Airbus Group lance un grand ménage dans ses activités Défense

Par Michel Cabirol  |   |  677  mots
Depuis son arrivée à la tête d'Airbus Group, Tom Enders n'a cessé de mettre son groupe sous tension
Airbus Group a annoncé ce mardi une réorganisation de ses activités de défense et spatiales qui se traduira par des cessions de filiales ou de participations jugées non stratégiques. Elle permettra également au groupe aéronautique de se recentrer sur les avions militaires, les missiles, les lanceurs et les satellites.

C'est un vrai leitmotiv chez Airbus Group : "Nous ne sommes pas encore assez rentable". C'est donc à l'aune de cet objectif financier en grande partie que Airbus Defence and Space (ADS) prévoit "de céder certains secteurs d'activité ne correspondant pas à ses objectifs stratégiques et pour lesquels un meilleur développement serait possible dans des structures différentes", a confirmé ce mardi le géant européen de l'aéronautique. Beaucoup de ces activités sont basées en Allemagne. Ces cessions pourraient représenter jusqu'à 2 milliards d'euros pour le groupe. Le patron de ADS, Bernhard Gerwert, compte recueillir les premières marques d'intérêts pour les actifs à céder d'ici à la fin de l'année et finaliser les premières cessions au premier semestre 2015.

Cette restructuration constitue également un test des relations entretenues par le groupe avec le gouvernement allemand. Le PDG d'Airbus, Tom Enders a récemment mis en garde Berlin contre les effets sur l'emploi et l'investissement de sa politique restrictive en matière d'exportations d'armements. Bernhard Gerwert a toutefois relativisé l'impact sur l'emploi de cette restructuration. "Il ne s'agit pas seulement de supprimer des emplois et de fermer d'autres sites, c'est même plutôt le contraire, a-t-il expliqué à Reuters. Nous avons ciblé certaines activités, pour lesquelles nous cherchons des investisseurs qui sont prêts à mettre de l'argent et à développer ces activités".

Airbus trie ses activités

Il s'agit tout d'abord des activités de communications commerciales et parapubliques (dont les radiocommunications mobiles professionnelles ainsi que des services commerciaux de communication par satellite), qui "auront de meilleures perspectives de croissance en intégrant d'autres structures industrielles", a précisé le groupe. En outre, ADS envisage de céder certaines de ses filiales et participations, dont Fairchild Controls (équipementier et support), Rostock System-Technik (ingénierie, formation...), AvDef (société de transport privé, formation,), ESG l(systèmes et logiciels) et Atlas Elektronik (systèmes électroniques de sécurité et de défense maritime).

ThyssenKrupp, qui dispose d'un droit de préemption sur les 49 % d'Airbus Group dans Atlas Elektronik, va discuter avec le groupe européen de l'éventuel rachat de sa participation dans le spécialiste des systèmes électroniques de sécurité et de défense maritime. "Nous allons engager des discussions avec Airbus à propos de sa participation dans Atlas afin de trouver la meilleure solution", a assuré le président du directoire du conglomérat allemand, Heinrich Hiesinger lors d'une conférence de presse organisée ce mardi.

Enfin, "toutes les alternatives industrielles seront explorées pour les secteurs sécurité et électronique de défense de la division afin d'assurer leur croissance future et la création de valeur", a ajouté ADS. Les nouvelles activités d'Airbus Group, Sécurité/communications et Electronique, ont respectivement réalisé 2,7 milliards et 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2013. Bernhard Gerwert a souligné qu'Airbus Group ne souhaitait plus investir dans l'électronique de défense et la sécurité, des activités qui nécessitent des moyens importants pour devenir leader sur ce marché, actuellement dominé en Europe par Thales.

Airbus Group reste dans la défense

Pour autant, Airbus Group, à l'issue de son "évaluation exhaustive et détaillée" de son portefeuille d'activités, a décidé de continuer d'investir dans les activités espace - lanceurs et satellites (3,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2013) -, avions militaires (5,7 milliards d'euros), missiles ainsi que les systèmes et services associés. Des "cœurs de métier" que la division ADS devra renforcer pour rester dans ses positions de leader. ADS a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 13,7 milliards d'euros en 2013, hors missiles.

"Les décisions concernant le portefeuille d'activités d'Airbus Defence and Space sont la conséquence logique de la revue stratégique d'Airbus Group de 2013. Ces décisions renforceront les atouts de la division et permettront de nous recentrer encore plus sur les cœurs de métier du groupe que sont l'aéronautique et l'espace", a expliqué le président exécutif d'Airbus Group, Tom Enders.