Notre-Dame-Des-Landes : une rénovation de l'aéroport actuel permettrait d'économiser plus de 500 millions d'euros

Par Tiphaine Honoré  |   |  576  mots
Prévu pour être achevé en 2017, le projet de transfert d'aéroport n'a pas avancé depuis l'automne 2012, date des dernières grandes interventions des forces de l'ordre sur le site occupé. Reuters
Des architectes membres du Cédpa, le collectif d'élus opposés à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont publié mercredi une étude réalisée par des architectes remettant en question l'intérêt financier de sa construction, soutenue par l'Etat.

Pour Ivan Fouquet et Franco Fedele, deux architectes dplg (diplômés par le gouvernement), construire un nouvel aéroport à Notre-Dame-Des-Landes coûterait deux fois plus cher que d'optimiser l'actuel site nantais. Une évaluation qui contredit l'étude de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et du Service technique de l'aviation civile (STAC) estimant le coût à quelque 825 millions d'euros TTC pour 9 millions de passagers.

 Des coûts "largement" surévalués

"Les coûts de l'étude, remise par la DGAC en novembre 2013, concernant un réaménagement de l'aéroport actuel ont été surévalués. Leurs chiffres sur l'optimisation du site nantais sont quatre fois plus élevés que dans la normale, pour un développement d'aéroport lambda". 

Les architectes sont formels, les coûts d'un agrandissement de l'aéroport actuel ont été gonflés par l'aviation civile pour justifier la construction d'une nouvelle structure à 25 km de là, sur la désormais connue commune de Notre-Dame-Des-Landes. "Tous les besoins ont été surestimés" avance le rapport.

D'après celui-ci, 349 millions d'euros pourraient être évités ou optimisés sur les 478 millions que nécessiteraient selon la STAC les travaux de l'aéroport existant, soit 75% de la somme envisagée. Par exemple, les espaces prévus pour les postes de contrôle de sûreté seraient trois fois trop grands, tout comme celui pour les files d'attentes ou encore l'aire de stationnement aéronefs (parkings des avions) qui utiliserait plus de terrain que nécessaire. 

"516 millions d'euros d'économies possibles"

Les auteurs du rapport vont jusqu'à affirmer que "selon les sources officielles (Vinci, AGO et la DGAC), [le développement de l'aéroport existant] permettrait même à terme une économie de 167 M€ TTC". Si l'on ajoute les 349 millions d'euros que les architectes estiment "surévalués" par la DGAC, le montant de l'économie atteindrait "au minimum 516 millions d'euros". 

Des propositions alternatives sont faites par les architectes pour la rénovation de l'aéroport Nantes Atlantique, dans l'optique d'une fréquentation de 9 millions de passagers par an :

- Créer un second hall de 4.000m2 en connexion avec le premier 

- Construire trois nouveaux parkings dotés de 4.700 places

- Agrandir le dépôt de carburant, les bureaux et les hangars de fret

Tout cela pour un coût estimé à 54,8 millions TTC. 

Mais contre cette hypothèse de conserver l'ancien aéroport, le directeur du transport aérien à la DGAC, Paul Schwab, avait avancé les arguments suivants : 

"Si le coût d'un agrandissement est un peu moins élevé que la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le maintien de Nantes Atlantique n'offrirait qu'une seule piste, avec des problèmes d'exploitation. En outre, on aurait toujours un aéroport très inséré dans la ville, avec beaucoup de nuisances autour, alors que le projet de Notre-Dame-des-Landes en a énormément moins".

Prévu pour être achevé en 2017, le projet de transfert d'aéroport n'a pas avancé depuis l'automne 2012, date des dernières grandes interventions des forces de l'ordre sur le site occupé.

L'ex-Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, fin février 2014, puis l'actuelle ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, début avril, ont annoncé que les travaux de l'aéroport ne débuteraient pas avant la fin des recours déposés contre le projet.

Retrouvez les analyses des intervenants du forum de l'aéronautique civil et militaire, le Paris Air Forum, qui se déroulera le 11 juillet prochain.