Airbus : mais où sont les 10% de rentabilité promis par Tom Enders ?

Par Michel Cabirol  |   |  591  mots
"Nous allons renforcer la rigueur sur les coûts et la qualité", avait fait valoir le président d'EADS en 2013. C'est encore raté en 2016 : 2,2 milliards d'euros de provisions pour l'A400M et 385 millions pour l'A350
Tom Enders avait promis en 2013 d'atteindre 10% d'EBIT en 2015. Pas plus en 2015 qu'en 2016, il n'a pu tenir sa promesse en atteignant cet objectif. Airbus en est loin, très loin

Tom Enders avait promis en 2013 d'atteindre 10% d'EBIT en 2015. "Nous serons impitoyables sur la marge de 10 %", avait-il alors annoncé lors du salon aéronautique du Bourget. Pas plus en 2015 qu'en 2016, il n'a pu tenir sa promesse. Airbus est loin, très loin d'atteindre cet objectif. Ainsi le groupe européen a enregistré une marge opérationnelle de 6,7% en 2014, son plus haut niveau depuis l'arrivée de Tom Enders au commandes du groupe. Elle s'est ensuite effritée en 2015 à 6,4%, puis à moins de 6% en 2016 (5,9%). Ainsi le résultat opérationnel (EBIT) ajusté s'est établi à 3,96 milliards d'euros l'année dernière, en repli de 4% par rapport à 2015.

En 2013, première année pleine aux commandes d'EADS (devenu Airbus), Tom Enders  avait promis de renforcer la qualité des produits et des services livrés aux clients. "Nous allons renforcer la rigueur sur les coûts et la qualité", avait alors fait valoir le président d'EADS. C'est encore raté en 2016 : 2,2 milliards d'euros de provisions pour l'avion de transport militaire européen A400M et 385 millions pour l'A350. Le nouveau gros porteur d'Airbus a dérapé en 2011 (200 millions d'euros de provisions), 2012 (124 millions) et 2013 (434 millions). Sans oublier l'A380 : 334 millions sur deux ans (2012 et 2013).

L'A400M, le cauchemar financier d'Airbus

Depuis son arrivée de Tom Enders d'Airbus, le programme A400M n'est pas vraiment maîtrisé. Il génère régulièrement des provisions (841 millions en 2014 et 2015). Soit trois milliards en trois ans. C'est même une habitude depuis 2007, première année où le groupe a dû prendre des livraisons au titre de ce programme cauchemardesque. Mais l'arrivée en juin 2016 de l'ancien patron des essais en vol d'Airbus Fernando Alonso à la tête de la division Avions militaires d'Airbus Defence & Space a semblé redonner espoir aux clients, notamment français. Le gouvernement allemand a en revanche demandé pour sa part qu'Airbus "règle son problème" avec l'avion militaire.

Airbus a annoncé ne pas anticiper à ce stade de nouvelle charge pour l'A400M cette année, au cours de laquelle il compte livrer plus de 20 appareils, après seulement 17 en 2016, soit moins que prévu. Près de sept ans après un renflouement massif du programme, Airbus doit de nouveau négocier avec les Etats clients pour les rassurer sur le calendrier de livraisons et les capacités militaires réelles de l'avion, qui a rencontré de nouveaux problèmes de moteur.

"Nous croyons sincèrement que si nous arrivons à nous entendre de manière raisonnable, nous devrions parvenir à bien mieux faire évoluer le programme afin d'arrêter ou de réduire l'hémorragie qui affecte l'ensemble du groupe", a expliqué le président exécutif Tom Enders, cité mercredi dans le communiqué de publication des résultats. Un air de déjà entendu...

Tom Enders a tenu parole pour le dividende

Tom Enders avait promis en 2013 de mieux servir les actionnaires du groupe. Il a tenu parole. Le conseil d'administration d'Airbus proposera lors de l'assemblée générale annuelle le versement d'un dividende de 1,35 euro par action pour 2016, le 20 avril 2017 (2015 : 1,30 euro par action).

"Nous entendons honorer notre engagement d'augmenter le dividende par action de façon durable en proposant ce versement, qui est d'environ 4 % supérieur à celui de 2015. Cette valeur sort exceptionnellement de la fourchette habituelle de la politique de dividende. Elle est basée sur nos performances sousjacentes de 2016 et témoigne de notre confiance dans nos perspectives de création de valeur opérationnelle", a estimé le directeur financier d'Airbus, Harald Wilhelm. A condition de mieux maîtriser les programmes...