En 2023, les épargnants français ne se seront jamais autant intéressés à la Bourse

Par latribune.fr  |   |  726  mots
Selon le baromètre de l'AMF, 27 % des sondés ont indiqué leurs intentions de vouloir investir dans des placements en actions dans le 12 prochains mois. (Crédits : IMAGO/Westlight via Reuters Connect)
Après une forte baisse constatée en 2022, la proportion de Français se disant intéressés par des placements en actions a grimpé jusqu'à 32%, soit le pourcentage le plus élevé depuis la création du baromètre de l'épargne et de l'investissement réalisé par l'Autorité des marchés financiers, et ce particulièrement chez les moins de 35 ans. Paradoxalement, le niveau de connaissance des épargnants est, lui, en baisse par rapport à 2022, les exposants au risque d'arnaques.

Cette année, les Français se sont plus que jamais intéressés à la Bourse. C'est ce qui ressort de l'étude menée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) parue vendredi et qui atteste non seulement d'un regain de l'intérêt, mais aussi de la confiance dans les placements en actions.

Selon celle-ci, qui a interrogé 2.386 personnes, 32% d'entre eux se sont dits intéressés par ces produits. C'est le pourcentage le plus élevé depuis la création de ce baromètre de l'épargne et de l'investissement. En comparaison, il n'atteignait que 25% en 2022. En outre, 28 % ont indiqué avoir confiance dans ces placements en actions, contre 21 % en 2022. Et lorsqu'ils ont été interrogés sur le fait de savoir s'ils pourraient envisager de souscrire des placements en actions au cours des 12 prochains mois, 27 % des sondés ont indiqué leurs intentions de vouloir investir.

Le baromètre précise également que « les Français sont désormais 43 % à estimer que les placements en actions seront rentables dans les 5 prochaines années », contre 37 % l'an passé.

Déjà en début d'année, l'AMF indiquait que le nombre d'investisseurs particuliers actifs en bourse était reparti à la hausse lors du premier trimestre 2023.

« Après une forte baisse constatée en 2022, les épargnants sont plus nombreux en 2023 à envisager d'investir en actions, un regain d'intérêt porté notamment par les moins de 35 ans en 2023 », confirme donc le baromètre de l'AMF.

Cet attrait est, en effet, d'autant plus marqué chez les plus jeunes. Ainsi, les moins de 35 ans sont 43% à s'être intéressés aux actions cette année, soit 13 points de pourcentage de plus que l'année passée. Les jeunes sont également plus nombreux à accepter une petite part de risque et ce, à un niveau record de 48 % soit 10 points de plus qu'en 2022.

Un déficit de connaissances

Investir oui. Encore faut-il savoir dans quoi et comment. Or, l'étude du gendarme boursier français montre que les connaissances des épargnants concernant les marchés financiers n'ont pas progressé aussi vite que leur intérêt. C'est même l'inverse. Seulement 11% des personnes sondées ont bien répondu à trois questions sur des principes fondamentaux d'épargne, contre 12% en 2022.  Et la règle selon laquelle plus un placement rapporte, plus il est risqué, n'est connue que de 59% des Français interrogés, une proportion en baisse par rapport à 2022 (69%). Pourtant quatre personnes sur dix considèrent « s'y connaître en produits d'épargne et des placements financiers ».

En effet, selon une enquête réalisée par l'assureur allemand Allianz auprès d'un millier de personnes dans sept pays différents (Etats-Unis, Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni et Australie) et publiée en août dernier, un Français sur quatre (26%) n'aurait pas la culture financière nécessaire pour prendre des décisions éclairées. Et seulement 10% des Français interrogés auraient un niveau « élevé » en matière financière, soit deux fois moins qu'en Italie (18%). L'enquête soulignait, en outre, les écarts entre les hommes et les femmes qui persistent même s'ils se réduisent un peu en France. Ainsi, 29% des Françaises ont un faible niveau de connaissances financières, contre 22% pour les hommes quand c'est l'inverse en Allemagne. Comme le baromètre de l'AMF, l'étude d'Allianz pointait la faible connaissance des plus jeunes malgré leur forte exposition à des contenus concernant l'investissement en Bourse.

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15% victimes d'une arnaque

En conséquence, parmi les répondants à l'AMF, 15% ont dit avoir été victimes d'une escroquerie sur un placement financier. Un phénomène qui concerne plus fortement les moins de 35 ans qui sont 35 % à avoir dit être concernés, contre 6 % des 55 ans et plus.

De quoi inquiéter la présidente de l'AMF, Marie-Anne Barbat-Layani. « On ne peut qu'être frappé par le nombre de Français qui disent avoir été victimes d'une escroquerie financière : 15 %, et 35% chez les jeunes, c'est considérable ! », signale-t-elle, mettant « particulièrement en garde les plus jeunes contre les informations et offres qui circulent sur les réseaux sociaux, parfois relayées par des influenceurs ».

« Un investissement doit être mûrement réfléchi et il faut s'informer en lisant les documents réglementaires et en allant sur notre site web », précise-t-elle encore dans un communiqué.