On a souvent entendu à l'Assemblée nationale quelques noms d'oiseaux envoyés depuis les bancs mais Emmanuel Macron, en forme malgré l'heure tardive, a eu le mérite de relever lundi soir le niveau. Surtout en plein débat sur la privatisation de Nexter, un groupe public d'armement terrestre, qui a vocation à se rapprocher de son rival allemand Krauss-Maffei Wegmann.

Un débat qui l'a visiblement inspiré malgré le sujet, qui reste - il faut le dire - obscur pour le commun des mortels. Peut-être avait-il récemment relu les "Fleurs du mal" de Charles Baudelaire. A moins qu'il n'ait voulu citer une pièce latine de Terence.

Débattant avec Pierre Lellouche et Jean-François Lamour sur l'influence de Bercy sur son ministère, Emmanuel Macron a cité le poème de Baudelaire "L'héautontimorouménos", du grec ancien "celui qui se punit lui-même" : "Je ne peux pas être accusé d'être L'héautontimorouménos !" Un poème qui fait partie de l'ouvrage des "Fleurs du mal", notamment dans la première partie "Spleen et Idéal".

Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !

Macron est-il influencé par Sapin?

Voici le verbatim de cet échange savoureux entre les trois hommes politiques.

Pierre Lellouche : Vous vous laissez influencer par Bercy, et ce n'est pas bien, monsieur le ministre !

Emmanuel Macron : Non ! Par ailleurs, monsieur Lellouche, je dois à l'honnêteté de dire que les finances sont à la main de mon collègue Michel Sapin et que je me contente de l'économie.

Jean-François Lamour : Faites-lui passer le message !

Emmanuel Macron : Je ne suis là que dans mon rôle : je ne peux donc pas être accusé d'être L'héautontimorouménos !