Arianespace : ce que proposent les industriels pour racheter la participation du CNES

Par Michel Cabirol  |   |  597  mots
L'avenir d'Arianespace pourrait se décider ce mercredi
Selon des sources concordantes, Airbus Safran Launchers pourrait racheter la participation du CNES dans Arianespace pour une centaine millions d'euros. A condition que le Premier ministre Manuel Valls donne son feu vert.

Ça chauffe, ça chauffe. Une réunion importante, sinon cruciale, est prévue ce mercredi à Matignon pour décider de la vente ou non de la participation que le CNES détient dans Arianespace (34,68 %) au profit d'Airbus Safran Launchers (ASL). Les négociateurs de l'Etat et d'ASL ont négocié jusqu'à mardi soir pour trouver un accord acceptable pour les deux parties. Il reste maintenant à obtenir le feu vert politique pour cette opération du Premier ministre Manuel Valls. Ce qui n'était pas encore gagné.

Une centaine de millions pour acheter Arianespace

Les industriels ont finalement fait un effort financier pour mettre la main sur Arianespace. Alors qu'initialement ils considéraient que la société européenne de service de lancement valait zéro euro, ils sont désormais prêts à mettre sur la table une centaine de millions d'euros, selon des sources concordantes. C'est le prix "politique" pour racheter la participation du CNES dans Arianespace, estiment-ils. Ils sont également prêts à payer une partie du coût des installations du Centre spatial guyanais (entre 30 et 40 millions d'euros) alors qu'ils demandaient pourtant sa gratuité il y a peu de temps encore. Ils souhaitent toutefois avoir des garanties sur une stabilité de cette contribution.

En revanche, les industriels ne veulent pas payer la totalité des 800 millions d'euros qu'il manque pour le développement d'Ariane 6. Une somme que le PDG d'ASL Alain Charmeau avait réclamé fin janvier à l'Agence spatiale européenne (ESA) en demandant une hausse de la participation des Etats. Mais l'ESA avait confirmé aux Etats membres que le coût de développement du futur lanceur européen s'élevait à 3,215 milliards d'euros, et non à 4 milliards comme le souhaitaient les industriels dans son courrier adressé au directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain. Pour autant, ils sont prêts à prendre à leur charge la moitié des 800 millions qui pourraient être compensés par des économies. Mais pas question de payer la totalité.

Les salariés d'Arianespace opposés à la vente

Les salariés d'Arianespace sont toujours réservés par rapport à cette opération. C'est ce qu'ils ont écrit à Manuel Valls. "Il est illusoire de penser que la création d'ASL lui permettra d'aboutir à un modèle économique aussi rentable", que SpaceX, expliquent-ils dans ce courrier. "En effet, si la joint-venture verticalise le modèle européen, il parait en revanche difficile d'imaginer qu'elle puisse un jour regrouper en un seul lieu, comme SpaceX, l'ensemble de ses sites de production éclatés en Europe. Le modèle proposé par ASL est comparable à celui des sociétés américaines Boeing et Lockheed Martin dont les sites de production sont répartis dans les différents états américains et dont les coûts de production restent bien plus élevés que ceux de SpaceX".

 Ils estiment qu'il est "essentiel de valider que la création d'ASL réduira effectivement les coûts de manière importante avant d'aller plus loin dans le schéma proposé. Or à ce stade, aucun élément quantifié n'ayant été présenté, on peut craindre que la rentabilité attendue résulte avant tout d'une réduction des effectifs de la filière". En outre, ils ont des craintes sur l'emploi, un tiers des salariés d'Arianespace pourrait faire leurs cartons, selon des sources concordantes. Pour autant, les industriels auraient également fait des efforts pour présenter une offre acceptable sur le plan de l'emploi, notamment dans la ville de Manuel Valls, à Evry. C'est désormais au Premier ministre de trancher entre deux modèles, un partenariat public-privé comme actuellement ou tout privé.


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