Brexit : 4.000 jobs menacés chez Deutsche Bank à Londres

Par Delphine Cuny  |   |  405  mots
La Française Sylvie Matherat, directrice de la conformité de la banque allemande, s'est exprimée ce mercredi au sommet sur la finance à Francfort sur les conséquences du Brexit.
La banque allemande, qui emploie 7.000 personnes à la City, pourrait devoir délocaliser les fonctions de front office et de gestion du risque sur le continent. Des questions se posent aussi sur la compensation de dérivés, selon la directrice de la conformité.

A quelques jours de la signature par les dirigeants européens du texte qui servira de fondement aux négociations avec les Britanniques, dans lequel il est clairement écrit que l'accès au marché unique n'est pas garanti aux banques installées au Royaume-Uni post-Brexit selon Reuters, les institutions financières font leurs comptes. Au sommet de la Finance à Francfort ce mercredi, la directrice de la conformité et du contrôle interne de Deutsche Bank, la Française Sylvie Matherat, a confié les interrogations de la banque allemande qui emploie 9.000 personnes outre-Manche, dont 7.000 à Londres.

Cette ancienne de la Banque de France, membre du comité exécutif de Deutsche Bank, a chiffré à 4.000 environ les postes potentiellement menacés :

« Pour que les personnels du "front office" [les opérations de marché] puissent traiter avec un client de l'Union européenne, il faut qu'ils soient basés dans l'UE. Est-ce que cela veut dire qu'il faut déménager toute l'équipe de front office en Allemagne ? On parle de 2.000 personnes », a-t-elle observé, rapporte l'agence Bloomberg.

[Au Frankfurt Finance Summit ce mercredi, l'avenir de la finance post-Brexit était en débat. Au centre, Sylvie Matherat. Crédits : Deutsche Bank]

Le point d'interrogation de la compensation

Ce n'est pas tout : les fonctions de gestion du risque associées aux opérations de marché du "front office" pourraient être aussi concernées, soit 2.000 personnes de plus. Les activités de compensation des instruments dérivés peuvent-elles rester au Royaume-Uni ? La question se pose aussi estime Sylvie Matherat. Or environ 75% des volumes d'échange des dérivés libellés en euro sont aujourd'hui traités à Londres.

« Le jour où une grande banque considérera qu'il est trop tard pour attendre une décision du point de vue de ses processus internes et que ce sera trop coûteux de prendre le pari, elle décidera de tout déménager ailleurs » ,a-t-elle mis en garde, ajoutant : « Nous avons vraiment besoin de clarté. »

Si la compensation était concernée et devait être localisée impérativement dans l'Union européenne pour des questions de supervision, l'impact sur l'emploi pourrait être très lourd pour la City. Si l'institut Bruegel évalue plutôt entre 10 et 20.000 le nombre de jobs que Londres pourrait perdre, d'autre estimations tablent sur dix fois plus. Le patron du London Stock Exchange avait estimé qu'au moins 100.000 emplois liés à la compensation étaient menacés à cause du Brexit.