Innovations (ballons, HAPS, drones...), le satellite est-il en danger de mort ?

Par Michel Cabirol  |   |  447  mots
L'industrie satellitaire va-t-elle résister à l'arrivée de programmes non spatiaux très concurrentiels comme les ballons, les dirigeables, les drones?
Le satellite est-il menacé par les ballons stratosphériques, les HAPS, les Space Tug, les drones… A priori, non. Mais l’industrie satellitaire classique est bousculée par les nouveaux entrants comme OneWeb, Google…, les fameux GAFA. Ce thème sera l'un des sujets du Paris Air Forum (organisé le 21 juin à la Maison de la Chimie par La Tribune).

Le satellite est-il un "engin" voué à disparaître ? La question se pose avec l'arrivée à maturité d'une nouvelle génération de systèmes non spatiaux comme les ballons de Google (Loon) et le pseudolite à haute altitude (High Altitude Pseudo-Satellite - HAPS) d'Airbus Defence & Space (Zephyr). D'autres projets sont en voie de développement comme celui de Thales Alenia Space (TAS) avec son dirigeable StratoBus... Sans oublier les drones de tout poil qui piquent déjà des missions aux satellites.

De nouveaux entrants comme les fameux GAFA à l'image de Google s'intéressent à ces produits low-cost, qui coûtent beaucoup moins chers qu'un satellite de télécoms, dont le prix moyen s'élève à 300 millions d'euros.

Des produits complémentaires

Pour autant, cette industrie ne craint pas l'arrivée de ces produits. "Le dirigeable stratosphérique, parce que sa portée est régionale, est un parfait complément du satellite", avait expliqué le patron du programme StratoBus, Jean-Philippe Chessel. Pourquoi ? Un satellite d'observation scrute toute la Terre avec une période de revisite qui dépend de son orbite et de sa performance alors qu'une plateforme stratosphérique ou un HAPS se contentera d'observer de façon quasi-permanente une zone limitée grande comme une région française.

L'industrie satellitaire doit-elle également craindre le développement de plateformes d'infrastructure orbitale, comme des "Space Tugs" (cargos de l'espace), qui pourraient réparer ou changer des composants défectueux sur un satellite ? Possible... Des avant-projets existent. "On sait à peu près comment il faudrait faire, explique-t-on. C'est une vraie rupture de modèle qui pourrait arriver dans les 15 ans à venir". Mais les opérateurs restent encore très frileux face à de telles innovations.

Les startups, une vraie menace de l'industrie satellitaire

Finalement ce qui préoccupe le plus l'industrie satellitaire, ce sont les startups qui déboulent avec des produits très concurrentiels développés à partir de composants commerciaux grands publics. Elles s'affranchissent des règles et spécifications imposées par les agences spatiales. "Ces règles coûtent une fortune et le prix d'un satellite au kilo est plus cher qu'une montre Rolex", s'amuse un très bon connaisseur de l'industrie satellitaire.

D'ailleurs si Sodern a gagné un très beau contrat auprès de la startup OneWeb pour la fourniture de 1.800 viseurs d'étoiles pour équiper les 900 satellites de la constellation OneWeb, c'est parce que cette filiale française d'Airbus Defence and Space a su diviser son prix de 50 à 100. Pour cela, elle a développé un produit low cost à partir "de composants grands publics", fait observer son PDG Franck Poirrier. Ce programme représente pour Sodern "un vrai changement de paradigme industriel".