L'armée de l'air doit très rapidement se décider pour remplacer ses Puma à bout de souffle

Par Michel Cabirol  |   |  915  mots
Airbus Helicopters a pu répondre en 2018 à une demande ukrainienne en puisant dans ce stock de machines immobilisés en Mer du Nord. Kiev a acheté 21 H225 d'occasion.
Il y a une double urgence pour l'armée de l'air : remplacer les vieux Puma hors d'âge et se décider rapidement à acheter d'occasion des H225 encore performants sur le marché.

L'armée de l'air a une urgence opérationnelle : remplacer ses vieux Puma, qui lui coûtent très chers, trop chers. "Cette opération est pour moi prioritaire et urgente afin de remplir les contrats opérationnels, qui me sont fixés", a expliqué le 10 octobre à l'Assemblée nationale le chef d'état-major de l'armée de l'air (CEMAA), le général Philippe Lavigne. "Notre flotte d'hélicoptères Puma est hors d'âge, et affiche une disponibilité insuffisante pour couvrir le fort besoin opérationnel outre-mer", avait déjà alerté le général en mai dernier. En octobre, il a en outre signalé que "le volume d'appareils récents (de Puma, ndlr) est encore insuffisant, en particulier pour des missions de sauvetage ou de combat".

Après quarante ans de service, le maintien en condition opérationnelle du Puma est devenu "plus difficile et plus coûteux", a-t-il précisé. En 2017, l'armée de l'air avait dû débourser 42,8 millions d'euros pour l'entretien de la flotte. Pour un résultat peu probant, le taux de disponibilité technique des Puma de l'armée de l'air s'élève à moins de 30% (28%), selon des chiffres de l'armée de l'air communiqués en 2018. C'est peu, trop peu. Or, avait rappelé le général Lavigne, "il est prévu de remplacer les Puma à l'horizon 2028". D'une façon plus générale, la flotte des hélicoptères de manœuvre de l'armée de l'air est, "pour deux tiers, très âgée". Elle dispose d'un parc de 76 hélicoptères, dont 40 Fennec, 10 Caracal, deux EC225, des Puma et des Super Puma.

Quelles solutions ?

En dépit de l'achat d'appareils neufs lointains, un projet de remplacement des Puma par vingt hélicoptères Super Puma d'occasion a été poussé par l'armée de l'air. "Nous travaillons à des options pour les remplacer de façon anticipée et maîtrisée en termes de coûts", avait-il souligné en mai dernier. Comment ? En réallouant les crédits économisés sur le MCO des Puma vers une flotte plus moderne et donc plus disponible. Ce projet est actuellement à l'étude à l'EMA (Etat-major des armées), à la DGA (direction générale de l'armement) et à la DMAé (direction de la maintenance aéronautique). "L'armée de l'air a proposé d'étudier la location-acquisition d'une vingtaine d'appareils, correspondant au nombre fixé dans la LPM (loi de programmation militaire, ndlr) à partir de 2020, pour réaliser des opérations de recherche et de sauvetage, à terre ou en mer", a confirmé le patron de l'armée de l'air. C'est la première proposition.

"Cette location permettrait d'attendre le renouvellement des hélicoptères de manœuvre, actuellement prévu après 2035", a estimé le CEMAA.

Deuxième proposition, acquérir que 12 appareils, le reliquat étant comblé à l'horizon 2025-2026 par le transfert de huit Caracal de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT) vers l'armée de l'air. Les 21 Puma de l'ALAT seront progressivement remplacés par des NH90, dont huit seront mis à disposition des forces spéciales terrestres très demandeuses. Résultat, les huit Caracal des forces spéciales pourraient donc être transférés à l'armée de l'air à l'horizon 2025. Enfin, l'armée de l'air va récupérer un onzième Caracal en 2022.

Par ailleurs, l'armée de l'air prévoit une rénovation des Caracal pour 2026, portant notamment sur des moyens de liaison de données tactiques, de communication satellitaire et de l'armement. "Ce sujet est prioritaire pour l'armée de l'air, le Caracal est la pièce maîtresse dans la recherche de nos pilotes de combat éjectés en territoire ennemi", a fait valoir le général Philippe Lavigne. Grâce à sa capacité de ravitaillement en vol, cet appareil représente également pour les forces spéciales une capacité majeure pour intervenir en profondeur.

Airbus Helicopters a l'affût

Airbus Helicopters a fait des propositions à l'armée de l'air pour le remplacement de ses Puma. Depuis la crise de la Mer du Nord de la flotte des H225 suspendus de vol, le constructeur de Marignane a aidé les opérateurs à vendre leurs appareils. D'environ 110 H225 concernés par cette décision, il en reste encore entre 50 et 55 sur le marché, dont entre 20 et 30 rapidement utilisables. Le reliquat concerne des appareils relativement âgés qui ont été mis en service en 2003 et 2004. Il faut donc que le ministère des Armées se décide vite sous peine de voir filer les derniers H225 d'occasion encore performants dans d'autres mains.

"Nous appelons donc de nos vœux le renouvellement accéléré de la flotte d'hélicoptères Puma et proposons d'ériger les hélicoptères au rang de priorité dans l'actualisation de la LPM", a expliqué le député Républicain Jean-Jacques Ferrara, co-rapporteur du rapport d'information relatif à l'action aérospatiale de l'État

Ainsi, Airbus Helicopters a pu répondre en 2018 à une demande ukrainienne en puisant dans ce stock de machines immobilisés. Kiev a acheté 21 H225 d'occasion, qui ont été modernisés par l'usine d'Airbus Helicopters en Roumanie, ainsi que d'autres hélicoptères neufs. Le constructeur européen a su également régler la colère des Ukrainiens mécontents des prestations de l'hélicoptériste en redéployant du personnel en Ukraine. "Les opérations de maintenance des appareils mis en service ont irrité les Ukrainiens mais aujourd'hui la crise est passée", confirme-t-on à La Tribune.