Des robots dans l'armée de Terre, c'est pour très bientôt (2021)

Par Michel Cabirol  |   |  617  mots
Ces robots pourraient être achetés dès 2019 sur étagère à la société estonienne Milrem Robotics sans avoir fait l'objet d'une francisation, pour être mis en service en 2021. (Crédits : Milrem)
L'armée de Terre a l'ambition de mettre en service "de grands robots" en 2021 au sein de ses unités. Ces robots pourraient servir à évacuer les blessés ou aider à porter des équipements.

Des robots dans les armées, c'est pour demain, et plus précisément dès 2021. L'armée de Terre y travaille sérieusement dans le cadre du vaste programme terrestre Scorpion. Lors d'une audition à l'assemblée nationale, le général Charles Beaudouin, sous-chef d'état-major chargé des plans et des programmes de l'état-major de l'armée de Terre a fait part de son "ambition de développer d'ici à 2021 de grands robots, de l'ordre d'une tonne, qui puissent être employés en opération" le plus rapidement possible. Dans un deuxième temps, les futures générations de robots pourraient être dotées à l'horizon 2030 de plus en plus d'intelligence artificielle pour les rendre le plus autonome possible (délégation par apprentissage).

Ces robots pourraient être achetés dès 2019 sur étagère à la société estonienne Milrem Robotics sans avoir fait l'objet d'une francisation, pour être mis en service en 2021. Des équipes de l'armée de Terre sont déjà allés surplace en Estonie. Selon le général Beaudouin, cette première génération devrait servir à "faciliter l'évacuation d'un soldat blessé, ce qui aujourd'hui nécessite que deux autres soldats interrompent leur mission". L'objectif est d'acquérir "un nombre limité d'appareils, par exemple entre 25 et 50, quitte à renouveler ces équipements plus rapidement qu'on ne le fait aujourd'hui pour la majeure partie de nos matériels", a-t-il précisé. Ces robots pourraient également aider les soldats à porter du matériel, les fameux robots-mules. Ils pourraient être pilotés par télécommande, ou en mode automatique (Waypoint), ou en tant que suiveur d'un émetteur.

"De multiples tâches peuvent leur être affectées, allant de la surveillance au transport, les robots « mules » étant d'ailleurs une priorité. Il faut bien noter qu'un fantassin occidental porte en fait au moins quarante kilos sur lui en opérations, protection balistique comprise, et ce malgré les progrès des technologies. Tout ce qui permettra de l'alléger sera bénéfique. C'est un véritable défi face auquel nous ne resterons pas passifs.".

Aller vite, très vite

Pour le général Beaudouin, il faut aller vite pour ne pas se retrouver à la remorque des autres armées comme l'armée française l'a été avec les drones. "Les Russes ont engagé des robots de combat face à Daech en Syrie, ce qui a surpris tout le monde, et en premier lieu les Américains", a-t-il expliqué. Les fameux robots tueurs. Les Etats-Unis "avancent depuis à marche forcée pour intégrer des robots dans leurs forces dès 2021". Du coup, les armées française souhaitent "également pouvoir en disposer rapidement, sans aller jusqu'aux robots terrestres armés". Pas question donc de posséder des robots tueurs dans l'armée française.

Le sous-chef d'état-major chargé des plans et des programmes de l'état-major de l'armée de Terre a regretté lors de son audition "certains délais d'acquisition" qui sont "trop contraignants". Et de noter également que "même la procédure d'acquisition rapide au titre des urgences opérationnelles, de gré à gré, est trop lente : alors que nos soldats ont besoin d'un équipement qui fait défaut dans notre arsenal et sur les théâtres". Il fait valoir qu'il faut "souvent deux à trois ans pour que le matériel en question leur soit fourni".

"S'agissant de ces urgences, il convient d'exploiter toutes les possibilités offertes par le code des marchés publics qui autorise le gré à gré dans des cas précis. Là réside le changement d'approche que nous souhaitons promouvoir pour la conduite des programmes d'équipement : passer d'une logique d'adaptation réactive à une anticipation proactive", a-t-il expliqué.