Airbus Group : Tom Enders restreint le pouvoir des divisions

Par Michel Cabirol  |   |  634  mots
le président exécutif d'Airbus Group Tom Enders a décidé d'asseoir un peu plus son pouvoir sur les patrons des trois divisions
Le président exécutif d'Airbus Group Tom Enders a décidé d'asseoir un peu plus son pouvoir sur les patrons des trois divisions. Tout comme pour la finance et les ressources humaines pilotées depuis plusieurs années par la holding, il a décidé mettre sous la responsabilité d'Airbus Group toutes les compétences en matière de juridique, de compliance (conformité) et surtout de communication.

La décision est tombée brutalement il y a une semaine. Et elle est irrévocable, assure-t-on à La Tribune. Très "fana" de la Silicon Valley et de son management convivial, le président exécutif d'Airbus Group Tom Enders a pourtant décidé d'asseoir un peu plus son pouvoir sur les trois divisions et surtout leur patron respectif. Tout comme pour la finance et les ressources humaines pilotées depuis plusieurs années par la société mère, il a également décidé de mettre sous la responsabilité d'Airbus Group toutes les compétences en matière de juridique, de compliance (conformité) et surtout de communication, selon des sources concordantes. Une annonce pourrait être faite à la rentrée. Des compétences qui étaient jusqu'ici sous la responsabilité des patrons de division. Ce ne sera donc plus le cas. Les responsables de ces activités rapporteront directement la holding.

Plusieurs présidents avant Tom Enders, comme Philippe Camus, puis Noël Forgeard et, enfin, Louis Gallois avaient rêvé de mettre au pas petits et grands barons. C'est Major Tom qui va finalement l'exaucer. Il devient en quelque sorte imperator, qui était sous la république romaine le magistrat titulaire de l'imperium, c'est-à-dire le pouvoir suprême de commandement militaire et civil.  "Il veut tout contrôler et cette décision va y contribuer", résume-t-on pour La Tribune. Tom Enders a d'ailleurs été à très bonne école puisqu'en tant que patron d'Airbus, il était resté très indépendant quand Louis Gallois avait été le président d'EADS (devenu Airbus Group).

Le pouvoir des divisions réduit à la portion congrue

Les marges de manœuvres que gardaient encore les grands barons du groupe vont de fait s'envoler. Les patrons d'Airbus, Fabrice Brégier, d'Airbus Helicopters, Guillaume Faury, et, enfin, d'Airbus Defence and Space, Bernhard Gerwert, font aujourd'hui grise mine. "Clairement ils vont passer de chief executive officer à executive officer, analyse-t-on de façon grinçante en interne. Ils sont furieux". D'ailleurs, la pilule passe mal chez les trois patrons. Et même très mal. "Rainer Ohler (directeur de la communication d'Airbus Group, ndlr) à la manœuvre, Tom Enders à la baguette", soupire-t-on.

En outre, selon "Les Échos", Tom Enders a récemment décidé de joindre dans un même paquet à vendre - nom de code du projet : Orlando - l'essentiel des activités d'électronique de défense ainsi que celles de sécurisation des frontières. Une vente qui suscite, selon le quotidien économique, "bien des interrogations". Une information confirmée par Airbus Group.

Des résultats solides mais de nouvelles provisions sur A400M

Airbus Group a confirmé ses perspectives 2015 malgré une nouvelle charge sur son avion de transport militaire A400M, après un bond de 34% de son bénéfice net au premier semestre et une nouvelle progression de son chiffre d'affaires. "Les résultats à la moitié de l'année confirment que nous faisons de bons progrès opérationnels. Nous pouvons clairement confirmer que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs 2015", a déclaré le président exécutif, Tom Enders.

Le résultat net ressort à 1,5 milliard d'euros, malgré une charge de 290 millions liée à l'A400M compensée par un gain net de 748 millions issu de la vente de 18,75% de Dassault Aviation. Le groupe avait déjà passé l'an dernier une provision liée à l'A400M de 551 millions d'euros. Le chiffre d'affaires a augmenté de 6%, à 28,9 milliards d'euros grâce aux livraisons d'avions commerciaux et au renforcement du dollar, et l'Ebit (bénéfice d'exploitation) avant éléments non récurrents a progressé de 6%, à 1,88 milliard d'euros. Enfin, les prises de commandes ont presque doublé, à 53,9 milliards d'euros, et le carnet de commandes s'élève à 927 milliards d'euros au 30 juin (fin 2014: 858 milliards d'euros).