La Chine ferme progressivement les activités de minage, le Bitcoin peut-il résister ?

Par latribune.fr  |   |  678  mots
Ces derniers mois, plusieurs provinces ont ordonné la fermeture des entreprises du secteur installées sur leur territoire. (Crédits : Dado Ruvic)
Selon plusieurs sources, l'Empire du Milieu a ordonné la fermeture des entreprises du secteur des cryptomonnaies installées dans plusieurs provinces. Alors que les échanges et la production mondiale reposent principalement sur les capacités énergétiques du pays, le cours du bitcoin pourrait bien avoir des difficultés à remonter la pente.

Le minage, ces calculs informatiques des ordinateurs en réseau, qui permet de fabriquer les cryptomonnaies, est-il menacé ? La Chine, pays qui réaliserait 65% des opérations de minage selon une carte établie par l'Université de Cambridge, vient en tout cas d'y apporter un sérieux coup de frein. Après une première interdiction donnée aux banques chinoises de vendre tout service lié à ces actifs développés sur le système décentralisé de la blockchain, parmi lesquels la star bitcoin, le gouvernement chinois vient de bannir le minage dans le Sichuan, une région-clé du sud-ouest du pays.

La première mise en garde sur les banques avait fait passer mi-mai la doyenne des cryptomonnaies sous les 40.000 dollars. Un seuil qu'elle a quitté le 15 juin, dans la foulée de ces annonces, sans jamais le retrouver. Ce lundi, le bitcoin était en recul de plus de 8,91%, s'échangeant à 32.070 dollars l'unité.

Une chute depuis plusieurs semaines, à tempérer encore toutefois avec la relative solidité de sa valeur aux yeux des investisseurs, depuis sa création en 2009. Entre début 2021 et son pic, atteint à la mi-avril à 64.870 dollars, le cours du bitcoin a gagné près de 800%. Depuis deux mois, la cryptomonnaie a donc perdu plus de 50%. La Chine va-t-elle ainsi mettre un coup d'arrêt à la tendance haussière de cet actif distribué via la blockchain ?

Car sans minage, une activité qui permet au propriétaire des ordinateurs d'être rémunérés pour la "preuve de travail" apportée et fortement consommatrice en énergie (charbon, hydroélectrique, renouvelables), cette nouvelle valeur d'échanges prend du plomb dans l'aile, mettant même en péril sa pérennité sans l'Eldorado chinois. A date, 80% des échanges mondiaux de cryptomonnaies proviennent d'ordinateurs basés en Chine.

Le Sichuan, deuxième province productrice de cryptomonnaies

Mais ces derniers mois plusieurs provinces ont ordonné la fermeture des entreprises du secteur installées sur leur territoire.

Le Sichuan est la deuxième province productrice de cryptomonnaies après le Xinjiang (nord-ouest) mais elle concentre, selon le quotidien officiel Global Times, 90% des capacités de mining de bitcoin du pays, qui en est le premier producteur mondial.

L'interdiction dans la province a entraîné la fermeture de 26 entreprises la semaine dernière, une information non confirmée par les autorités mais largement relayée sur les réseaux sociaux chinois et confirmée par d'anciens producteurs de cryptomonnaies.

Selon ces sources, les fournisseurs d'énergie ont reçu ordre de cesser de fournir de l'électricité à ces entreprises avant dimanche, alors que les autorités locales ont été incitées à chercher et fermer les entreprises concernées.

Dimanche soir, la fourniture d'énergie à destination de ces entreprises était totalement stoppée, selon les médias chinois, une information en tête des tendances sur les réseaux sociaux du pays.

La perturbation de l'ordre économique et financier

Lundi, la Banque centrale chinoise a précisé avoir récemment averti les banques et organismes de paiement sur les risques que représentaient la fourniture de services en lien avec les monnaies virtuelles.

Selon la Banque du Peuple, ces activités viennent "perturber l'ordre économique et financier normal et accroître le risque de transferts transfrontaliers illégaux d'actifs", demandant aux banques d'y mettre fin.

Cette opération intervient alors que la Chine tente de réduire l'importance prise par les cryptomonnaies dans le pays, tant pour des raisons environnementales qu'économiques, du fait de la spéculation entourant ces actifs, ou sociétaux.

Pour justifier l'interdiction, la Chine avance aussi ses objectifs climatiques : selon une récente étude publiée dans Nature, cette industrie pourrait produire l'équivalent des émissions carbone de l'Italie ou de l'Arabie Saoudite d'ici 2024 sans action des autorités.

Ces derniers mois, les entreprises de mining de Mongolie Inférieur et du Qinghai, régions peu peuplées mais riches en charbon et énergie hydroélectrique, ont dû fermer leurs portes, les habitants étant encouragés à signaler les activités illégales dans ce domaine.

(Avec AFP)