"La situation de l’A400M n’est pas satisfaisante" (Jean-Yves Le Drian)

Par Michel Cabirol  |   |  536  mots
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian est de plus en plus agacé par la gestion d’Airbus Group sur le programme de l’avion de transport de troupes européen, l’A400M.

Entre Airbus Group et le ministre de la Défense, les débats sont actuellement musclés sur l'A400M. Jean-Yves Le Drian n'a pas caché son irritation vis-à-vis du constructeur de l'avion de transport militaire européen au moment où les armées sont engagées sur plusieurs théâtres d'opérations exigeants. "J'entretiens avec l'industriel des relations quelque peu toniques...", a-t-il expliqué le 21 octobre à l'Assemblée nationale en réponse à deux députés qui l'interrogeaient sur les dernières difficultés de l'A400M. Car, selon lui, "la situation n'est pas satisfaisante" sur ce programme.

Qu'est-ce que reproche le ministre à Airbus ? De ne pas répondre à l'une de ses demandes qu'il estime légitime. "Aujourd'hui, a-t-il précisé, je n'ai pas de réponse à la nouvelle demande que j'ai formulée : nous souhaiterions disposer, à la fin de l'année 2016, de onze A400M, dont six dotés de capacités tactiques - autoprotection, largage, atterrissage sur terrain sommaire... J'espère que ce sera possible".

Pourtant cette demande a été formulée "avec rudesse dans le courant de l'été" par le ministre, a expliqué le 7 octobre le délégué général pour l'armement (DGA), Laurent Collet-Billon. Jean-Yves Le Drian a même rencontré le président d'Airbus, Tom Enders. Mais au 21 octobre, Airbus n'avait pas, semble-t-il, répondu à Jean-Yves Le Drian. Bonne ambiance entre le ministère et Airbus...

Des livraisons qui se font attendre

Deux A400M doivent être livrés en 2015 et trois autres à la fin de l'année 2016 à l'armée de l'air. Les capacités de projection-mobilité et de soutien des armées seront maintenues grâce à la livraison de trois avions A400M notamment. "Mais, a rappelé le ministre, nous avons mis du temps à recevoir les livraisons 2015". Et de rappeler qu'il "y a des manques sur le largage, l'autodéfense ou encore le ravitaillement en vol des hélicoptères. Ces problèmes doivent être corrigés par Airbus, mais les démarches que j'ai pu entreprendre n'ont pas, à ce jour, trouvé de réponse satisfaisante. J'espère que les livraisons seront faites en temps et en heure".

C'est d'ailleurs pour cela que le ministre a lancé une étude en vue d'acquérir quatre C-130 supplémentaires afin de pallier les retards des capacités tactiques de l'A400M. Deux pourront ravitailler des hélicoptères. Je ne sais pas encore s'il s'agira d'avions neufs ou d'avions d'occasion rétrofités.

Des difficultés qu'avait déjà suggérées Laurent Collet-Billon. "Concernant l'A400M, se pose la question de la capacité de livraison d'Airbus et celle du standard des avions". Le ministre tient à disposer fin 2016 "de six avions au standard 1.5 disposant des capacités opérationnelles bien supérieures aux seules capacités de transport logistique". Pour recevoir ces appareils en temps et en heure, Laurent Collet-Billon a demandé "à Airbus de faire des efforts dans ses rythmes de développement, notamment sur les questions de parachutage, les derniers essais n'ayant pas été totalement satisfaisants, de logiciels de soute, pour extraire les charges de fort tonnage, et de mise au point du dispositif d'autoprotection. Le ravitaillement des hélicoptères sera traité dans un second temps".