Rafale, Falcon : les trois défis de Dassault Aviation pour 2018

Trois défis pour le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier : vendre des Falcon pour regonfler le carnet de commande des avions d'affaires aujourd'hui à plat, trouver de nouveaux pays clients pour le Rafale et réussir le décollage du 6X.
Michel Cabirol
Dassault Aviation a amélioré ses résultats en 2017 par rapport à 2016 : 4,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2017 (3,58 milliard en 2016) et 489 millions de résultat net ajusté (384 millions).

Face à un marché de l'aviation d'affaires déprimé, Dassault Aviation continue de faire le dos rond. Et l'avionneur tricolore le fait bien mais ce n'est pas nouveau. Car à l'exception du carnet de commandes qui se réduit comme peau de chagrin dans l'aviation d'affaires, les fondamentaux économiques et financiers du constructeur des avions d'affaires Falcon et du Rafale restent très positifs. Mieux, Dassault Aviation améliore ses résultats par rapport à 2016 : 4,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2017 (3,58 milliard en 2016), 489 millions de résultat net ajusté (384 millions) et 4,1 milliards de trésorerie grâce à une baisse des stocks (3,1 milliards).

Pour 2018, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, en présence de son actionnaire majoritaire Serge Dassault, est resté optimiste. Alors que Dassault Aviation prévoit de livrer moins de Falcon (40 appareils) en 2018 qu'en 2017 pour tenir compte de la faiblesse des commandes, l'avionneur estime que son chiffre d'affaires sera proche de celui de 2017. Pourquoi une telle stabilité? Il livrera trois Rafale de plus (12 contre 9 en 2017), dont trois à l'armée de l'air française, et un mix plus favorable dans les livraisons de Falcon. Surtout, Dassault Aviation va encaisser en 2018 un gros chèque avec la livraison du nouveau standard du Rafale à la France, le F3R, armé par le missile air-air Meteor, a expliqué Eric Trappier, lors de la conférence de présentation des résultats 2017. Cette version doit être qualifiée cette année.

Vendre des Falcon

Premier défi pour Dassault Aviation, vendre des avions d'affaires. Un défi qui n'est pas nouveau pour son PDG Eric Trappier, qui a vu les ventes de Falcon augmentées en 2017. S'il y a du mieux (38 appareils vendus contre 31 en 2016), cela reste toutefois insuffisant pour regonfler un carnet de commandes à plat, passant à près de 500 appareils fin 2008 à 52 Falcon en incluant des 5X à fin 2017 (contre 63 fin 2016, 91 fin 2015 et 121 fin 2014). Une chute spectaculaire logique puisque les ventes de Falcon ont toujours été inférieures aux livraisons depuis 2008 à l'exception de 2014 (66 Falcon livrés, 90 commandés). 2017 n'a pas dérogé à cette tendance inquiétante : 49 Falcon livrés contre 38 commandés. Après plusieurs années de marasme, Eric Trappier voit enfin des signes annonçant une probable reprise du marché de l'aviation d'affaires.

"On est en train d'observer une reprise du marché, mais nous restons prudents", a-t-il estimé . "Il y a une baisse du prix des avions d'occasion, ce qui justifie de l'optimisme, a-t-il précisé. C'est en général un bon signe. Et quand les prix, ce qui le cas chez nous pour les Falcon, commencent à se stabiliser, c'est aussi bon signe".

Pour accompagner cette reprise, Dassault Aviation, qui a déjà vendu 2.500 Falcon, va lancer deux nouveaux modèles et compte capitaliser sur le 8X en service depuis octobre 2016. Il a présenté le 28 février son nouveau jet d'affaires haut de gamme, le Falcon 6X, après l'abandon du programme Falcon 5X en raison de problèmes de moteur de Safran (Silvercrest). En outre, la préparation d'un autre modèle Falcon est dans une "phase active", a précisé Eric Trappier sans plus de précisions. L'avionneur a d'ores et déjà lancé des travaux de développement et des investissements nécessaires. Enfin, l'avionneur mise sur la connectivité de ses avions pour séduire une clientèle de plus en plus connectée.

Réussir le Falcon 6X

Pour Dassault Aviation, le 6X est très, très important pour le décollage des ventes de Falcon. Le constructeur compte produire deux Falcon 6X par mois. Le nouvel appareil, qui volera en 2021 pour la première fois, sera en mesure de voler entre Londres et Los Angeles et entrera en service en 2022. Il sera proposé au prix de 47 millions de dollars (environ 38,45 millions d'euros). "Il offrira la cabine la plus spacieuse sur le segment longue portée", a expliqué Eric Trappier. Cette cabine mesurera 1,98 m de haut et de 2,58 m de large. Elle pourra en outre accueillir jusqu'à 16 passagers dans trois salons distincts.

Le Falcon 6X sera équipé de moteurs PW800 de Pratt & Whitney Canada. Dassault Aviation a imputé l'abandon du 5X notamment aux problèmes suscités par un retard de trois ans du moteur Silvercrest développé par Safran. "Il y avait trop de risques avec le Silvercrest, il y a en moins avec le moteur de Pratt & Whitney", a souligné Eric Trappier. Ce nouvel appareil reprendra largement les caractéristiques aérodynamiques et de systèmes du programme Falcon 5X. Selon l'avionneur, le Falcon 6X aura la capacité de franchir une distance de 10.186 km.

Vendre à nouveau le Rafale

 Qui l'aurait cru au début des années 2010. Le Rafale fait vivre Dassault Aviation. Le carnet de commandes Rafale à l'export s'élevait à 13,3 milliards d'euros fin 2017 (36 pour l'Inde, 24 pour le Qatar et 10 Rafale pour l'Égypte). Quel pays sera le prochain client du Rafale? Interrogé sur les perspectives de l'avion de combat, Eric Trappier a indiqué que d'autres options, notamment en Égypte (14 appareils livrés sur les 24 commandés en 2015), pourraient être exercées en dépit du blocage des États-Unis sur le missile Scalp. L'avionneur attend également "dans les prochains jours" le versement par le Qatar de l'acompte sur l'option pour 12 Rafale supplémentaires exercée en décembre. Dassault Aviation a "bon espoir de continuer à vendre des Rafale dans les pays où on a déjà vendu du Rafale", comme l'Inde au vu des besoins de l'armée de l'air indienne même si la visite d'Emmanuel Macron en Inde ne sera pas l'occasion d'une signature d'un nouveau contrat .

"Nous attendons que les autorités indiennes, un jour, alimentent un peu en Rafale l'Inde, ce qui nous permettra d'ailleurs de monter un petit peu mieux en puissance dans les fabrications de Rafale en Inde", a expliqué Eric Trappier.

En Asie, Dassault Aviation attend également l'issue des élections en Malaisie pour une éventuelle reprise des discussions sur une commande de 18 avions sur fond de tensions avec l'Union européenne sur la baisse des importations d'huile de palme. Eric Trappier n'a par ailleurs pas semblé nourrir beaucoup d'illusions sur les chances de vendre le Rafale au Canada, malgré le différend commercial avec les États-Unis qui a perturbé les relations entre les deux pays. "On a suivi avec beaucoup d'attention les difficultés avec Boeing, mais je vois que le F18 de Boeing est candidat, a-t-il indiqué. On connaît la proximité au moins géographique du Canada avec les États-Unis et elle n'est pas que géographique".

En France, Dassault Aviation affirme que la nouvelle loi de programmation militaire 2019-2025 présentée en début d'année lui "donne des perspectives jusqu'en 2030" avec notamment la reprise de la livraison de la Tranche 4 de l'avion de combat (28 Rafale à livrer à partir de 2022) et le lancement du standard F4 du Rafale. Ce qui pourrait l'occasion de signer en 2023 'une "nouvelle tranche de 30 Rafale supplémentaires". L'avionneur attend d'ailleurs la notification fin 2018 d'un contrat sur des travaux de levée de risques pour le futur standard F4. Dans le militaire, qui a pris le relais de l'aviation d'affaires, Dassault Aviation a encore de belles munitions pour rester zen...

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 10/03/2018 à 4:26
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Jamais le nord, maintenant qu'il possede l'atome ne va negocier une eventuelle destruction de cette derniere. KJ Un dispose desormais d'une legitimite aux yeux des Nord- coreens. Il est parvenu au but, initie par son Grand-Pere, posseder la force ...

à écrit le 09/03/2018 à 21:36
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A quoi cela sert-il de fabriquer le meilleur avion du monde, si les USA ont le pouvoir d'empêcher des pays de l'acheter? Voir l'exemple égyptien sur La Tribune.

le 22/03/2018 à 8:10
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Cela était à cause d'un composant du missile Scalp, et sachez qu'un avion n'est pas seulement fabriqué pour être vendu aux autres pays, mais à son propre pays qui doit assurer des missions, pour les missions d'aujourd'hui, le Rafale reste le meilleur...

à écrit le 09/03/2018 à 14:52
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Falcon et Rafale, ça fait 2

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