demandent un prêt. C'est la conclusion d'une campagne de tests menée par une association pour la ville de Villeurbanne dans une soixantaine d'agences (12 banques commerciales et mutualistes), dont les résultats ont été rendus publics ce jeudi en présence du Défenseur des Droits, Jacques Toubon.

"Ce test démontre l'existence de pratiques discriminatoires à la fois dans l'accès au prêt immobilier en lien avec l'origine des clients-demandeurs mais aussi dans l'accès au crédit à la création d'entreprise en lien avec l'origine ou le sexe des clients", a déclaré Jacques Toubon dans un communiqué.

Moins de simulations, moins d'informations

Les clients-testeurs "supposés comme d'origine subsaharienne" se voyaient demander plus fréquemment une pièce d'identité et refuser un rendez-vous, ils étaient parfois reçus à l'accueil, sans respect de la confidentialité, et obtenaient moins souvent une simulation de crédit immobilier, explique la synthèse de l'étude.

Dans le cas d'un prêt à la création d'entreprise, la discrimination liée à l'origine existe aussi mais une autre est apparue en fonction du sexe, "principalement dans l'accès à l'information sur les éléments financiers concernant l'offre de prêt."  Ainsi, "la créatrice d'entreprise 'femme supposée comme sans origine migratoire' a plus rarement obtenu une simulation de prêt", note l'étude.

Le Défenseur des Droits propose aux établissements bancaires des pistes pour prévenir ces "risques réels de discrimination à l'origine et au sexe" : il préconise notamment de renforcer la formation des chargés de clientèle et d'accueil dans les agences à la lutte contre ces pratiques, de rappeler l'interdiction de ces pratiques dans les codes de déontologie internes et enfin de sensibiliser le grand public à l'existence de cette discrimination dans l'accès au crédit.

La Fédération bancaire française (FBF) a critiqué "l'approximation de la méthode et la grande imprécision des résultats", le testing ayant été mené sur un petit nombre d'agences. Elle souhaite cependant rencontrer le Défenseur des Droits "pour établir un diagnostic précis et travailler ensemble sur les points d'amélioration".