Armement : Paris et Rome embarquent sur un projet de coopération dans le naval

Par Michel Cabirol  |   |  557  mots
Fincantieri va-t-il prendre 50% d'un ensemble composé de STX et Naval Group?
Le projet de rapprochement entre STX, Naval Group et Fincantieri avance. La France va-t-elle sacrifier ses intérêts au profit d'une coopération européenne en donnant à Fincantieri 50% d'un ensemble composé de STX et des bâtiments de surface de Naval Group?

La France et l'Italie "avancent" dans leur projet de constituer un champion européen dans le domaine des bâtiments de surface civils et militaires, selon la ministre des Armées, Florence Parly.  Ce projet permet à la fois au gouvernement français de démontrer sa volonté de privilégier l'Europe de la défense dans le domaine industriel et également de rattraper les effets désastreux de l'annonce de la nationalisation de STX auprès de Rome. Ce dossier sera au centre du prochain sommet italien prévu le 27 septembre prochain. L'industrie de défense "est un des catalyseurs de l'Europe de la défense", a d'ailleurs rappelé la ministre des armées.

"Je travaille actuellement à la constitution d'une alliance entre les industries navales militaires française et italienne, dans le domaine des bâtiments de surface, avec l'ambition de constituer à terme un leader mondial, a souligné mardi à Toulon lors de son discours de clôture de l'université d'été de la défense Florence Parly. Ce projet ambitieux avance, en concertation étroite avec les industriels concernés ; j'aurai l'occasion d'y revenir dans les prochaines semaines".

Début août, les gouvernements français et italien avaient déjà exprimé leur intention commune de "dépasser leurs différences sur l'équilibre de la structure du capital de STX". Paris et Rome avaient ainsi exprimé leur souhait de faciliter la "création d'une industrie navale européenne plus efficace et plus compétitive" dans le domaine civil et militaire. Comment ? En rapprochant "les forces de Fincantieri, de STX et de Naval Group" ce qui "permettrait de créer un leader européen global qui aura pour objectif d'être le plus grand exportateur sur les marchés civils et militaires, avec une activité significative dans les systèmes et les services", avait expliqué un communiqué commun de la France et de l'Italie.

Une opération en deux temps ?

Faut-il rapprocher l'industrie navale française et italienne en deux fois? Faut-il donc lancer l'opération entre Fincantieri et STX, puis rapprocher STX/Fincantieri des bâtiments de surface de Naval Group. C'est la voie suivie semble-t-il par le ministère de l'Economie français, qui avait déclaré début août que "la participation de Fincantieri dans STX France sera définie en ligne avec son rôle leader d'opérateur industriel". C'est également la voie poursuivie par Naval Group très enthousiaste pour ce projet en deux temps. Son PDG Hervé Guillou n'a jamais caché sa volonté de rapprocher son groupe d'un acteur européen. Naval Group avait d'ailleurs déjà travaillé à l'été 2015 à un rapprochement avec Fincantieri, puis en 2016. Une opération qui n'avait pas eu le feu vert de Thales, actionnaire du groupe naval (35%), ni de l'Etat (62,49%).

 "Si nous sommes capables de construire ce grand ensemble industriel franco-italien dans les prochaines semaines, nous aurons fait un grand pas en avant pour la France, l'Italie et l'Europe", avait déclaré début août Bruno Le Maire au quotidien italien la Corriere della Sera.

Il faudra toutefois vérifier que cette opération en deux temps ne brade pas les intérêts français au profit de l'industrie italienne. Car Fincantieri pourrait au final ne pas valoir 50% d'un ensemble composé par STX et des bâtiments de surface de Naval Group. A suivre.