Ventes de Mistral à la Russie : les politiques français donnent raison à Hollande

Par latribune.fr  |   |  575  mots
Un renoncement à la livraison du premier porte-hélicoptères d'une valeur de 1,2 milliard d'euros obligerait la France à dédommager Moscou. (Photo : Reuters)
Le président de la République français a annoncé lundi que la France allait honorer son contrat avec la Russie et livrer en octobre le premier porte-hélicoptères Mistral à la marine russe. David Cameron et les États-Unis désapprouvent l'accord.

Mistral gagnant pour François Hollande. La classe politique française a salué mardi la décision du président de la République de livrer en octobre un premier porte-hélicoptères Mistral à la Russie malgré la crise ukrainienne et les critiques émanant notamment de Londres et de Washington.

La livraison d'un second Bâtiment de projection et de commandement (BPC) commandé par Moscou lorsque Nicolas Sarkozy était président de la République, dépendra de son "attitude" dans le dossier ukrainien, a précisé le chef d'État.

Des sanctions européennes empêcheraient la seconde livraison

Seules des sanctions décidées par l'Union européenne pourraient empêcher la livraison du deuxième bâtiment, explique un source française interrogée par l'agence Reuters, ce qui n'est pas à l'ordre du jour.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne qui se réunissent mardi, pourraient s'accorder sur un durcissement des sanctions, mais ces dernières ne porteront pas sur les livraisons militaires, précise cette même source.

Plusieurs chefs de la diplomatie, dont celui de l'Allemagne, ont néanmoins appelé de leurs vœux un embargo sur les armes russes afin d'endiguer l'afflux d'équipement militaire, notamment de missiles sol-air du même type que celui soupçonné d'avoir abattu l'avion de ligne.

Critiques internationales 

Le Premier ministre britannique David Cameron a expliqué lundi qu'une telle transaction serait "impensable" en Grande-Bretagne. Un haut responsable de l'administration américaine a également déclaré que les Etats-Unis étaient opposés à la vente.

Également opposé à l'accord, le président lituanien Dalia Grybauskaite a mis en garde l'Union européenne contre un sacrifice de ses valeurs au détriment des liens commerciaux avec la Russie :

"Nous assistons à une mistralisation de la politique européenne. Les valeurs et la sécurité sont minées par crainte des affaires, quand "achète et statue" est appliqué." 

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Les politiques français unis derrière Hollande 

La classe politique française dans son ensemble est montée au créneau pour défendre la décision de François Hollande. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis a ainsi estimé lors d'une interview sur i>TELE que le président français exerçait d'une certaine manière "pression sur Vladimir Poutine" en mettant la seconde commande en suspens.

"C'est un faux débat mené par des faux-culs. Ce n'est pas cela qui va amener Poutine à infléchir ses positions. [...] David Cameron, quand on voit le nombre d'oligarques réfugiés financièrement à Londres, il devrait commencer à balayer devant sa porte."

L'ancien ministre UMP Xavier Bertrand, candidat à la primaire de son parti pour la présidentielle de 2017, a estimé pour sa part sur France Inter que le second Mistral devra être lui aussi livré. Nicolas Sarkozy avait beaucoup œuvré pour la vente de deux BPC à la Russie.

"La souveraineté nationale, c'est pour moi quelque chose d'essentiel et ce n'est pas parce que les Américains nous disent blanc qu'il faut faire exactement la même chose. La parole de la France, la signature de la France, ça se respecte."

D'autant plus qu'un renoncement à la livraison du premier porte-hélicoptères d'une valeur de 1,2 milliard d'euros obligerait la France à dédommager Moscou.

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