Défense : comment Macron s'est glissé dans les rangers de Le Drian

Par Michel Cabirol  |   |  619  mots
Le discours que va tenir Emmanuel Macron samedi sur la défense, le ministre le plus populaire de François Hollande aurait pu le prononcer au mot près tant il s'inscrit dans la continuité de son action à l'Hôtel de Brienne. (Crédits : Reuters)
Emmanuel Macron va dévoiler samedi à Paris son programme en matière de défense. Il s'inscrit dans la continuité de l'action de Jean-Yves Le Drian à l'Hôtel de Brienne.

C'est un secret de polichinelle, Jean-Yves Le Drian soutient Emmanuel Macron. Mais en bon soldat, il attend le feu vert de François Hollande pour l'annoncer publiquement. Ou pas d'ailleurs. En tout cas, le discours que va tenir Emmanuel Macron samedi sur la défense, le ministre le plus populaire de François Hollande aurait pu le prononcer au mot près tant il s'inscrit dans la continuité de son action à l'Hôtel de Brienne. Si le candidat Macron était élu, Jean-Yves Le Drian pourrait rempiler deux ans de plus au ministère de la Défense...

Clairement, Emmanuel Macron enfile le treillis de Jean-Yves Le Drian. Bref un discours relativement solide où il va annoncer la refonte doctrinale de l'opération Sentinelle, selon un de ses proches, mais sans véritable coup d'éclat. Il souhaite aussi créer un état-major dédié aux opérations de renseignement et de lutte contre le terrorisme, qui sera rattaché directement au Chef de l'État, explique-t-on dans son entourage.

Un effort de défense à 2% à l'horizon 2025

Que va dire samedi Emmanuel Macron ? En principe, il devrait confirmer s'il est élu  président que l'effort de défense sera porté à 2% du PIB en 2025, un débat très cher au chef d'état-major des armées. Pour autant, le général Pierre de Villiers sera certainement déçu de cet horizon. Ce dernier souhaite disposer d'un budget à hauteur de 2% du PIB avant la fin du prochain quinquennat en 2022 pour continuer à assurer l'ensemble des contrats opérationnels, à gérer la stabilisation des effectifs et à boucher les trous dans la raquette en matière de capacités.

Dans ce cadre, le candidat Macron restera très attentif à l'exécution du budget de la Défense dont les crédits sont convoités par Bercy, a-t-il indiqué dans une interview accordée au magazine DSI. Quand il était ministre de l'Économie, il a donné quelques coups de mains à Jean-Yves Le Drian pour la préservation du budget défense. Tout comme il sera vigilant à la condition militaire et aux conditions de vie des militaires (équipements, infrastructures...). Des promesses qui devraient séduire les militaires.

Les deux composantes de la dissuasion préservées

En matière d'équipements militaires, l'ensemble des programmes déroulés ou en cours de lancement par Jean-Yves Le Drian seront confirmés à l'image des frégates FTI, du programme terrestre Scorpion, des sous-marins Barracuda, des avions-ravitailleurs MRTT... Dans le domaine de la dissuasion nucléaire, Emmanuel Macron s'inscrit dans les pas des derniers présidents de la République, précise--t-on à La Tribune. Aussi, il lancera le programme de troisième génération de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et la modernisation de la composante aérienne (successeur du missile ASMP-A).

Par ailleurs, Emmanuel Macron promet aux industriels de consacrer dans la future loi de programmation militaire 1 milliard d'euros par an dans le budget Recherche & Technologie. Enfin, sur la politique industrielle, il souhaite dans la continuité de Jean-Yves Le Drian, qui a encouragé le rapprochement entre Nexter et l'allemand Krauss-Maffei Wegmann dans l'armement terrestre, favoriser de nouveaux champions européens.

 L'Europe de la défense autonome...

Avec le Brexit et l'élection de Donald Trump, Emmanuel Macron, qui ne souhaite pas sortir de l'OTAN, veut croire à une Europe de la Défense "autonome", explique un de ses proches. Il va lancer plusieurs initiatives pour la renforcer et la crédibiliser comme la création d'un quartier général européen. Il souhaite également accélérer la mutualisation des équipements, des forces, du renseignement. Par ailleurs, il préservera la relation dans le domaine de la défense entre la France et la Grande-Bretagne.