Brexit : l'assureur américain Chubb enclenche son transfert à Paris

Par Delphine Cuny  |   |  607  mots
Edouard Philippe avait reçu lui-même le Pdg de Chubb, Evan Greenberg (à droite) et le directeur juridique de l'assureur, Joseph Wayland (au centre).
Le géant de l'assurance vient d'adopter un statut européen lui permettant de préparer la domiciliation en France de sa filiale européenne au 1er janvier 2019. Bruno Le Maire s'en réjouit, mais l'entreprise ne communique toujours aucun chiffre d'emplois créés ou transférés.

Le Premier ministre Édouard Philippe avait reçu lui-même le Pdg de Chubb, Evan Greenberg, en septembre dernier, preuve de l'engagement du gouvernement bien décidé à attirer les entreprises financières contraintes d'organiser un plan de repli post-Brexit pour continuer à servir leurs clients du marché unique. L'assureur américain, qui a fusionné avec le groupe suisse ACE il y a deux ans et se présente comme « le premier assureur IARD [incendie, accidents et risques divers] coté en bourse au monde », avec une capitalisation de 62 milliards de dollars, a annoncé ce mardi 24 juillet avoir franchi « une étape réglementaire importante pour domicilier ses activités en France dans le cadre de son plan Brexit. »

Concrètement, ses filiales Chubb European Group Plc and ACE Europe Life Plc (de droit britannique) ont été converties en sociétés européennes (SE) le 19 juillet 2018, « ce qui permet à ces deux sociétés d'être domiciliées dans une autre juridiction de l'Union européenne (UE) - la France - et de poursuivre ses activités à la fois dans l'UE et au Royaume Uni à travers une succursale. » L'assureur avait auparavant reçu le 11 juillet l'autorisation du régulateur français, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR, adossée à la Banque de France) d'être domiciliées en France au 1er janvier 2019, sous réserve de certaines exigences administratives.

« Nous sommes ravis d'annoncer cette étape importante pour notre préparation au Brexit. Dès le départ, notre objectif principal a été d'assurer une transition sans heurts et d'offrir une sécurité et une continuité de service à tous nos clients et partenaires, quelle que soit notre localisation ou le résultat final des négociations sur le Brexit », a commenté le responsable régional de Chubb European Group, David Furby.

Et d'ajouter :

« À chaque étape du processus, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les régulateurs et les autorités françaises et britanniques, qui nous ont beaucoup aidés dans l'exécution de notre stratégie. »

Aucun chiffre sur l'emploi

Chubb a déjà sa future adresse européenne : la tour Carpe Diem à La Défense, où se trouvent notamment Thales, AstraZeneca, Verallia et Amazon Web Services.

Mais au-delà de cette domiciliation, de cette boîte aux lettres, quel sera l'impact en termes d'emploi ? Aucun chiffre n'a été communiqué sur le sujet. Déjà, en septembre dernier, le Pdg de l'assureur, qui emploie 31.000 personnes dans le monde, dont 3.600 en Europe, n'avait avancé aucune promesse. Chubb indique uniquement que, jusqu'au 31 décembre, ses filiales resteront domiciliées en Angleterre et resteront agréées et supervisées par les régulateurs britanniques.

Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est cependant réjoui :

« Chubb a fait un pas de plus, important, dans la relocalisation de son siège à Paris. Ils sont les bienvenus. Les réformes que nous faisons depuis un an commencent à porter leurs fruits. Nous rendons la France plus attractive et plus business-friendly », a-t-il déclaré.

L'impact des relocalisations en France d'emplois dans la finance liées au Brexit est resté encore modeste. L'association chargée de la promotion de la place, Paris Europlace, a dit s'attendre à 3.500 emplois directs créés ou transférés et un potentiel de 10 à 30.000 emplois indirects pour la région parisienne.

« En un an, nous sommes parvenus à faire revenir en France des investisseurs étrangers. À inverser une tendance, qui avait presque fait de notre pays un "épouvantail" à investisseurs. Désormais, la France attire. Les investisseurs reviennent », avait déclaré le Premier ministre à la mi-juillet devant un parterre de financiers lors d'un dîner organisé au Quai d'Orsay.