Banque de France : deux ex-employés jugés pour vol de billets

Par Grégoire Normand  |   |  536  mots
Les deux agents, âgés de 58 et 59 ans et accusés de détournement de fonds publics, encourent une peine de dix ans d'emprisonnement.
Deux anciens salariés de la Banque de France doivent être jugés à partir de ce jeudi 15 décembre au tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand pour vol de billets de banque usagés d'une valeur estimée à plusieurs millions d'euros.

La papeterie de la Banque de France en Auvergne était loin d'être imprenable. Pendant plus de quatre ans, deux employés de la Banque de France auraient procédé à neuf détournements de fonds et volé des centaines de billets usagés. Selon des estimations de la Banque de France diffusées par France 3, le préjudice pourrait s'élever entre 3,4 millions et 7,4 millions d'euros. Mais des chiffres inférieurs ont été avancés par la défense dans le journal La Montagne qui a révélé l'affaire. Selon l'AFP, l'institution financière réclame le remboursement de 3 millions d'euros.

>> Lire aussi : 1,8 million d'euros détournés à la Banque de France

Des billets mystérieusement volatilisés

Tout commence en juillet 2014, lorsqu'une salariée repère un carton de huit kilos de billets de banque initialement destiné à la destruction et mis de côté afin d'échapper à la machine à broyer. L'employée en fait part à sa hiérarchie.

A la suite d'une enquête interne menée via l'observation des images de vidéosurveillance, la Banque de France dépose plainte à la gendarmerie de Vic-le-Comte. Le 12 septembre 2014, deux salariés sont mis en examen et écroués. Et leurs conjointes sont également mises en examen pour recel de vol aggravé.

Les perquisitions ont permis de mettre la main sur un sac de billets d'une valeur estimée à 1,3 million d'euros. Un autre sac de coupures d'un montant de 500.000 euros est retrouvés enterré dans un jardin. Une autre somme importante a également été brûlée dans une lessiveuse. En novembre, les deux salariés sont licenciés par la Banque de France pour faute grave. A la suite de l'enquête, les deux hommes sont soupçonnés de "détournement de fonds publics ou privés par une personne chargée d'une mission de service public." Selon le code pénal :

"Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public [...] de détruire, détourner ou soustraire un acte ou un titre, ou des fonds publics ou privés, ou effets, pièces ou titres en tenant lieu, ou tout autre objet qui lui a été remis en raison de ses fonctions ou de sa mission, est puni de dix ans d'emprisonnement et d'une amende de 1 000 000 euros, dont le montant peut être porté au double du produit de l'infraction."

Des dépenses somptuaires

Les enquêteurs ont épluché les dépenses et le train de vie des deux accusés. Selon des éléments rapportés par la Montagne, plusieurs dépôts d'espèces importants et des dépenses somptuaires ont été retrouvés : "Nouvelles terrasse et cuisine, piscine flambant neuve, voyages en Guadeloupe et en Martinique, acquisition de voitures luxueuses." Selon des informations du Journal du Dimanche, les deux hommes ont également commis des imprudences sur Facebook en partageant des photos de leurs vacances et de leurs grands crus bordelais.

Lors du procès, des précisions devraient être apportées sur les circonstances de ces vols et également sur les mesures de sécurité mises en place sur le site de l'institution financière comme le rappelle France Bleu.