La Turquie accepte enfin le premier de ses dix A400M

Par Michel Cabirol  |   |  680  mots
L'armée de l'air turque a formellement accepté le premier de ses A400M commandés
Airbus Defence & Space a remis à la Turquie son premier avion de transport militaire avec un retard de plus de trois mois. Ankara a tenté de marchander pour obtenir de nouveaux avantages.

Enfin... Airbus Defence & Space a remis ce vendredi à la Turquie le premier de ses dix avions de transport militaire A400M commandés avec un retard de plus de trois mois sur le calendrier fixé. L'armée de l'air turque avait estimé en décembre que l'appareil en voie de livraison n'était pas conforme au contrat signé. Ce qui avait particulièrement agacé le président exécutif d'Airbus Group, Tom Enders, qui avait reproché fin février à la Turquie de marchander au lieu de prendre livraison de son premier. Il avait jugé la situation "inacceptable".

L'armée de l'air refusait depuis décembre dernier de prendre livraison de cet appareil, le troisième de la série d'un programme multinational. Le directeur général Tom Enders avait expliqué le blocage "par un seul mot : marchandage". Il avait exprimé l'espoir que cette "situation de plus en plus inacceptable" serait réglée rapidement, et a souhaité l'aide des autres nations qui ont commandé cet avion. "Comment peut-on augmenter la cadence de production quand on n'a pas la certitude que les clients vont prendre l'avion et qu'on est obligé de le parquer ?", s'était-il interrogé.

Que voulaient les Turcs ?

Selon des sources concordantes, les Turcs exigeaient un peu plus que le stipulait le contrat signé. Ce qui a entraîné de très forts marchandages entre Airbus Defence & Space et l'armée de l'air turque, qui a formellement accepté son premier A400M. Un classique en Turquie. Le secrétariat d'Etat turc aux Industries de défense (SSM) est considéré comme l'un des négociateur les plus redoutable au monde. "C'est simple avec eux, à la fin de la négociation vous n'avez plus de marges", ironise un industriel. Le groupe turc Turkish Aerospace Industries (TAI) est dans le programme A400M est déjà impliqué dans le partage de la charge de travail. Il a 5,56 % du programme. Soit 7,2 % de la partie aérostructures de l'appareil : soit une partie du fuselage, des portes et des ailerons et spoilers.

La Turquie devraient en principe recevoir cet été son deuxième appareil destiné à remplacer les vieux C-160 Transall. A suivre d'autant que le secrétaire d'Etat turc aux Industries de défense (SSM), Murad Bayar, a dû démissionner en début de semaine à la suite d'un nouveau scandale. Réputé proche du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, il a été victime de la diffusion sur internet (YouTube) d'une réunion confidentielle de sécurité où les Turcs envisageaient de faire bombarder un village turc depuis la Syrie pour pouvoir s'impliquer directement dans le conflit syrien. Du coup, Ankara avait bloqué Twitter et YouTube.

Une première commande à l'export en 2014 ?

L'A400M, sans équivalent sur le marché des avions militaires, a été commandé à 174 exemplaires par sept pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Luxembourg et Turquie) et la Malaisie. La France a pris livraison des deux premiers exemplaires l'année dernière, et la Turquie devait prendre le troisième selon le calendrier de livraison convenu entre les partenaires de ce programme multinational.

Airbus Group espère décrocher une première commande à l'exportation pour cet appareil cette année. Pour l'A400M, "l'objectif est de décrocher un contrat cette année, même si ça va être très difficile", avait précisé fin janvier le directeur de l'activité avions militaires au sein de la division Airbus Defence and Space, Domingo Urena-Raso, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (Ajpae) à Séville.

Depuis que l'armée de l'air française a pris livraison de cet appareil l'été dernier, neuf pays ont déposé des demandes d'informations sur l'avion et ses capacités, avait précisé le patron du programme A400M, Cédric Gautier. Deux demandes "de clients potentiels importants" ont été déposées en janvier, après que la France a fait voler l'appareil vers la Centrafrique et le Mali, sans attendre le délai habituel d'un an pour qualifier un nouvel avion, selon Domingo Urena-Raso.