Les Républicains visent des dépenses de défense à 2% du PIB en... 2025

Par Michel Cabirol  |   |  860  mots
Les Républicains sont prêts à vendre une partie des participations de l'État... pour répondre au financement des programmes d'armement
Pour soutenir l'augmentation du budget de la défense prévu s'ils reviennent au pouvoir, Les Républicains envisagent de procéder à quelques cessions de participation de l'Etat dans les groupes de défense. Ils comptent parvenir à des dépenses de défense à 2% du PIB en 2025. Soit trois ans après la fin du prochain quinquennat.

Les Républicains sont sur le pied de guerre. Le parti dirigé par Nicolas Sarkozy organise une journée de travail mardi sur le thème de la défense en vue de préparer une possible  alternance. Les Républicains, qui veulent refaire de la défense une priorité, envisagent de réactualiser dès 2017 l'actuelle loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM) qu'ils jugent en "inadéquation entre les besoins budgétaires exprimés et reconnus d'une part et la programmation budgétaire de l'autre". Ils ont d'ailleurs beaucoup à se faire pardonner auprès des militaires : n'ont-ils pas en effet supprimé 48.325 postes entre 2008 et 2012  ?

Des dépenses de défense à 2% du PIB en... 2025

Pour autant, s'ils ont l'intention d'augmenter le budget de la défense, ils renvoient l'effort de porter à 2% du PIB les dépenses de défense... qu'en 2025. Soit bien après le prochain quinquennat. Plus facile de promettre que d'agir une fois arrivés au pouvoir. Le député Philippe Meunier, qui devrait animer mardi une table ronde sur les moyens nécessaires aux armées, devra gérer cette contradiction.

"Notre objectif est d'atteindre les 2 % du PIB en 2025", a confirmé Nicolas Sarkozy dans une interview accordée au Figaro et publiée ce lundi. "La défense est une priorité absolue", a-t-il avancé.

Dommage également que Les Républicains ne lancent pas une nouvelle LPM dès 2018 afin qu'elle colle au plus près à la durée du prochain quinquennat. Car quelle crédibilité a l'actuelle LPM 2014-2019 en renvoyant un éventuel effort de défense supplémentaire de plus de 1 milliard entre 2018 et 2019... Pour autant, ils envisagent de proposer une LPM sur une durée de cinq ans.

Une augmentation continue du budget de la défense

Dès 2017, Les Républicains promettent une croissance continue du budget de la défense dans le cadre d'une LPM "recapitalisée" sur le plan financier : 33,76 milliards d'euros (contre 32,26 milliards prévus dans la LPM) en 2017, 35,5 milliards (contre 32,77 milliards) en 2018, 37 milliards (contre 34,02 milliards) en 2019. En outre, ils promettent de soutenir l'industrie de l'armement française en inscrivant dans le budget de la défense des crédits à hauteur de 1 milliard d'euros pour la recherche (700 millions actuellement).

Puis la prochaine LPM qui sera élaborée pour la période 2020-2025, prévoit des budgets de défense en hausse : 38,5 milliards en 2020 (1,85% du PIB), 40 milliards en 2021, 41,3 milliards en 2022. "Cela représente près de 32 milliards d'euros cumulés supplémentaires sur l'ensemble du prochain quinquennat", a précisé Nicolas Sarkozy. L'objectif des Républicains est de tendre vers une trajectoire d'une dépense de défense à 2% du PIB en 2025. Les Républicains soulignent que "cet objectif est une absolue nécessité pour faire face aux exigences de modernisation et d'efficacité" de l'outil militaire. Surtout, ils estiment que la crédibilité de cet outil "impose cet effort". A voir, eux qui dénoncent l'insincérité du budget de la défense de Jean-Yves Le Drian...

En outre, Les Républicains, qui critiquent les trop nombreuses interventions de la France à l'étranger, demandent que le coût des opérations extérieures, les fameuses OPEX, ne soit plus sous-budgété mais pris en compte dans un cadre interministériel. Or c'est déjà le cas. Le ministre de la Défense,, Jean-Yves Le Drian, a préféré sous-budgéter le coût des OPEX dans le budget de la défense (450 millions d'euros par an) pour justement obtenir chaque année un financement supplémentaire interministériel. Une façon pour le ministre d'éviter de payer seul la "douloureuse". Quant au vœu des Républicains d'obtenir un financement européen, ils  risquent de l'attendre... très longtemps.

La dissuasion au cœur de la stratégie militaire française

Pour Les Républicains, la dissuasion nucléaire est au cœur des enjeux stratégiques de la France. Elle reste "le fondement de notre sécurité collective et légitime notre place au Conseil de sécurité de l'ONU", expliquent-ils. A ce titre, ils veulent revoir l'accord conclu avec l'Iran. Ils défendent la pérennité des deux composantes de la dissuasion nucléaire, qui est par ailleurs "un vecteur de l'excellence technologique" de l'industrie de l'armement française. En conséquence, "il n'est pas concevable de découper la dissuasion nucléaire entre composantes", estiment Les Républicains.

"Je n'accepterai jamais que la France renonce à la dissuasion nucléaire sous ses deux composantes, sous-marine et aéroportée. Elle est au fondement de notre indépendance nationale, héritée du général de Gaulle", a expliqué Nicolas Sarkozy dans une interview accordée au Figaro et publiée ce lundi.

S'agissant de l'industrie de défense, Les Républicains sont prêts à vendre une partie des participations de l'État... pour répondre au financement des programmes d'armement. De quoi faire bondir le général de Gaulle. Surtout quand on voit la trajectoire d'Airbus Group depuis la privatisation d'Aérospatiale (devenue depuis Airbus Group), qui s'éloigne aujourd'hui de la défense. Une réelle vision stratégique de la défense de la France ?