Et si la Grande-Bretagne achetait le missile anti-navire Exocet ?

Par Michel Cabirol  |   |  442  mots
Le missile Exocet avait touché et coulé le destroyer britannique HMS Sheffield durant la guerre des Malouines en mai 1982
Pour combler un trou capacitaire en matière de missiles anti-navires entre 2023 et 2030, la Grande-Bretagne pourrait sélectionner l'Exocet MM40 Block 3 de MBDA. Londres étudie également d'autres pistes.

Incroyable mais vrai... Le ministère de la Défense britannique étudie l'achat du missile Exocet MM40 Block 3 de MBDA pour remplacer sur une période transitoire de sept à dix ans ses missiles Harpoon, qui arrivent en fin de vie à l'horizon 2023. Ce qui permettrait à la marine britannique de combler un trou capacitaire et d'attendre l'arrivée en 2030 du programme franco-britannique FMAN/FMC. Ce programme a pour objectif de renouveler les capacités anti-navires (Exocet et Harpoon) et de frappe dans la profondeur (Scalp/Storm Shadow) de la France et de la Grande-Bretagne.

Interrogé en juillet dans le cadre de la mission d'information sur le programme Futur missile anti-navires/Futur missile de croisière (FMAN/FMC) menée conjointement avec la Chambre des Communes du Royaume-Uni, le chef d'état-major de la marine, l'amiral Christophe Prazuck a confirmé que ce sujet a été abordé avec la Royal Navy. "Je crois savoir qu'il s'agit en effet d'une hypothèse envisagée par la Royal Navy", a-t-il précisé. La France est d'ailleurs prête à vendre l'Exocet à la marine britannique. "Nous sommes tout à fait prêts à le proposer afin de combler ce trou capacitaire, en lieu et place du Harpoon", en service depuis 1984, a expliqué en juillet le Délégué général pour l'armement Joël Barre.

Londres réfléchit à plusieurs autres solutions

Pour autant, les Britanniques étudient plusieurs solutions sans avoir une ligne budgétaire pour réaliser un tel achat sur étagère. Outre l'Exocet MM40 Block 3, qui a déjà été en service dans la Royal Navy jusqu'en 2002, le Lieutenant-général Sir Mark Poffley, sous-chef d'état-major de la Défense (capacité militaire) au ministère de la défense, a également évoqué le missile Harpoon Block II, le système RBS15, produit par Saab ou encore l'Otomat Mk2 Block 4 de MBDA Italie. La Grande-Bretagne, qui n'avait pas pris sa décision cet été pour résoudre ce trou capacitaire, devrait prendre très rapidement une décision. Sans une solution de court terme, la Royal Navy dépendra entre  2023 et 2030, d'une capacité de missiles anti-navires à partir de ses hélicoptères (Sea Skua, puis Sea Venon, qui doit entrer en service en 2020), de torpilles lancées par des sous-marins et des canons sur ses frégates et ses destroyers.

Mais si Londres optait pour l'Exocet, tristement célèbre en Grande-Bretagne pour avoir touché et coulé le destroyer britannique HMS Sheffield durant la guerre des Malouines en mai 1982, ce serait une décision très pragmatique et symbolique d'une volonté de poursuivre la coopération étroite avec la France dans le domaine très sensible des missiles.