Face à la pression des ONG, Axa prêt à ne plus assurer de nouveaux projets gaziers

Par latribune.fr  |   |  516  mots
Axa comme de nombreux acteurs de la finance et l'assurance veut montrer patte blanche sur son verdissement depuis plusieurs années. (Crédits : YVES HERMAN)
Après le pétrole, l’assureur français s'engage à ne plus assurer de nouveaux champs gaziers à partir de 2025, en dehors d’exceptions concernant des entreprises avec un plan de transition. Une mesure qui a pour but de verdir le bilan et l’image de marque de l’assureur et qui vient après de nombreuses critiques des Organisations non gouvernementales.

L'assurance se met au vert. Ou plutôt, elle essaye de se désengager progressivement du gris. C'est dans cette optique en tout cas que l'assureur français Axa a annoncé qu'il n'assurera plus, à quelques exceptions près, les nouveaux champs gaziers à partir de 2025, peut-on lire dans un document publié début juillet et repéré puis relayé ce vendredi par l'ONG Reclaim Finance.

Sollicité par l'AFP, le groupe a confirmé l'existence de cette modification, indiquant ne pas avoir souhaité communiquer dessus à l'époque. Cette nouvelle politique renforce également « les critères concernant le charbon ainsi que l'extraction d'énergies fossiles non conventionnelles », notamment sur des seuils d'exclusion, a ajouté l'entreprise. « Axa devient le dixième assureur à prendre un engagement en ce sens, mais va tout de même moins loin que certains de ses pairs », a jugé dans un communiqué Reclaim Finance. Sur le pétrole, le groupe avait promis en 2021 de ne plus assurer de nouveaux champs, sauf exceptions là aussi. Cette mesure prendra effet à partir du 1er janvier

Forte pression des ONG

Axa comme de nombreux acteurs de la finance et l'assurance veut montrer patte blanche sur son verdissement depuis plusieurs années pour améliorer leur image mais aussi et surtout pour calmer la colère des associations écologistes.

En février 2022, une quinzaine d'organisations non-gouvernementales (ONG) réunies sous la bannière « Insure our Future » avaient publié un rapport sur l'expansion pétro-gazière en Amazonie, où la responsabilité de plusieurs assureurs, dont Axa, était dénoncée. Début avril, sept ONG, dont Reclaim Finance et les Amis de la Terre en France, ont aussi épinglé les banques françaises dans leur dernier rapport « Banking on climate chaos ».

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En octobre dernier, la pression des ONG sur le secteur financier s'était même encore accrue quand Oxfam, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous ont assigné la BNP Paribas en justice en février, dans l'objectif de lui faire cesser de financer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Peu après une action en justice avait aussi été menée par Reclaim France toujours contre la première banque européenne.

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Une ambiguïté qui laisse la porte ouverte aux financements non durables

Engagement sincère ou greenwashing? Selon l'ONG écologiste, « Axa commence enfin à infléchir sa position pour tendre vers un alignement sur les faits scientifiques ». Néanmoins, Reclaim finance déplore que « des exceptions pourraient être accordées aux entreprises avec un plan de transition », selon la formulation de la nouvelle politique d'Axa.

« L'expérience a montré la lecture très souple d'Axa de ces plans, en votant encore cette année pour le plan dit climat de TotalEnergies qui continue d'ouvrir de nouveaux champs » et produira en 2030 plus d'énergies fossiles que ce qu'il faudrait pour respecter la trajectoire de l'Accord de Paris, a critiqué l'ONG. Peut mieux faire donc, pour les écologistes.

(Avec AFP)