Le programme de frégates Belh@rra sur la rampe de lancement

Par Michel Cabirol  |   |  764  mots
La France compte se rattraper à l'export avec les frégates FTI, un marché où elle n'était jusqu'ici pas présente sur ce segment (4.000 tonnes), à mi-chemin entre les corvettes Gowind (2.500 tonnes) et les FREMM (6.000 tonnes)
Le ministère de la Défense va lancer vendredi le programme de frégates de taille intermédiaire, baptisé Belh@rra par DCNS.

Tic-tac, tic-tac, tic-tac... C'est ce vendredi que le ministère de la Défense devrait lancer à l'occasion d'un Comité ministériel d'investissement (CMI), le programme Belh@rra, les frégates de taille intermédiaire (FTI). Un programme arrivé à maturité et estimé entre 3,5 et 4 milliards d'euros pour cinq navires de guerre, développement compris. La notification du contrat devrait intervenir dans la foulée, vraisemblablement en avril. Parallèlement, le ministère va lancer le programme de rénovation des frégates dites La Fayette (FLF), mises en service entre 1996 et 2001, en attendant l'arrivée des premières FTI à partir de 2023. Les deux programmes sont couplés.

Le programme Belh@rra agace un peu les armées, qui auraient préféré pour des raisons budgétaires continuer le programme des frégates multi-missions (FREMM) avec trois bâtiments de plus, dont le développement est déjà payé. C'est d'ailleurs ce qui était initialement prévu. "On aurait préféré trois FREMM moins chères que cinq FTI", explique-t-on à La Tribune.

Une opération de BITD

Mais le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a souhaité préserver les bureaux d'études de DCNS et de Thales en lançant une frégate de 4.000 tonnes (contre 6.000 tonnes pour la FREMM). Clairement, ce programme est une opération de préservation de la BITD (base industrielle et technologique de défense). Jean-Yves Le Drian avait d'ailleurs été très clair en mai 2015. "Au-delà de l'enjeu majeur pour notre Marine, il s'agit bien aussi d'un choix de politique industrielle", avait-il estimé lors d'un déplacement sur la base aéronautique navale de Lann-Bihoué.

Le lancement du programme va donner au groupe naval et à l'ensemble des sous-traitants "une visibilité significative dans leurs plans de charge (tant en ingénierie qu'en production)", avait expliqué le ministre. Ce qu'avait souligné également le délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon : "cette opération présente un intérêt évident pour alimenter les bureaux d'études, qui autrement seraient restés à sec. La perspective est donc vertueuse au regard du maintien des capacités industrielles comme militaires, les frégates FTI étant d'un haut niveau". La FTI sécurisera donc à la fois la production à Lorient et les bureaux d'études de DCNS et de Thales dans le domaine naval.

Des espoirs à l'export

En outre, les FREMM n'ont pas eu le succès escompté à l'export. La France n'a réussi à en vendre que deux exemplaires, l'une au Maroc, l'autre à l'Egypte. Elle compte donc se rattraper avec les FTI, un marché où elle n'était jusqu'ici pas présente sur ce segment (4.000 tonnes), à mi-chemin entre les corvettes Gowind (2.500 tonnes) et les FREMM (6.000 tonnes). "On avait un trou dans la raquette", souligne-t-on. Ce qui peut expliquer le succès de concurrents à l'export face à la France, notamment des Italiens récemment auprès du Qatar.

la FTI, qui offre une plateforme modulaire adaptable en fonction de la demande des marines, va croiser sur un marché potentiel d'une "soixantaine" d'unités à l'horizon 2025, Avec ces nouvelles frégates, DCNS a l'ambition de poursuivre le succès des frégates type La Fayette, "une référence", selon DCNS, sur le marché du naval de défense avec plus d'une vingtaine d'exemplaires vendus à quatre marines dans le monde : six à Taïwan puis à Singapour, cinq à la France et trois à l'Arabie Saoudite.

8 FREMM livrées d'ici à 2022?

Le programme FTI permettra en 2029 de constituer, avec les deux frégates de défense aérienne Horizon (FDA) et les huit frégates multi-missions (FREMM), le format des 15 frégates de premier rang défini par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013. Pour autant, la marine demande aujourd'hui dans le cadre du débat sur les dépenses de défense à 2% du PIB, 18 frégates de premier rang au lieu de 15. Tout comme elle souhaiterait disposer de 18 patrouilleurs et de 18 avions de patrouille maritime à long rayon d'action Atlantique 2 (ATL2) rénovés.

"Je maintiens la livraison à la Marine nationale de six FREMM anti sous-marines, d'ici à fin 2019, selon le plan fixé par la LPM", avait expliqué en mai 2015 le ministre.

Ensuite, d'ici à 2022, deux autres frégates FREMM anti sous-marines devront être livrées. Ces dernières disposeront d'une "capacité de défense anti-aérienne renforcée, par rapport aux premières. Elles seront suivies, dès 2023, par la livraison des cinq frégates de taille intermédiaire prévues", avait détaillé fin mai 2015 le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet Billon, auditionné à l'Assemblée nationale.