Comment Florence Parly compte défendre le budget des armées

Par Michel Cabirol  |   |  754  mots
Florence Parly va montrer comment son budget irrigue le tissu industriel de l'armement au moment où les Français souhaitent des économies dans le domaine de la défense. (Crédits : GONZALO FUENTES)
Florence Parly va visiter trois sites industriels cette semaine et annoncer plusieurs contrats. La ministre entend rappeler que son budget irrigue le tissu industriel de la défense et pérennise l'emploi dans les régions.

Hasard ou coïncidence : la séquence industrielle de Florence Parly prévue cette semaine tombe vraiment très bien. Elle va lui permettre de montrer comment son budget irrigue le tissu industriel et préserve l'emploi dans l'armement au moment où les Français prônent des économies dans la défense dans le cadre du grand débat organisé par Emmanuel Macron. "La défense démontre que l'argent des Français, c'est de l'argent qui revient dans l'économie et irrigue le tissu économique", confirme l'entourage de Florence Parly. La ministre des Armées va d'abord visiter ce lundi le site de Thales, à Limours (Essonne) où elle doit assister à la sortie des chaînes de production du premier radar Sea Fire 500 - beaucoup  plus performant que le précédent -, des futures frégates de défense et d'intervention (FDI, ex-FTI), et, plus tard, du porte-avions Charles-de-Gaulle en remplacement du radar Arabel.

Le groupe d'électronique a développé ce nouveau radar doté de quatre panneaux fixes, d'une portée de 500 km autour d'un navire de guerre et pouvant surveiller jusqu'à 1.000 cibles (contre 500 aujourd'hui). Thales doit en fabriquer cinq exemplaires pour équiper les FDI, dont les deux premières frégates seront livrées avant 2025 (la première en 2023) à la Marine nationale. Ce contrat de 450 millions d'euros pour le développement et la fabrication de cinq radars permet "l'emploi de 300 personnes", selon l'entourage de Florence Parly. Cet investissement de l'Etat français maintient également Thales dans le top trois des radaristes mondiaux derrière les américains Raytheon et Lockheed Martin et numéro un européen.

Thales obtient deux contrats dans le spatial

Florence Parly n'arrive pas non plus les mains vides chez Thales. La ministre a décidé la semaine dernière lors d'un comité ministériel d'investissement (CMI) la notification de deux contrats importants dans le domaine spatial en faveur du groupe présidé par Patrice Caine. Le premier contrat de 492 millions d'euros porte sur la réalisation du segment sol du système Syracuse 4 (trois satellites, dont le premier sera lancé en 2020, le deuxième en 2022 et le troisième en 2028). Thales devra équiper d'un récepteur (une antenne) les Rafale F4, qui seront qualifiés en 2023, les véhicules blindés Griffon, les frégates de premier rang FDI, les pétroliers-ravitailleurs...

D'une importance stratégique pour l'autonomie stratégique de la France, le second contrat de 272 millions d'euros porte sur la réalisation de boîtiers OMEGA, des équipements de navigation par satellite des armées pour les Rafale, les frégates FDI et les Griffon notamment. Cette capacité de géolocalisation sera capable d'utiliser les signaux GPS et Galileo, et de résister aux interférences comme le brouillage. Faut-il rappeler que les navires russes brouillent régulièrement le signal GPS en mer Méditerranée. Ces boîtiers OMEGA sont donc censés apporter une résilience pour les systèmes d'armes français utilisant le GPS.

Visite de Kership et de la PME Ufast

Puis Florence Parly sera vendredi à Concarneau (Kership) et Quimper (Ufast). Chez Piriou, où est située la société commune avec Naval Group (Kership), la ministre va célébrer l'obtention de deux contrats export importants pour la pérennité de l'entreprise : quatre OPV (patrouilleurs), dont un d'occasion (L'Adroit), vendus à l'Argentine (300 millions d'euros) et douze chasseurs de mines pour la Belgique et les Pays-Bas (moins de 2 milliards d'euros). Elle va symboliquement découper la première tôle du premier OPV argentin... même si un premier bloc a déjà été fabriqué. Deux succès à l'export "Made in France".

Chez Ufast, une petite PME de 40 personnes, Florence Parly va annoncer l'acquisition de douze vedettes de protection et de défense maritime et portuaire (VPDMP), destinées aux fusiliers-marins. Ces vedettes blindées - une nouveauté - en coque composite d'une quinzaine de mètres (13 tonnes) et pouvant naviguer jusqu'à 40 nœuds (80 km/h), vont permettre de protéger les approches portuaires maritimes des bâtiments de la Marine nationale. Livrées à partir d'octobre 2019, elles équiperont les ports de Cherbourg, Brest, Toulon et Djibouti. Le contrat, qui s'élève à 12 millions d'euros, va faire vivre "30 personnes à temps plein pendant trois ans", rappelle-t-on dans l'entourage de Florence Parly. Une façon de démontrer très concrètement aux Français que le ministère des Armées redistribue dans les régions les crédits de son budget en hausse de 1,7 milliard d'euros en 2019 (35,8 milliards d'euros).