Le Royaume-Uni continue d'exporter des armes vers la Russie

Par Tiphaine Honoré  |   |  496  mots
David Cameron avait ainsi demandé lundi à l'UE d'adopter des sanctions économiques d'envergure contre la Russie et à cesser toute vente d'armes à ce pays, pointant du doigt celles de la France.
Un rapport parlementaire britannique publié mercredi indique que le pays poursuit ses livraisons d'armes à Moscou. Une information qui survient deux jours après les critiques de David Cameron sur la vente par la France de navires militaires à Vladimir Poutine.

Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis invitait mardi David Cameron "à balayer devant sa porte" avant de critiquer la décision française de livrer son Mistral à la Russie. Il a aujourd'hui une preuve à l'appui. Un rapport de quatre comités parlementaires britanniques indique mercredi que "l'embargo absolu" sur la livraison des armes vers la Russie annoncé par David Cameron, pas plus tard que lundi, était faux.

3 000 licences d'exportations 

Selon The Guardian, 251 contrats de vente d'armes britanniques à Moscou sont encore d'actualité, pour une valeur de 132 millions de livres (167 millions d'euros). Ces licences d'exportation autorisent la vente de fusils de précision, de munitions pour armes légères, de gilets pare-balles, d'"équipement cryptographique", de communication militaire et de vision nocturne, précise par ailleurs le rapport. Il ajoute que seules 31 licences ont été suspendues ou retirées.

Dans ce texte "sans-complaisance", les députés appellent à un meilleur contrôle des autorisations de vente. Les rédacteurs indiquent ainsi que plus de 3 000 licences d'exportation ont été accordées, pour une somme totale de 12 milliards de livres (15,2 milliards d'euros), vers d'autres pays listés par le ministère des Affaires étrangères britannique comme "critiques en matière de droits de l'homme". Parmi eux, l'Arabie Saoudite, l'Egypte ou encore le Sri Lanka.

L'ancien secrétaire d'Etat à la Défense et actuel chef de la commission du contrôle des armes au Parlement, John Stanley semonce dans les colonnes du quotidien : 

"Le gouvernement ferait mieux de reconnaître l'existence d'un conflit d'intérêt entre ses importantes exportations d'armes à des régimes autoritaires et son discours véhément contre les atteintes au droit de l'homme".

Cameron discrédité?

Dans son discours devant les parlementaire lundi, le Premier ministre britannique n'a pourtant pas cillé en affirmant à son auditoire :

"Les futures ventes militaires de n'importe quel pays européen ne doivent pas aboutir. Nous avons déjà annulé les nôtres. Concernant l'équipement de défense, nous avons déjà indiqué unilatéralement - comme l'ont fait les Etats-Unis- que nous ne vendrons plus d'armes à la Russie". 

David Cameron avait ainsi demandé lundi à l'UE d'adopter des sanctions économiques d'envergure contre la Russie et à cesser toute vente d'armes à ce pays, pointant du doigt celles de la France. 

Donneur de leçon

Interrogé spécifiquement sur la vente controversée des navires militaires français de type Mistral à la Russie, David Cameron avait répondu:

"Franchement, il serait impensable dans ce pays de mener à bien une commande comme celle qu'ont les Français. Nous devons mettre la pression sur tous nos partenaires pour dire que nous ne pouvons pas continuer à faire des affaires comme si de rien n'était avec un pays, quand il se comporte comme ça".

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait répondu dès le lendemain à Bruxelles en ironisant: "chers amis britanniques, parlons aussi de la finance. J'ai cru comprendre qu'il y avait pas mal d'oligarques russes à Londres".