Les fonds indiciels adossés aux cryptomonnaies à la conquête des Bourses

Qui sont ces nouvelles fintech ou gestionnaires d'actifs qui proposent des produits indexés sur les monnaies numériques bitcoin ou l'ethereum, dans le monde très réglementé des places de marché ? Tandis qu'elles revendiquent des croissances records, elles comptent aussi étendre rapidement leur offre, tout en s'adaptant aux règles du jeu des acteurs traditionnels.
Jeanne Dussueil
Le gestionnaire d'actifs VanEck, avec plus de 80 milliards de dollars sous gestion à travers le monde, entend ainsi poser un jalon en donnant aux investisseurs français et néerlandais l'accès à ces deux cryptomonnaies sur leurs places boursières respectives.
Le gestionnaire d'actifs VanEck, avec plus de 80 milliards de dollars sous gestion à travers le monde, entend ainsi "poser un jalon" en donnant aux investisseurs français et néerlandais l'accès à ces deux cryptomonnaies sur leurs places boursières respectives. (Crédits : Dado Ruvic)

21Shares, VanEck, ETC Group... Des entreprises au nom inconnu mais qui font pourtant une entrée remarquée sur Euronext, la place de marché parisienne. Cotées à la Bourse de Paris et à Amsterdam, ces sociétés financières vont désormais émettre des produits indexés sur les cours de cryptomonnaies, à commencer par les deux principales et les mieux valorisées : le bitcoin et l'ethereum, selon un communiqué diffusée lundi 31 mai par la société 21Shares et annoncé également par Euronext. C'est une première en France. Et aussi une petite révolution dans le monde feutré de la finance qui s'est longtemps montré circonspect sur ces actifs numériques échangés via la technologie décentralisée de la blockchain.

Vers un match entre plateformes d'investissement et places boursières ?

Tandis que les cryptomonnaies sont toujours en quête de reconnaissance, cette entrée représente un nouvel adoubement de la part d'un acteur de marché institutionnel. L'investissement dans les monnaies numériques se fera toutefois de manière indirecte, au travers de produits cotés adossés à des cryptomonnaies via des fonds indiciels. Car pour investir directement sur les cours des plus de 2.000 cryptomonnaies, il faut ouvrir un compte sur une plateforme de trading, comme Binance, le leader mondial basé à Hong Kong, ou le champion américain Coinbase, récemment introduit en Bourse. Mais contrairement aux places de marché; chacune de ces plateformes fonctionne de manière indépendante.

Pour l'heure, ces actifs vont donc s'appuyer sur des ETF (Exchange Traded Funds), ou fonds indiciels, qui dupliquent de façon passive un indice, et des ETN (Exchange traded note), un titre de dette qui réplique la performance d'un indice sous-jacent. Les quatre premiers émetteurs de ces fonds cryptos indiciels sur Euronext sont ainsi ETC Group, VanEck, 21Shares et WisdomTree. Déjà cotés en Suisse, en Allemagne et en Autriche, ces produits permettent d'acheter ou de revendre en une seule transaction un panier de titres, qui suivent la performance des cryptomonnaies.

L'appétit de nouveaux fonds de gestion

Point commun de ces sociétés, elles se montrent offensives pour démocratiser l'investissement sur les crypto-actifs. Le gestionnaire VanEck, avec plus de 80 milliards de dollars sous gestion à travers le monde, pour l'essentiel en gestion passive, entend ainsi "poser un jalon" en donnant aux investisseurs français et néerlandais l'accès à ces deux cryptomonnaies (bitcoin et etherem) sur leurs places boursières respectives, selon son directeur Europe Martijn Rozemuller, cité par l'AFP. Dans sa conquête des bourses mondiales, l'Américain a d'ailleurs déposé en mai une demande auprès de la SEC (Security and Exchange Commission) pour émettre un ETF à Wall Street, selon lejournalducoin.

De son côté, la startup suisse 21Shares compte aussi développer l'offre d'ETF et revendique son rôle de pionnier dans son offre de fonds indiciels adossés à de nouvelles cryptomonnaies, comme Cardano ou Stellar, sur les places boursières de Zurich et de Stuttgart. Elle propose ainsi 14 trackers dont les sous-jacents sont des cryptomonnaies.

Dirigée par Hany Rashwan depuis Zug, berceau de la "Crypto Valley suisse", où la réglementation est plus souple d'ailleurs en Suisse, 21Shares dispose d'une vingtaine de salariés en Europe et aux Etats-Unis. Deux ans seulement après sa création, en 2020, elle revendique plus d'un milliard de dollars d'actifs sous gestion.

Les produits de cette fintech seront cotés uniquement à Paris tandis que ceux des trois autres seront également cotés à la Bourse d'Amsterdam, selon Euronext qui chapeaute aussi les Bourses de Bruxelles, Dublin, Lisbonne, Milan et Olso.

"Les investisseurs pourront ainsi bénéficier d'une exposition aux performances de ces cryptomonnaies sans être contraints ni par leurs modalités de conservation ni par les exigences réglementaires particulières qui s'appliquent aux cryptoactifs et à leurs plateformes de négociation", souligne la société 21Shares.

Ses produits indiciels négociés en Bourse, qui visent à refléter la performance d'un indice directement lié au prix du bitcoin et de l'ethereum, sont déjà cotés sur Deutsche Börse Xetra en Allemagne.

La prise de la Bastille financière

Ces nouvelles fintech comptent profiter de l'engouement sur les cryptomonnaies. Or, jusqu'ici, la prudence était de mise, notamment de la part de l'opérateur boursier parisien : « Euronext soutient la proposition de la Commission de donner une définition européenne pour les 'actifs numériques' et 'crypto-actifs' afin de créer une classification de l'UE (...) pour la création d'un régime des cryptomonnaies », écrivait prudemment l'opérateur dans un Mémo de 2020 "Euronext Position for an EU framework for markets in crypto-assets".

Mais avant cela, en 2017, lorsque la Bourse de Chicago (CBOE et le CME Chicago Mercantile Exchange) s'ouvrait à la cotation de contrats à terme sur le bitcoin - avant de finalement reculer deux ans plus tard, Euronext se montrait, elle, plus frileuse. « Nous restons extrêmement prudents sur le développement du bitcoin », expliquait Anthony Attia le PDG d'Euronext Paris aux Echos en 2018.

La même année, le gendarme français de la Bourse publiait « crypto-monnaies (Bitcoin, etc.) : attention aux arnaques ! ». « Aucune société sérieuse ne peut garantir un rendement minimum avec un investissement dans les « crypto-monnaies » ou les « crypto-actifs » », écrivait l'AMF. Ces nouveaux produits cotés sur Euronext font ainsi oublier les résistances d'hier.

D'autant qu'avec une taille de marché estimée à environ 1.300 milliards de dollars, les cryptomonnaies offrent des possibilités de diversification pour les acteurs de la finance traditionnelle. Des banques américaines comme Goldman Sachs ou BNY Mellon, qui ont créé des offres pour leurs clients fortunés, l'ont d'ailleurs compris. En, un an, le bitcoin a gagné près de 400%.

Reste à maîtriser les soubresauts de cet actif. Après plusieurs mois d'euphorie, le bitcoin, la plus populaire des cryptomonnaies, était monté mi-avril à un record historique de près de 65.000 dollars avant de connaître une chute très violente, descendant à deux reprises sous les 35.000 dollars.

(Avec AFP)

Lire aussi 3 mnGoldman Sachs se lance dans la spéculation financière du bitcoin

Jeanne Dussueil

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Commentaires 2
à écrit le 02/06/2021 à 14:30
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quand on va dans un casino, on perd, c'est fait pour.......mais au moins on a passe une bonne soiree a s"amuser.........avec les cryptoactifs on ne s'amuse meme pas, par contre on passe de la joie aux pleurs selon que ca monte de 20% ou que ca descen...

le 04/06/2021 à 14:38
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C'est plutôt l'inverse depuis la création du Btc (par exemple): ça monte de 50% et ça descend de 20%. Mais peu importe les chiffres en fait, pour un investisseur avisé, toutes les situations peuvent être bénéfiques, à court ou à long terme.

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