La France proche d'acquérir douze avions ravitailleurs MRTT

Par Michel Cabirol  |   |  725  mots
Le MRTT est enfin proche d'un atterrissage en France
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé que le contrat pour l'acquisition de douze avions ravitailleurs (MRTT) est "prêt à être notifié".

Ce n'est que demi-annonce mais... A l'occasion du colloque « 50e anniversaire des forces aériennes stratégiques et la dissuasion au 21e siècle » à l'École militaire, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé que le contrat pour l'acquisition de douze avions Multi-rôles de ravitaillement en vol et de transport (MRTT), baptisé Phénix, est "prêt à être notifié". C'est même un peu plus compliqué. Car le ministère va commander à Airbus Group un prototype d'ici à la fin de l'année, huit autres en 2015 et, enfin, trois en 2016.

Sur les trois derniers, subsistent toutefois des doutes. Notamment du chef de l'état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier. "Notre but est d'affermir la commande des trois derniers au plus tôt", a-t-il expliqué mi-octobre à l'Assemblée nationale. Sous-entendu le débat d'une commande ferme n'est pas clos pour les trois derniers appareils. Et de préciser que "ces 12 MRTT, grâce aux multiples rôles qu'ils remplissent, permettront de remplacer non seulement quatorze C135, mais aussi deux A340 et trois A310". Conformément à la loi de programmation militaire (LPM), les deux premières livraisons sont prévues en 2018 et 2019. Elles se poursuivront ensuite au rythme de 1 à 2 appareils par an.

Un contrat de 3 milliards d'euros

Préparé par la direction générale de l'armement (DGA), le contrat pour Airbus Defence and Space (ADS) couvre également l'acquisition des systèmes de soutien et de formation associés (rechanges, outillages, outils de simulation...) et des premières années de soutien pour une durée de cinq ans à compter de la première livraison. Le montant de ce contrat s'élève à "environ 3 milliards d'euros"., selon le communiqué du ministère de la Défense.

Ces avions sont réalisés à partir d'A330-200 assemblés par Airbus à Toulouse. Le projet fait intervenir Thales Avionics pour la conception et la réalisation du système avionique ainsi que Rolls Royce pour la fourniture des moteurs Trent 700. Outre la France et le Royaume Uni, le MRTT compte 4 clients export : Arabie Saoudite (6 appareils), Emirats Arabes Unis (3), Australie (5) et Singapour (6). Enfin, le Qatar et l'Inde sont en négociations exclusives avec ADS pour acquérir respectivement deux et six MRTT. Au total, 22 appareils sont actuellement en service.

Modernisation de la flotte de la Force aérienne stratégique

"Notre volonté de moderniser la composante aéroportée de la dissuasion se concrétise avec ce contrat pour l'acquisition de 12 avions MRTT, a précisé Jean-Yves Le Drian. Au-delà de cet engagement stratégique du Président de la République réaffirmé dans le Livre blanc et la Loi de programmation militaire, ce sont les capacités de transport à longue distance et d'évacuation sanitaire qui sont assurées sur le long terme". Pour le ministre, le choix du nom Phénix "n'est pas anodin. Il vient souligner la volonté d'associer le caractère légendaire de cet oiseau mythique avec un avion qui représente une avancée remarquable à tous les niveaux de performance".

Il n'était que temps. Car, comme l'a rappelé le général Denis Mercier, "l'âge de nos ravitailleurs l'impose : qui aimerait voyager aujourd'hui dans un Boeing contemporain de la Caravelle ?" Aujourd'hui, les avions de combat français sont ravitaillés en Irak par des tankers américains, et même récemment par un tanker australien, a révélé le chef d'état-major de l'armée de l'air. "En Afrique, les Américains ont placé sous notre contrôle opérationnel direct deux tankers qui décollent de la base de Morón en Espagne", a-t-il enfin expliqué.

En outre, le général Denis Mercier est "particulièrement attaché à ce que les commandes de MRTT soient réalisées le plus rapidement possible, car, en attendant, nous sommes obligés de nous livrer à de la surmaintenance, ce qui nous pose beaucoup de problèmes". Certains des avions ravitailleurs C135 de l'armée de l'air datent du début des années 1960. Les nouveaux appareils lui permettront non seulement d'assurer le ravitaillement en vol mais aussi de transporter jusqu'à 40 tonnes de fret sur de longues distances et jusqu'à 271  passagers. En version d'évacuation sanitaire, il pourra emporter le module de soin intensif français MORPHEE ainsi que dix patients et 88 passagers.