Dassault Aviation, un avionneur centenaire qui se réinvente un avenir

Par Michel Cabirol  |   |  945  mots
Dassault Aviation est au centre de plusieurs grands programmes européens et nationaux, qui le confortent à moyen et long terme
Dassault Aviation reste au centre du jeu de l'aéronautique militaire européenne, en étant le maître d'oeuvre du système de combat aérien du futur (SCAF).

L'avionneur centenaire Dassault Aviation est en train de se forger un très bel avenir. Ce qui n'était pas forcément écrit d'avance mais, comme souvent, le constructeur du Rafale et des avions d'affaires Falcon a su forcer les portes et mettre tous les récalcitrants au pas. Dassault Aviation reste donc bien au centre du jeu de l'aéronautique militaire européenne, en étant le maître d'oeuvre du système de combat aérien du futur (SCAF), un système de systèmes, qui aurait pu s'offrir à un électronicien ou à Airbus. Cela n'a pas été le cas. Pour décoller véritablement, il doit encore mener à bien les études SCAF et obtenir le lancement d'un démonstrateur de l'avion de combat du futur au Salon du Bourget

L'avionneur tricolore est également au centre de plusieurs programmes européens et nationaux, qui le confortent à moyen et long terme. C'est le cas du drone MALE européen mais aussi du lancement des travaux de développement du standard F4 du Rafale, du choix par le ministère des Armées de la plateforme Falcon pour porter la Charge universelle de guerre électronique (CUGE) et, enfin, du renouvellement de la flotte française d'avions de surveillance maritime (SURMAR) sur la base d'une plateforme de Falcon 2000LXS (pré-étude notifiée). Sans oublier que Dassault Aviation souhaite jouer un rôle dans le spatial en faisant valoir ses compétences. Il a déjà obtenu un contrat d'études pour le véhicule de retour d'orbite réutilisable Space Rider de l'Agence spatiale européenne (ESA), dont le premier vol est planifié en 2021. Dassault Aviation est responsable du dessin des formes du véhicule.

Dans l'aviation d'affaires, Dassault reprend la main

Dans le civil, Dassault Aviation se réinvente également un avenir après un très long passage à vide. Son PDG, Eric Trappier, a deux défis à ne pas manquer : après les déboires du 5X finalement arrêté, il doit réussir le développement du Falcon 6X pour une entrée en service en 2022 et confirmer le lancement du futur Falcon. L'avionneur a enfin mis un terme à l'effritement inexorable de son carnet de commande depuis dix ans. Il a vendu 42 Falcon en 2018 (52 commandes et annulation des 10 derniers Falcon 5X) et en a livré 41. En 2017, 38 Falcon avaient été commandés. Fin 2018, le carnet de commandes s'élevait à 53 Falcon (sans aucun Falcon 5X) contre 52 Falcon fin 2017. Un mieux qui demande évidemment confirmation.

Dans la maintenance, Dassault Aviation a décidé de redevenir "souverain". Il a souhaité développer sa présence et ses capacités de maintenance Falcon à travers le monde afin de ramener cette activité dans son propre réseau afin d'en maîtriser la qualité et de gérer en direct la relation clients sur toute la durée de maintenance des avions. Il renforce également  son empreinte commerciale notamment en Europe, Afrique, Moyen-Orient et Asie/Pacifique. Surtout, il veut éliminer le risque qu'un concurrent ne devienne le principal maître d'œuvre de la maintenance de ses avions. Dans ce cadre, l'avionneur a fait l'acquisition des activités de maintenance de deux sociétés aéronautiques (ExecuJet et TAG Aviation).

Un bel avenir à court terme

Dassault Aviation prévoit une activité en "forte hausse" en 2019 grâce aux livraisons des Rafale (26 appareils à l'export) et des Falcon (45), dont les prises de commandes se sont améliorées avec un regain d'activité, notamment en Amérique du Nord. "Il y a une dynamique aux Etats-Unis" dans l'aviation d'affaires, a souligné Eric Trappier. "Cette dynamique s'est traduite effectivement par un marché plus actif aux Etats-Unis en ce qui concerne les Falcon et les +business jets+ en général"

Fin 2018, le carnet de commandes atteignait 19,3 milliards d'euros (contre 19,4 milliards d'euros fin 2017) : 14,2 milliards pour la défense Export (36 Rafale pour l'Inde, 36 Rafale pour le Qatar et 1 Rafale pour l'Égypte), 3 milliards pour la défense France (28 Rafale notamment) et, enfin, 2,1 milliards d'euros pour les Falcon. Un carnet de commandes stable grâce aux prises de commandes de 2018 (5 milliards d'euros contre 3,2 milliards d'euros en 2017). La part des prises de commandes à l'exportation s'élevait à 80%. En Inde, Dassault Aviation a répondu en juillet 2018 à la demande officielle d'informations de l'Inde pour la fourniture de 110 avions à l'Indian Air Force, et en mai 2017 à celui pour 57 avions de combat à la marine indienne.

Des résultats financiers en hausse

Le résultat opérationnel 2018 s'est élevé à 669 millions d'euros (contre 357 millions d'euros en 2017). Soit une marge opérationnelle qui s'est s'établi à 13,2% (contre 7,3% en 2017). Hors l'indemnité perçue de la part de Safran pour un montant de 280 millions de dollars suite à la résiliation du contrat du moteur Silvercrest, la marge opérationnelle serait de 9,2%. L'amélioration de la marge opérationnelle s'explique également par la reprise du marché de l'aviation d'occasion ainsi que par l'amélioration du taux de couverture (1,19 $/€ en 2018 contre 1,21 $/€ en 2017). Par ailleurs, 2017 avait été défavorablement impactée par les dépréciations de stocks et en-cours induites par l'arrêt du programme Falcon 5X.

Enfin, le résultat net de 2018 a atteint 681 millions d'euros (contre 410 millions d'euros en 2017). La contribution de Thales dans le résultat net de Dassault Aviation est de 290 millions d'euros (contre 206 millions d'euros en 2017). La marge nette s'est établi l'année dernière à 13,4% (contre 8,4% en 2017). Une croissance rentable qui porte la trésorerie de l'avionneur à 5,2 milliards d'euros fin 2018 (contre 4,1 milliards fin 2017). Soit un gain de 1 milliard d'euros en raison principalement du résultat de la période et des acomptes reçus dans le cadre de l'exécution des contrats Rafale Export en cours. Bref la vie est belle pour Dassault Aviation...