Ça cloche pour une horloge d'un satellite Galileo...

Par Michel Cabirol  |   |  705  mots
Galileo, le programme le plus emblématique de l'Europe, devrait coûter 10,2 milliards d'euros, dont la moitié avait été dépensée à fin 2013
L'Agence spatiale européenne (ESA) est confrontée à une panne inquiétante sur l'une des horloges embarquées dans l'un des satellites de la constellation Galileo en orbite. Ariane 5 devrait mettre ce jeudi en orbite quatre satellites supplémentaires.

Le programme européen Galileo est-il à risque alors que le système est proche d'une mise en service? L'Agence spatiale européenne (ESA) est confrontée à une panne inquiétante dans l'un des programmes les plus emblématiques de l'Europe. Une des horloges embarquées à bord d'un satellite de la constellation Galileo déjà en orbite serait tombée en panne, selon des sources concordantes. L'ESA a bien identifié le problème mais pas la cause. Elle ne serait pas capable pour le moment d'expliquer le pourquoi de la défaillance qui toucherait un type d'horloges embarquées, explique-t-on à La Tribune.

L'Agence spatiale européenne "poursuit ses investigations", précise-t-on. Est-ce l'horloge fabriquée par le groupe Orolia, qui est défaillante ou l'environnement du satellite qui provoquerait cette panne? L'inquiétude est d'autant plus grande que personne ne sait non plus si la panne reste exceptionnelle ou touche tout ou partie de la constellation. Certains estiment que la panne ne serait pas circonscrite à un seul satellite.

Galileo localise des éléments mobiles au mètre près

La défaillance d'une des horloges des satellites de la constellation sous maîtrise d'oeuvre de l'entreprise allemande OHB, est loin d'être anecdotique. Car une fois en service, les utilisateurs de Galileo (pilotes d'avion, sécurité civile, militaires...) identifieront leur position grâce à de petites unités captant les signaux émis par les satellites.

En combinant les mesures effectuées par plusieurs satellites, ces unités pourront déterminer la position de l'utilisateur au mètre près. C'est ce qui fait la force de la constellation Galileo, car elle offre un meilleur positionnement que le GPS américain, son concurrent.

Quatre horloges à bord d'un satellite Galileo

Les satellites de la constellation Galileo embarquent deux types d'horloges : des masers à hydrogène passif et des horloges atomiques au rubidium. Plus précisément, chacun d'entre eux sera équipé de deux masers à hydrogène dont l'un sert de référence principale pour la génération des signaux de navigation tandis que le second sera utilisé en redondance passive. Ce type d'horloge assure une précision de l'ordre de la nanoseconde (soit un milliardième de seconde) par 24 heures. Ce qui équivaut à perdre ou gagner une seconde tous les 2,7 millions d'années, selon l'ESA. "Cela signifie donc que les horloges masers à hydrogène passif de Galileo seront environ un milliard de fois plus précises qu'une montre classique", explique l'Agence spatiale européenne.

Chaque satellite opérationnel emporte également deux horloges au rubidium. La première, utilisée en redondance active (ce qui signifie qu'elle fonctionne en permanence) prend immédiatement la relève du maser à hydrogène  en cas de panne. Ce qui permet d'éviter toute interruption dans la génération du signal. La seconde horloge au rubidium sera utilisée en redondance passive. Les horloges au rubidium fournissent quant à elles, une précision de 10 nanosecondes par jour. À titre de comparaison, un bracelet-montre numérique ordinaire présente une précision d'environ une seconde par jour.

Un programme à plus de 10 milliards d'euros

Sur les quatorze satellites Galileo, huit seulement seraient actuellement opérationnels. Les quatre premiers (IOV) ne le seraient plus tandis que deux autres ont été lancés sur une mauvaise orbite. Heureusement, 2015 aura été pour le programme l'année de son véritable envol. Trois lancements Soyuz réussis, six satellites mis sur la bonne orbite. Ce jeudi, Ariane 5 (dans une configuration ES) devrait mettre en orbite quatre satellites supplémentaires. Ce qui permettra de mettre - enfin - le système Galileo partiellement en service.

Le programme Galileo devrait coûter au total 10,2 milliards d'euros, dont la moitié a déjà été dépensée à fin 2013, selon une évaluation rendue publique en janvier par la Cour des comptes. Soit "trois fois le coût initialement prévu", selon les sages de la rue Cambon, en raison "d'une combinaison de déboires techniques, mais aussi d'une conduite de projet peu performante". Lorsque le programme a été approuvé par le Conseil en 1999, Galileo devait être mis en service en 2008. Finalement, seize ans après son lancement, l'exploitation de Galileo avec une constellation complète est repoussée à 2021. Soit avec un retard de 13 ans.