Comment Le Drian a mis en musique la nouvelle programmation militaire

Par Michel Cabirol  |   |  731  mots
Les commandes des quatre avions de transport militaire américains C130 et des frégates de taille intermédiaire (FTI) vont être engagées très rapidement
Plus de six mois après l'actualisation de la loi de programmation militaire, le ministère de la Défense a passé la plupart des commandes d'équipements qui étaient prévues dans ce cadre.

Qu'a donc fait Jean-Yves Le Drian du 1,5 milliard d'euros dégagé pour l'achat de nouveaux matériels afin de répondre aux urgences opérationnelles dans le cadre de l'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM) décidée en mai dernier? Plus de six mois après, le ministère de la Défense a passé la plupart des commandes, notamment fin 2015. D'autres commandes comme les quatre avions de transport militaire américains C130 ainsi que les frégates de taille intermédiaire (FTI) vont être engagées très rapidement. Ces commandes sont une des traductions de l'effort sur les équipements décidée dans le cadre de l'actualisation de la LPM 2014-2019.

Sur cette enveloppe de 1,5 milliard, 1 milliard d'euros était notamment dégagé par des redéploiements budgétaires en raison d'une évolution favorable des indices économiques (inflation par exemple).

Une flotte d'hélicoptères renforcée

Le ministre avait promis de renforcer le parc d'hélicoptères de l'Aviation légère de l'armée de terre (ALAT) en achetant des hélicoptères de combat Tigre et de transport NH90 dans sa version terrestre (TTH). Ces acquisitions permettront de renforcer la flotte des appareils afin de tenir compte des exigences des opérations aéroterrestres sur la bande sahélo-saharienne. C'est fait.

Le 17 décembre, la direction générale de l'armement (DGA) a commandé sept Tigre dans la version HAD (appui-destruction) supplémentaires  à Airbus Helicopters. Cette acquisition permettra à l'armée de Terre de disposer d'un parc de 67 Tigre (au lieu de 60 machines) dans le cadre de LPM. Puis le 30 décembre, la DGA a passé commande de six NH90 Caïman auprès du consortium NHI, composé d'Airbus Helicopters, d'AgustaWestland et de Fokker.

Une commande de quatre C130 en préparation

La France a confirmé une commande pour huit avions ravitailleurs Airbus A330MRTT, pour un montant d'environ 1,2 milliard d'euros, dans le cadre d'un contrat pluriannuel signé en novembre 2014, a annoncé le président d'Arbus Group, Tom Enders. "Ces appareils constituent la deuxième tranche d'un contrat de fourniture annoncé en 2014 portant sur 12 avions", a précisé par la suite Airbus Defence and Space. Le ministère souhaitait avancer la livraison des trois derniers avions ravitailleurs MRTT en les échelonnant entre 2018 et 2025. Une opération destinée à maîtriser le risque d'un arrêt brutal d'une flotte actuelle de KC135 dont la moyenne d'âge est déjà très élevée (51 ans).

En outre, la France devrait très rapidement commander quatre C130 à Lockheed Martin. Cette acquisition "permettra de renforcer nos capacités de transport aérien tactique, qui sont excessivement sollicitées", avait expliqué Jean-Yves Le Drian le 4 juin à l'Assemblée nationale. Le 1er janvier, le ministre avait confirmé sur une base avant projetée (BAP) en Jordanie que "l'acquisition attendue a été confirmée par mes soins il y a quelques jours". La commande est imminente. La facture se monte à environ 640 millions de dollars, dont 100 millions de TVA alors que le ministère n'avait provisionné initialement que 330 millions d'euros.

La frégate FTI en approche

Cette enveloppe de 1,5 milliard devait permettre d'avancer le programme FTI. Le ministère a donné en novembre son feu vert au lancement du programme lors d'un comité ministériel d'investissement (CMI). Parallèlement, le CMI a lancé la modernisation des frégates dites La Fayette (FLF) en attendant l'arrivée des premières FTI à partir de 2023 dans la marine nationale. Les FTI déplaceront 4.000 tonnes environ (contre 6.000 tonnes pour les FREMM). Un format qui correspond beaucoup plus que les FREMM au marché export à l'image des frégate La Fayette (6 vendues à Taïwan puis à Singapour et 3 à l'Arabie Saoudite).

La LPM actualisée prévoyait également l'acquisition patrimoniale de quatre bâtiments de servitude BSAH (Bâtiment de Soutien et d'Assistance Hauturier), prévus pour être utilisés par la Marine nationale dans le cadre de l'emploi des forces et dans le domaine de l'action de l'Etat en mer. En août, la DGA a notifié au groupement mené par les chantiers navals Piriou, auxquels sont associés Kership et DCNS, la réalisation des quatre bâtiments. Enfin, la marine avait obtenu la livraison d'un quatrième bâtiment de type B2M (Bâtiment multimission) destiné à renforcer la capacité de la France à faire respecter sa souveraineté sur tous les océans. Elle attend toujours une commande.