Les oreilles du président du directoire de Zodiac Aerospace, Olivier Zarouati, ont dû siffler ce mardi matin, lors de la conférence de rentrée d'Airbus. Car même s'il s'était déjà fait remonter les bretelles en avril par Fabrice Brégier, le Pdg de l'avionneur, sur les difficultés de son groupe livrer à Airbus des sièges ou des toilettes à bord, il ne devait pas s'attendre ce mardi à voir Zodiac dézingué publiquement par le Pdg d'Airbus.

14 A350 livrés en 2015

Ce dernier a clairement pointé du doigt Zodiac comme le principal responsable des difficultés de la production de l'A350. Comme révélé lundi dans La Tribune, le quinzième A350, qui devait être livré en fin d'année conformément à l'objectif de production annuel d'Airbus, ne l'a pas été. Il était prêt mais il manquait les sièges de classe affaires et les toilettes fabriqués par Zodiac ! Ce problème industriel n'est pas résolu et fragilise aujourd'hui la montée en cadence du nouveau biréacteur d'Airbus.

"Zodiac nous a mis en difficulté sur l'A350", a déclaré à la presse française Fabrice Brégier, précisant que des toilettes et des sièges de Zodiac "posent des problèmes de qualité" et que "cela conduit à des retards, à du travail décalé en site d'assemblage".

"Du pipeau"

"Généralement je ne mentionne pas les partenaires en difficulté parce que je ne souhaite pas leur jeter la pierre alors que nous avons nos propres problèmes. Mais quand ceux qui étaient dans le déni en disant que les choses allaient s'améliorer alors qu'elles ne s'améliorent pas, je suis obligé de le mentionner (...) Quand il était dit que la crise industrielle de Zodiac devait être terminée à l'été 2015. C'était du pipeau », a déclaré Fabrice Brégier.

Surtout explique le Pdg d'Airbus que Zodiac est le seul fournisseur à poser de tels problèmes.

«Vingt ou 30 partenaires sont en difficulté, c'est normal. Les filiales d'Airbus ne sont d'ailleurs pas exemptes (de tout reproche, ndlr) mais aucune ne bloque la production et toutes ont toutes des plans d'action et les mettent en œuvre. C'est simplement ce que j'attends. J'espérais que ce fut le cas (avec Zodiac, ndlr) et cela n'a pas été le cas".

Fabrice Brégier espère que Zodiac va sortir la tête de l'eau.

"J'en ai besoin pour l'avenir. C'est un groupe qui a du potentiel (...). Zodiac redeviendra, je l'espère, performant sur le plan industriel que ce soit sur les sièges ou sur l'ensemble des éléments cabines. Ce n'est quand même pas si compliqué que cela. Ce que je demande c'est qu'ils reviennent très vite au niveau d'exigences de l'aéronautique, sinon on ne fait pas d'aéronautique".

Zodiac écarté de l'A330neo

En attendant, Zodiac n'a pas été sélectionné pour fournir les sièges de l'A330 Neo. Certes il ne l'était pas déjà sur l'A330 classique mais la décision implique que Zodiac devra attendre avant d'avoir de nouvelles commandes.

"Le but n'est pas de punir en soi. Mais d'être consistant. Sans parler de Zodiac à proprement parler, si quelqu'un qui est en difficulté et demande d'avoir de nouvelles commandes, ce n'est pas sérieux. Ma première réaction c'est de dire tu n'auras plus de nouvelles commandes et tu concentres sur ce que tu as déjà à faire".

Et de conclure sur une note optimiste. "Ils vont rebondir. Ils ne seront pas au ban d'Airbus pour l'éternité. Ce n'est pas l'enjeu".