Après le départ de Lahoud, la défense veut un interlocuteur français de haut niveau chez Airbus

Par Michel Cabirol  |   |  735  mots
"Nous voulons un correspondant France, qui soit au comité exécutif d'Airbus et qui soit le Français plus élevé dans la hiérarchie d'Airbus, a exigé le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon.
Le Délégué général pour l'armement Laurent Collet-Billon exige qu'un Français succède à Marwan Lahoud dans le cadre des relations entre Airbus et le ministère de la Défense. Il devra être le Français le plus haut dans la hiérarchie d'Airbus. Fabrice Brégier?

La direction générale de l'armement (DGA) veut un successeur français à Marwan Lahoud dans le cadre de la relation entre le ministère de la Défense et Airbus. Avec le départ brutal du directeur général délégué en charge de l'international, de la stratégie et des affaires publiques d'Airbus, le ministère de la Défense, dont notamment la DGA, a perdu son correspondant attitré qui faisait l'interface dans leurs relations dans le domaine de la défense (lancement et suivi des grands programmes défense d'Airbus, relations institutionnelles...).

"Nous voulons un correspondant France, qui soit au comité exécutif d'Airbus et qui soit le Français plus élevé dans la hiérarchie d'Airbus, a exigé le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon, à l'occasion de la présentation des résultats 2016 de la DGA. Ce ne serait pas admissible de pas avoir un correspondant français".

Pourquoi un Français? "Il y a des dossiers (chez Airbus, ndlr) qui ne relèvent que du 'spécial France' et qui ne peuvent être discutés qu'avec un Français", a expliqué Laurent Collet-Billon. Et d'asséner, "il faut que les dirigeants d'Airbus s'en rendent compte". Il ne reste que trois Français au comité exécutif d'Airbus (sur 12 après le départ de Marwan Lahoud) : Fabrice Brégier, le patron des opérations et président d'Airbus Commercial, Guillaume Faury, le PDG d'Airbus Helicopters, et Thierry Baril, le directeur des ressources humaines du groupe. Dans la logique de Laurent Collet-Billon, Fabrice Brégier est l'homme tout désigné pour être le nouvel interlocuteur de la DGA.

Pas de réunion le 30 mars avec Tom Enders sur l'A400M

Le patron d'Airbus Tom Enders va devoir patienter sur le programme A400M. Dans une lettre adressée aux sept pays clients de l'A400M, il demandait une réunion des ministres de ces pays pour prendre la mesure de la situation et convenir des prochaines étapes dans l'intérêt de la poursuite du programme, des gouvernements clients et du secteur européen de la défense. C'est raté. Alors qu'il avait été initialement invité par le secrétaire d'État à la Défense espagnol Agustin Conde, cette réunion prévue de longue date et qui devait se ternir le 30 mars à Madrid a été finalement annulée. Airbus a passé une lourde provision de 2,2 milliards pour son avion de transport stratégique. Soit au total trois milliards en trois ans.

"Nous avons pris bonne note" de ce courrier qui demande un agencement du contrat A400M mais ce n'est pas du ressort des secrétaires d'État et des responsables des programmes d'armement, a expliqué Laurent Collet-Billon. "On a demandé à l'OCCAR de se pencher sur la question, a-t-il confirmé. Ce sera un travail important et nous souhaitons qu'il soit détaillé et profond en coopération avec Airbus". D'autant, a-t-il rappelé, que les sept pays doivent être "unanimement d'accord pour modifier le contrat". Et de conclure avec le sourire que "cela pourrait prendre un certain temps".

La France veut que Fernando Alonso reste sur l'A400M

C'est un nouveau témoignage très fort en faveur de Fernando Alonso, le patron de la division Avions militaires d'Airbus Defence & Space. Laurent Collet-Billon a affirmé que Fernando Alonso faisait du bon travail et qu'il était "à l'écoute en répondant aux attentes" des clients. "Nous souhaitons que cela dure", a-t-il averti. Au sein de la DGA, on se félicite également de l'arrivée il y a deux ans de Fernando Alonso. Laurent Collet-Billon a d'ailleurs rappelé qu'il avait constaté des "progrès techniques significatifs dans le domaine des capacités tactiques" de l'A400M.

"Ils font les courriers qu'ils veulent", a fait valoir jeudi dernier à Orléans le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, sous-entendant qu'il ne se sentait pas concerné. Dans son entourage, on estime que cette lettre, qui n' a "pas été personnalisée", est "maladroite" sur le fond comme sur la forme et le timing. D'autant que la France, comme l'a rappelé Jean-Yves Le Drian dans son discours, "a toujours eu confiance dans ce programme", y compris "dans les moments difficiles, comme ceux qui ont suivi le crash de Séville". D'ailleurs, "La France a été le seule à poursuivre les vols de ses A400M", a-t-il fait observer.