Monnaie numérique de banque centrale : la Banque de France franchit une étape clé pour l'euro numérique

Par latribune.fr  |   |  582  mots
(Crédits : Charles Platiau)
L'euro numérique semble en bonne voie. La Banque de France a réussi à valider l'interopérabilité entre différentes plateformes, une étape indispensable au fonctionnement de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pour les opérations interbancaires. Un deuxième volet va débuter pour tester des opérations transfrontières.

Jeudi 16 décembre, la Banque de France annonce avoir conclu "avec succès" ses neuf expérimentations relatives à une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) dans le cadre d'échanges interbancaires.

C'est une étape importante du projet sur l'euro numérique, lancé fin 2019 début 2020 par la banque centrale pour répondre au défi des monnaies numériques, publiques ou privées, susceptibles de supprimer une partie de la chaîne d'intermédiaires dans les transactions financières.

Alors que la banque centrale américaine se montre toujours réservée, la Banque centrale européenne (BCE) a souligné sa volonté de lancer plusieurs expérimentations de monnaie numérique, de "gros" (pour les transactions de gros montants), voire de détail. La Banque de France de son côté se focalise davantage sur la MNBC de gros.

Dans l'histoire des monnaies numériques, 2019 a marqué un tournant: c'est l'année qui a vu le bitcoin jouer aux montagnes russes passant de 4.000 à 7.000 euros en passant par un sommet à près de 11.000 euros, ou le géant des réseaux sociaux Facebook décidait de lancer sa propre cryptomonnaie, le Libra (devenu le Diem).

Face à ces coups de boutoir contre les monnaies étatiques, on voyait en avril dernier un gouverneur de la Banque d'Angleterre engager une réflexion sur une monnaie digitale de banque centrale.

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, avait déjà proposé fin 2019 un projet similaire, et à la BCE, Christine Lagarde lui emboitait le pas, jugeant l'idée très intéressante.

| Lire: Pourquoi la BCE veut lancer un euro digital ? Décryptage

Quant au gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dès février 2020, il avait annoncé lancer la réflexion avec un appel à projets, et quelques mois plus tard en mai, la banque centrale annonçait avoir réussi son premier test d'utilisation de "monnaie digitale de banque centrale" via la blockchain.

|Lire: Monnaie digitale, blockchain, IA... comment la Banque de France s'ouvre à l'innovation

Interopérabilité vérifiée

L'expérimentation à succès annoncée ce jeudi 16 décembre est une nouvelle étape qui a consisté en une émission de titres obligataires numériques, payés en monnaie numérique.

Elle a notamment permis de vérifier l'interopérabilité entre différentes plateformes, élément "indispensable pour faire coexister les multiples environnements sur lesquels repose le fonctionnement efficient des marchés", a déclaré Nathalie Aufauvre, directrice générale de la stabilité financière et des opérations à la Banque de France, citée dans le communiqué.

La Banque de France va cependant poursuivre ses tests avec un "deuxième volet (...) principalement centré sur les opérations transfrontières", précise également la banque centrale.

Tester la vitesse et les risques de l'utilisation d'un euro numérique

Ces tests ont pour objectif de cerner les apports, notamment de vitesse, et les risques de l'utilisation d'un euro numérique dans des échanges d'actifs financiers avec une technologie de registres distribués (DLT), à l'instar de celle qu'utilise le bitcoin.

L'institution avait annoncé ce projet d'expérimentation fin 2019, en réponse à des initiatives privées comme celle de Facebook - revue depuis à la baisse face à la levée de boucliers qu'elle avait suscitée.

En parallèle, la Banque centrale européenne a lancé en juillet un "projet pilote" censé durer deux ans et destiné à tester l'intérêt d'un euro numérique, mais accessible aux particuliers cette fois.