Les PDG des sept plus grands groupes de défense veulent voir François Hollande

Par Michel Cabirol  |   |  550  mots
Que va décider François Hollande sur le budget de la Défense ?
Face à la volonté de Bercy et de Matignon de tailler férocement dans le budget de la défense, les industriels de l'armement veulent rencontrer le président de la République.

Bis repetita ! Les PDG des sept plus grands groupes d'armement français - Airbus Group, Dassault, Safran, Nexter, DCNS, MBDA et Thales - vont envoyer un courrier vendredi à François Hollande pour demander à être reçu par le président lui-même. Une nouvelle mobilisation qui rappelle l'initiative prise l'hiver 2013 au moment de la rédaction du Livre Blanc et quand les rumeurs les plus sombres circulaient sur les coupes budgétaires à venir. Ils avaient été rassurés par le Chef de l'Etat.

Aujourd'hui l'inquiétude est à nouveau de mise au sein des industriels de l'armement à la suite des déclarations du ministre des Finances, Michel Sapin, qui veut réduire significativement le budget de la défense et qui ne les rassurent pas. "Il faut aussi, aujourd'hui comme hier, maîtriser les dépenses publiques. On ne peut abstraire un ministère de tout effort", a-t-il à nouveau expliqué ce jeudi au Sénat.

Matignon soutient Bercy

Alors que Bercy exigeait de 2 à 2,5 milliards d'économies par an de 2015 à 2017 à la défense, Matignon a tranché entre 1 et 1,2 milliard, selon nos informations. Cette décision de Michel Sapin et du Premier ministre, Manuel Valls, intervient six mois seulement après avoir fait voter une loi de programmation militaire (LPM) a minima. Une LPM qui comme l'a rappelé mercredi à l'Assemblée nationale le ministre de la Défense, "contribue au redressement de nos comptes publics. Parce qu'il y a 34.000 suppressions de poste, parce qu'il y a une masse salariale réduite de plus de 4 milliards, parce qu'il y a eu, par rapport à un Livre Blanc antérieur, une réduction  des commandes d'environ 14 milliards d'euros, parce qu'il y a des restructurations qui parfois sont difficiles pour les territoires".

Si la droite est logiquement montée au créneau, les élus de gauche sont aussi extrêmement remontés contre cette initiative négociée dans le plus grand secret entre Bercy et Matignon, l'hôtel de Brienne ayant été tenu à l'écart de ces débats. Ainsi, le président de la commission des affaires étrangères et de la défense, Jean-Louis Carrère a rappelé lors d'une réunion de la commission qui s'est tenue mercredi, que le budget de la défense ne devait pas être une variable d'ajustement. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a été semble-t-il lui même ébranlé par ce blitzkrieg de Bercy et de Matignon.

Que va décider François Hollande ?

Et le Président de la République ? Acclamé en février 2013 dans les rues de Tombouctou libéré, il avait souligné la veille du 14 juillet 2013, que "les crédits de la défense seront, à la différence de ceux de la plupart des ministères, préservés dans leur intégrité. C'est un effort que la nation fait, non pas pour les armées, mais pour sa propre sécurité".

Que va faire François Hollande ? Laissera-t-il faire à Manuel Valls le sale boulot ? Ou au contraire préservera-t-il l'intégrité du budget de la défense comme il l'avait rappelé ? Le président de la République avait tranché à la fin de l'hiver 2013 et avait accordé à la défense 190 milliards d'euros, dont 6 milliards de recettes extrabudgétaires, pour l'actuelle LPM. Soit une moyenne de 31,6 milliards d'euros par an.