Qui pour succéder à Jean-Bernard Lévy à la tête de Thales ?

Par Michel Cabirol  |   |  776  mots
Qui succédera à Jean-Bernard Lévy à la tête de Thales ?
Jean-Bernard Lévy va quitter Thales pour prendre le manche d'EDF. En interne, Pascale Sourisse, Patrice Caine et Pierre-Eric Pommellet sont les favoris pour prendre sa succession.

Le départ de Jean-Bernard Lévy vers EDF s'est propagé mercredi matin comme une trainée de poudre dans les couloirs de Thales et... ailleurs. Car quand le PDG de Thales a atterri mercredi matin à Dubaï, en provenance de Singapour, il était attendu avec beaucoup, beaucoup de regards interrogateurs des 120 hauts cadres du groupe venus de toute la région du Moyen Orient et de l'ensemble des membres du comité exécutif, réunis mercredi dans le cadre d'une convention interne baptisée les T-Days. Dans un grand sourire, Jean-Bernard Lévy a simplement lâché : "C'est vrai."

Qui pour remplacer Jean-Bernard Lévy ?

Jean-Bernard Lévy partant, tous les regards se portent maintenant sur Pascale Sourisse. Déjà candidate malheureuse à deux reprises au poste de PDG de Thales - Dassault Aviation (deuxième actionnaire derrière l'Etat) ayant mis son veto -, Pascale Sourisse est tentée de concourir une troisième fois. Même si, avec le "nihil obstat" de Jean-Bernard Lévy, elle faisait deja campagne pour succéder à Jean-Paul Herteman à la tête de Safran. De plus, nommer une femme à la tête d'un groupe de défense serait un signe de diversité visible dans un milieu professionnel dominé par les hommes.

C'est aussi le cas du Breton Pierre-Eric Pommellet (51 ans). Très fin politique, ce Brestois, qui a reçu début octobre les insignes de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur des mains de Jean-Yves Le Drian, avait poliment refusé d'être le poulain de Dassault Aviation pour la succession de Luc Vigneron, estimant que son heure n'était pas encore venue. Il semble cette fois-ci bien décidé à concourir, selon des sources concordantes.

Enfin, Patrice Caine (44 ans), aujourd'hui numéro 2 de facto du groupe en tant que directeur général, en charge des opérations et de la performance, pourrait se sentir prêt également. En clair, c'est lui qui fait tourner au quotidien la boutique Thales. Un poste clé dans la bonne marche du groupe et le respect des objectifs fixés en termes de performances. Mais aussi un poste à risques tant la pression du succès ou pas du groupe repose en partie sur les épaules de ce quadragénaire, qui a su séduire les équipes de Thales par sa connaissance des dossiers et par sa disponibilité. Sa présence aux côtés de Jean-Bernard Lévy à l'arrivée de celui-ci, avait notamment rassuré la maison Thales.

Un candidat externe ?

Il n'est pas exclu qu'un candidat externe soit nommé. Le PDG de MBDA, Antoine Bouvier, avait été cité à l'automne 2012 comme candidat possible. Il a la réputation d'être perçu comme un bon industriel par le monde politique. Il ne sera pas le seul non plus à être intéressé par ce poste. Le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël, dont le nom a circulé pour prendre la tête de l'Agence des participations de l'Etat (APE), pourrait également se montrer intéressé, explique-t-on à La Tribune. Mais Stéphane Israël a démenti.

Mais, quoi qu'il arrive, les candidats devront être compatibles avec la maison Dassault. Ce qui élimine déjà pas mal de grands noms de l'industrie de l'armement qui étaient susceptibles d'être intéressés et/ou qui ont été par le passé des candidats retoqués par l'avionneur.

Dassault Aviation a son mot à dire

Pour s'installer dans le fauteuil de Jean-Bernard Lévy, les candidats devront convaincre l'actionnaire Dassault Aviation de leur capacité à prendre le manche de Thales. Dans le pacte d'actionnaire qui lie l'Etat et l'avionneur - qui a eu la mauvaise surprise d'apprendre le départ de Jean-Bernard Lévy au dernier moment -, "le président directeur général sera choisi sur proposition commune des parties (...). En cas d'exercice par Dassault Aviation de son droit de veto sur la nomination du président-directeur général, à l'issue d'une période de concertation de trois mois, chacune des parties pourra mettre fin au pacte". Le pacte a été renouvelé le 1er janvier 2012 pour une période de cinq ans.

En clair, que veut et va faire Charles Edelstenne ? Car l'homme de confiance de Serge Dassault et ancien PDG de Dassault Aviation va peser de tout son poids dans les discussions ces prochains jours... Il est un des hommes clés de la nomination du prochain PDG de Thales. Tout comme le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui avait participé quand il était secrétaire général adjoint à l'Elysée aux négociations qui avaient précédé la nomination de Jean-Bernard Lévy à la tête de Thales en décembre 2012.