Quand Airbus négocie un lancement d'un satellite européen... avec SpaceX

Par Michel Cabirol  |   |  586  mots
Airbus Defence and Space veut lancer avec SpaceX un satellite de l'ESA
Alors qu'Airbus Defence & Space veut que les Etats membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) garantissent cinq lancements institutionnels par an pour exploiter Ariane 6, le groupe européen est en train de négocier avec l'américain SpaceX pour lancer avant la fin de 2016 un satellite de l'ESA.

Cela parait tellement incroyable... Alors qu'Airbus Defence & Space (ADS) souhaite que les Etats membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) et la direction de l'ESA garantissent cinq lancements institutionnels par an pour exploiter Ariane 6, le groupe européen est en train de négocier... avec l'américain SpaceX pour lancer avant la fin de 2016 un satellite financé par l'ESA, selon le magazine spécialisé SpaceNew. ADS souhaite confier le second satellite EDRS (European Data Relay Satellite) au lanceur américain Falcon 9 pour accroître la rentabilité du projet. Consternant... Interrogé, ADS ne souhaite faire aucun commentaire.

Évalué à plus de 500 millions d'euros, le système EDRS (Satellite relais de données européen) est un projet de constellation de satellites de télécoms placés en orbite géostationnaire développé par l'ESA et dont le rôle est d'assurer le relais entre les satellites en orbite basse et les stations terrestres. Le système européen de relais de données EDRS "incarne la solution la plus performante et sophistiquée en matière de transfert spatial d'informations, offrant aux satellites et drones une capacité de transmission de données en quasi temps réel avec une qualité de large bande", selon ADS.

La préférence européenne... oubliée encore une fois par l'Allemagne

Et pourtant... Les ministres en charge de l'espace membres de l'ESA se sont engagés à faire jouer la préférence européenne en matière de lancements des satellites de l'ESA, d'Eumetsat, de la commission européenne et des Etats membres. "Cela veut dire, tacitement, que chacun pays membre accepte le principe d'une préférence européenne", avait confié à La Tribune la secrétaire d'Etat à la Recherche en charge de l'espace, Geneviève Fioraso.

Et d'expliquer : "soyons européens. Si nous ne sommes pas la carte de l'Europe, nous fragiliserons et in fine, perdrons la filière des lanceurs européens. Et au-delà, nous perdons notre avantage compétitif en matière de télécoms, en matière d'accès aux données scientifiques, environnementales, climatiques et en matière de sécurité et de défense. Un argument qui semble balayé par Airbus Defence & Space.

Pourtant ce n'est pas la première fois que les Allemands jouent SpaceX au détriment de la société européenne Arianespace. C'est pourtant le concurrent le plus féroce de la gamme des lanceurs européens opérés depuis la Guyane (Ariane 5, Soyuz et le petit lanceur italien Vega). A l'été 2013, le ministère de la Défense allemand avait confié, avec la complicité des constructeurs de satellites Airbus Defence & Space et OHB, le lancement de trois satellites identiques d'observation gouvernementaux à la société SpaceX.

Sélectionné par l'ESA

En octobre 2011, ADS a été sélectionné par l'ESA en tant que partenaire, afin de concevoir, livrer et exploiter le système-relais ERDS, autoroute spatiale de l'information. En qualité de maître d'œuvre principal, ADS Allemagne fabriquera, détiendra, exploitera et cofinancera l'infrastructure du système. D'où le choix de SpaceX.

En outre, il mettra en place et fournira des services de transmission de données à l'ESA et à des clients tiers du monde entier. L'ESA, qui finance le développement de l'infrastructure, représente le client de référence par le biais des missions des satellites Sentinel. L'autoroute spatiale de l'information offre en effet des services de relais de données pour cette constellation, facilitant une liaison descendante rapide d'importants volumes d'images.