Thales : l'incroyable ascension de Patrice Caine

Par Michel Cabirol  |   |  767  mots
Patrice Caine sera le futur directeur général de Thales
Patrice Caine sera le directeur général de Thales. Il formera avec Henri Proglio, président du conseil d'administration, un tandem à la tête du groupe d'électronique.

Il fallait vraiment que l'État tienne beaucoup à Patrice Caine, le nouveau directeur général de Thales, pour accepter l'improbable come-back d'Henri Proglio en tant que président du conseil d'administration du groupe d'électronique. Car l'opération commando menée dans le plus grand secret pour le faire tomber à la tête d'EDF est bien désormais dans les annales de l'Etat, qui craignait sa réaction grâce à ses fameux réseaux dont tout le monde dit qu'ils sont puissants. Mais deux mois plus tard, Henri Proglio, un très proche de la maison Dassault, est finalement revenu par la fenêtre dans la sphère publique, l'État détenant 26,6 % de Thales. Abracadabrantesque... comme seul l'État en a le secret.

Pour Patrice Caine, l'heure de gloire est donc arrivée... à seulement 44 ans. Et si certains lui reprochent sa jeunesse, donc une possible inexpérience, ils devraient toutefois se rappeler qu'avant lui, de glorieux anciens comme Denis Ranque et Alain Gomez, ont été nommés PDG au même âge que lui. La valeur n'attend donc pas le nombre des années, y compris en France... Et s'il est nommé PDG, il devra toutefois préparer la dissociation des fonctions entre directeur général, fonction qu'il exercera, et président du conseil. En tant que numéro deux de Jean-Bernard Lévy, il a également fait le job et plutôt bien en faisant tourner pendant près de deux ans la maison Thales au poste de directeur général en charge des opérations et de la performance. Un poste clé dans la bonne marche du groupe et le respect des objectifs fixés en termes de performances.

Un tandem avec Henri Proglio

Proglio-Caine, un tandem improbable à première vue à la tête de Thales. Mais à y regarder de plus près, Henri Proglio connaît bien la famille Caine, notamment le père de Patrice Caine, selon le journal Marianne. En outre, le frère du futur directeur général a été longtemps l'un des grands barons du groupe Veolia quand Henri Proglio était à la tête du numéro un mondial de la gestion de l'eau et des déchets. Pour Dassault, cela vaut donc quitus. Henri Proglio a servi de passerelle entre Patrice Caine, qui était assuré du soutien de tout l'Etat y compris de l'Elysée, et les Dassault, dont il n'est pas la tasse de thé. Mais Henri Proglio n'est pas n'importe qui chez Dassault, il fait partie du comité des sages chargé de conseiller les héritiers de Serge Dassault. Pour l'ancien patron d'EDF, c'est aussi un joli pied de nez à l'Etat.

Beau gosse, Patrice Caine, marié à une styliste, est un homme apprécié au sein de Thales qu'il connaît bien, et même très bien. Il est arrivé en 2002 dans le groupe où il a rejoint la direction de stratégie après avoir été conseiller technique en charge de l'énergie au cabinet de Laurent Fabius (2000-2002). Il n'a d'ailleurs pas changé depuis qu'il a pris le job de directeur général en charge des opérations et de la performance même si le poste était à risques. Il a su séduire les équipes de Thales par sa connaissance des dossiers, par sa disponibilité et son ouverture d'esprit. Sa présence aux côtés de Jean-Bernard Lévy à l'arrivée de celui-ci, avait notamment rassuré en grande partie la maison Thales.

Une trajectoire sans faute de goût

Diplômé de l'École polytechnique et de l'École des mines de Paris, Patrice Caine a débuté sa carrière en 1992 dans le groupe pharmaceutique Fournier avant de devenir conseiller en fusions et acquisitions et stratégie d'entreprise au sein de la banque Chaterhouse à Londres.
De 1995 à 1998, il est chargé de mission auprès du préfet de région Franche-Comté et parallèlement chef de la division Développement Industriel et Energie à la Direction Régionale de l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE). De 1998 à 2000, il rejoint le conseil général des Mines, en charge des ressources humaines du corps des Mines. Parallèlement, il est responsable de la formation des ingénieurs-élèves des corps techniques de l'État à l'École des mines de Paris.

Il rejoint donc Thales en 2002. Il occupe de 2004 à 2012 des postes de direction dans différentes unités opérationnelles : communications tactiques, aéronautiques et navales, identification, navigation, radar, C4I Air, systèmes de défense aérienne et gestion du contrôle du trafic aérien.